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Financement du transport en commun : la contribution des automobilistes pourrait grimper

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Le secteur des transports est responsable de plus de 40% des émissions de GES au Québec. Photo: Josie Desmarais/Métro
Zacharie Goudreault - Métro

Les automobilistes pourraient être appelés à contribuer davantage au financement du transport collectif dans le Grand Montréal alors qu’un rapport de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) propose l’imposition de péages routiers et de taxes sur le stationnement à cette fin.

Un rapport de la commission de transport de la CMM, qui sera remis prochainement à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), a été adopté jeudi pendant l’assemblée extraordinaire du conseil de l’organisme. On y explore les moyens de réduire le fardeau qui pèse sur les épaules des municipalités, qui financent actuellement 30% des coûts d’exploitation du transport en commun dans la grande région métropolitaine.

«Juste l’exploitation [du transport en commun], les villes n’y arrivent pas. Alors imaginez quand on parle de développer plus de lignes de métro, plus d’autobus, des tramways, des trains légers […] On n’est même pas là. On a de la misère à financer l’exploitation de notre réseau actuel», a rappelé jeudi la mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante.

Parmi les nouvelles sources de financement du transport en commun que l’ARTM sera appelée à étudier, il y a notamment l’élargissement de la taxe sur l’immatriculation à l’extérieur de l’île de Montréal. Dans la métropole, cette mesure «nous a permis d’ajouter du financement à notre réseau de métro et d’autobus», a commenté Mme Plante.

La CMM propose par ailleurs d’imposer des péages routiers à certains secteurs de la région, comme le centre-ville de Montréal ou des ponts. La possibilité de mettre en place des taxes sur le stationnement dédiées au financement de l’exploitation du transport collectif est également mise de l’avant.

«Un tarif horaire de 1$ pourrait générer jusqu’à 254 M$ en 2021», des revenus qui baisseraient toutefois les années suivantes «en raison du changement de comportement des utilisateurs», indique le rapport de l’organisme, qui chapeaute les 82 municipalités du Grand Montréal.

Actuellement, les automobilistes contribuent à environ 5% du financement du transport collectif, entre autres par le biais de la taxe sur l’essence.

Sondage
Dans le cadre de la réalisation de ce rapport, la CMM a mandaté la firme CROP pour réaliser, entre décembre et janvier derniers, un sondage d’opinion auprès de plus de 1000 résidents du Grand Montréal afin d’«évaluer l’acceptabilité sociale de chaque source identifiée par la Communauté».

Le principal constat de ce coup de sonde? La part du financement provenant des usagers du transport collectif et des consommateurs devrait être revue à la baisse et être compensée par davantage d’investissements de la part de Québec et d’Ottawa.

«Il faut bien sûr interpeller les ordres [de gouvernement] supérieurs, qui ont une responsabilité dans le financement du transport en commun. On ne peut pas juste mettre ce fardeau sur les épaules des municipalités. Ce serait irresponsable», a d’ailleurs lancé Mme Plante.

En Ontario, le gouvernement provincial consacre environ 70% de ses investissements en mobilité au transport collectif, contre 30% pour le développement et l’entretien du réseau routier. Au Québec, ce partage des fonds est inversé.

«Tout ce qui touche le réseau routier est financé énormément en comparaison du transport collectif. Donc, encore une fois, dans la Politique de [mobilité] durable, il va falloir être conséquent», a ajouté Valérie Plante en référence à une politique du gouvernement du Québec qui vise à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports d’ici 2030.

Tarification sociale
Alors que l’ARTM étudie actuellement la possibilité de mettre en place un système de tarification sociale, la CMM a adopté jeudi un rapport qui propose que celui-ci se base sur les revenus des citoyens plutôt que sur leur âge. À Montréal, par exemple, les étudiants obtiennent un rabais sur leur titre mensuel de transport, tandis qu’à Laval, les résidents de 65 ans et plus peuvent circuler gratuitement en autobus.

«Ce qui est ressorti, c’est que si on veut aller vers la tarification sociale, il faut y aller en fonction des revenus et non de l’âge», a expliqué jeudi le président de la commission du transport de la CMM, Guy Pilon. Un tel système permettrait d’éviter que la tarification sociale devienne une source «d’injustice», les revenus des citoyens ne variant pas nécessairement en fonction de l’âge.

«C’est sûr que moi, à Montréal, je tiens énormément à la tarification sociale. C’est quelque chose que je souhaite. Et j’aime beaucoup l’idée que ce soit à l’échelle du territoire pour s’assurer qu’il y a une équité», a réagi Mme Plante. En campagne électorale, cette dernière avait proposé une réduction de 40% des frais du transport en commun à Montréal pour les personnes à faible revenu de même que la gratuité pour les enfants de 12 ans et moins ainsi que les aînés de 65 ans et plus.

La CMM demande par ailleurs à Québec de débloquer des fonds supplémentaires pour financer la tarification sociale, qui pourrait faire baisser la contribution financière des usagers du transport en commun à l’exploitation de celui-ci.

«Une mesure de tarification sociale s’inscrit dans une logique de redistribution de la richesse et doit donc obligatoirement être entièrement financée par le gouvernement du Québec», indique le rapport.

 

 

 

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