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Site de la brasserie Molson: des terrains cédés à la Ville pour en faire des espaces verts et des logements

La brasserie Molson de la rue Notre-Dame. Photo: Josie Desmarais/Métro
Zacharie Goudreault - Métro

La Ville de Montréal a conclu «une entente historique» avec le consortium de promoteurs qui a acquis le site de la brasserie Molson-Coors afin de pouvoir y aménager des espaces verts, des logements sociaux ainsi qu’une école d’ici 2035.

« Ce dont il est question ce matin, c’est important, c’est une entente qui est historique », a déclaré mercredi en séance du comité exécutif la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Après plusieurs mois de négociations, le consortium Groupe Sélection et Groupe Montoni a conclu un accord avec la Ville qui lui permettra d’obtenir une partie de l’immense site de 108 000 m2 situé dans le secteur des Faubourgs, à l’est du centre-ville de Montréal.

Cette entente, qui devra être approuvée en séance du conseil municipal à la mi-juin, permettra notamment à la Ville d’aménager un parc de 13 200 m2 de même qu’une promenade fluviale d’un demi-kilomètre qui reliera le fleuve Saint-Laurent à la rue Notre-Dame Est sur des terrains qui lui seront offerts gratuitement par le consortium.

«La promenade linéaire sur le bord du fleuve, c’est vraiment une demande historique pour les gens du Centre-Sud qui, avec la construction de Molson et de [la tour] de Radio-Canada, ce sont toujours éloignés du fleuve même s’ils sont à côté. Ils demandent de se rapprocher du fleuve», a souligné la mairesse Plante. 

Une école
La Ville fera par ailleurs l’acquisition d’un terrain de 4850 m2 pour près de 6,7 M$ afin d’y aménager entre autres un «pôle civique» qui devrait comprendre entre autres une école et des «espaces communautaires». Une partie de ce terrain sera par ailleurs dédiée à l’aménagement de 200 logements sociaux par la Société d’habitation et de développement de Montréal afin de répondre «aux objectifs d’inclusion du promoteur», indique un document explicatif de la Ville.

«On est vraiment ravi de la nouvelle», a réagi mercredi à Métro la commissaire de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) dans Ville-Marie, Stéphanie Bellenger-Heng, qui a indiqué que la CSDM a d’ailleurs fait une demande l’an dernier auprès de Québec pour lui demander de réserver un terrain dans le secteur des Faubourgs pour la construction d’une école primaire. 

«C’es très important d’agir en amont parce que sinon, rendu en 2030, il n’y aura plus d’espaces pour une école.» -Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM

Apprendre du passé
Selon la mairesse de Montréal, cette entente de principe démontre que la Ville a appris des erreurs de planification du passé, notamment à Griffintown, où l’administration du maire Gérald Tremblay a modifié le zonage d’industriel à résidentiel en 2008 sans réserver alors de terrains pour l’aménagement d’une école ou d’espaces verts dans ce secteur, qui s’est fortement développé depuis.

Mme Plante a par ailleurs indiqué que le consortium s’est montré ouvert à ce que les quelque 3000 à 4000 logements qui seront construits sur ce site respectent le «20/20/20», soit le nouveau règlement d’inclusion que les élus du conseil municipal seront appelés à adopter le 17 juin.

Ce règlement viendra renforcer la stratégie d’inclusion de la Ville en obligeant tous les promoteurs immobiliers à inclure 20% de logements sociaux, 20% de logements abordables et 20% de logements familiaux dans leurs projets.

Un statut particulier
Si la Ville a pu convaincre le consortium de lui céder une part aussi importante de ce site, c’est parce qu’elle dispose depuis deux ans de pouvoirs supplémentaires en raison de son statut de métropole, analyse la professeure à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste des affaires municipales, Danielle Pilette.

«La Ville va recevoir des terrains et donc elle va avoir l’espace nécessaire pour une école parce qu’elle s’engage à ne pas exercer son droit de préemption sur ces terrains», a-t-elle souligné. 

En novembre dernier, profitant des pouvoirs que lui offre son statut de métropole, la Ville de Montréal a désigné le site de l’ancienne brasserie comme étant un territoire où elle possède un droit de préemption, ce qui signifie qu’elle peut égaler une éventuelle offre d’achat afin d’obtenir ce site au même prix qu’un acheteur privé.

Ainsi, Mme Pilette estime que l’inclusion d’espaces verts et d’écoles dans les grands projets immobiliers «va devenir la norme» à Montréal.

«La Ville de Montréal a été relativement lente dans ses ententes avec les promoteurs [historiquement]. Mais là, on voit qu’elle profite de ses pouvoirs.» -Danielle Pilette, professeure à l’UQAM

Dans une déclaration écrite, le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a d’ailleurs tenu à rappeler mercredi que le statut de métropole a été obtenu par la Ville sous l’ancienne administration de Denis Coderre.

«Bien que la mairesse Plante se félicite de cette entente « historique », nous aimerions lui rappeler que c’est grâce aux pouvoirs obtenus sous l’administration précédente qu’elle a pu négocier une telle entente», a-t-il noté.

Long processus
Cette transaction fait suite au déménagement de l’usine Molson-Coors à Longueuil. La fin de la construction de cette dernière sur la Rive-Sud est prévue pour 2021, mais le déménagement complet de celle-ci ne devrait être complété qu’en 2024.

La Ville, qui entend adopter l’an prochain son programme particulier d’urbanisme sur le secteur des Faubourgs, prévoit signer dès 2021 une entente officielle avec les promoteurs concernant le développement du site.

Ce n’est toutefois qu’en 2027, après que les demandes de permis du consortium aient été approuvées par la Ville, que cette dernière obtiendra finalement les terrains qui lui sont promis dans l’entente de principe présentée mercredi. L’administration municipale se donne ensuite jusqu’en 2035 pour compléter le réaménagement du site.

 

 

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