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Inondations: des experts favorables au déménagement forcé de certains riverains

Les inondations avaient inondé plus de 430 résidences dans l'agglomération de Montréal en mai 2017. Photo: François Lemieux/TC Media

Alors que le bilan des répercussions de la crue printanière ne cesse de s’alourdir, des experts se montrent favorables à la proposition du premier ministre du Québec, François Legault, de forcer le déménagement des citoyens demeurant dans des zones inondables.

«On bâtit de plus en plus dans le lit des rivières, qui sert naturellement de zone de débordement. Et on se demande après pourquoi on est inondés», a lancé à Métro le professeur associé au département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, Michel C. Doré. 

François Legault a de nouveau évoqué lundi la possibilité de forcer les citoyens demeurant dans des zones inondables à déménager. Les propriétaires pourront recevoir une somme cumulative de 100 000$ au fil des ans pour réparer leur demeure à la suite d’inondations, puis se feront offrir jusqu’à 200 000$ par Québec pour financer leur déménagement, a expliqué le premier ministre.

Plus de 2900 résidences ont été inondées à l’échelle de la province, selon un bilan d’Urgence Québec diffusé lundi soir, qui indique également que plus de 1300 personnes sont actuellement évacuées.

S’il reconnaît que le «coût d’expropriation» serait élevé si la mesure proposée par le premier ministre prenait forme, M. Doré estime qu’une telle décision permettrait de réduire le coût des «mesures extraordinaires» qui doivent être déployées chaque fois que des inondations frappent la province au printemps.

«C’est sans compter le bilan humain au niveau du stress et de l’anxiété qui se créent chez les citoyens, a ajouté M. Doré. Est-ce que c’est un prix qu’on veut continuer à payer longtemps?» 

Un constat que partage le chef de projet du bureau de projets en gestion des inondations de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Cédric Marceau, qui note que la fréquence des inondations risque d’augmenter dans les années à venir en raison des changements climatiques.

«On ne peut pas dire que la zone inondable va s’élargir, mais les événements extrêmes vont être plus fréquents. C’est de ça dont nous parlent les scientifiques présentement.» –Cédric Marceau, de la CMM 

M. Marceau note toutefois que la proposition de François Legault «fait du sens pour des milieux de vie qui ont des hauteurs de submersion considérables», comme c’est le cas en Beauce, mais pas dans des arrondissements comme Pierrefonds-Roxboro et Ahuntsic-Cartierville, où la montée du niveau de l’eau au printemps est de moins grande ampleur.

«Il faut faire des analyses de risque pour tout le territoire», a soutenu l’expert, qui a soulevé qu’à certains endroits, des investissements dans plus de mesures de résilience, comme la création de digues, pourraient s’avérer plus pertinents que des déménagements forcés. 

Zones inondables
Depuis lundi, un avion survole les secteurs riverains du Grand Montréal afin de réaliser une série de photographies qui permettront à la CMM de mettre à jour ses cartes des zones inondables dans les prochaines semaines. Ces cartes seront ensuite comparées avec celles réalisées à la suite des inondations de mai 2017, ce qui permettra notamment de constater si les «mesures de résilience» mises en place cette année dans la région métropolitaine ont été «efficaces», a expliqué M. Marceau.

À la suite des inondations de mai 2017, Québec avait investi plus de 20M$ pour mettre à jour la cartographie des zones inondables dans plusieurs régions de la province, notamment à Montréal, à Québec et à Gatineau.

«Les permis de construction sont attribués sur des cartes de zones à risque qui ne sont pas à jour. Donc, c’est incontournable de faire cette mise à jour des cartes [des zones] inondables. Mais le plus important, c’est de s’en servir une fois qu’on les a», a commenté M. Doré, qui estime que le zonage dans les secteurs riverains devrait être revu afin que la construction soit permise «seulement dans les zones sécuritaires». 

Agir en amont
La Ville de Montréal, qui affirme avoir appris des inondations de mai 2017, a décidé cette année d’agir en amont. Au cours des derniers jours, des digues ont été installées dans des arrondissements longeant la rivière des Prairies et des membres des Forces armées canadiennes ont épaulé les bénévoles dans la distribution et la pose de sacs de sable autour des résidences à risque.

Une douzaine de maisons ont été inondées sur le territoire de la métropole, mais aucune d’entre elles n’a été évacuée. À Laval, quelque 200 militaires ont été déployés sur le terrain pour contribuer notamment à des travaux de renforcement des digues.

Le niveau des différents cours d’eau du Grand Montréal pourrait d’ailleurs monter dans les prochains jours alors qu’entre 10 et 20 millimètres de pluie devraient tomber mardi et mercredi, puis vendredi alors qu’un système dépressionnaire similaire est attendu.

«Avec la sensibilité qu’on a présentement, quelques millimètres peuvent avoir un impact. C’est certain qu’on surveille ce qu’il se passe» -Alexandre Parent, météorologue à Environnement Canada. 

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