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Le monde lutte contre les feux de forêt en pleine pandémie

La silhouette d'un kangourou est visible sur fond de feu de forêt en Australie.
Photo: Brett Hemmings/Getty Images
Miguel Velazquez - Métro World News

 La situation des feux de forêt annuels est sous étroite surveillance à cause de la pandémie de COVID-19, car les activités humaines sont un facteur clé dans leur cause.

Il y a toujours quelque chose qui brûle sur notre planète. Et cette année nous avons déjà été témoins de graves incendies en Australie, en Ukraine et aux États-Unis. Au Québec, le feu a pris au Lac-Saint-Jean et dans le bas du fleuve Saint-Laurent.

«Une grande partie des feux de forêt est d’origine humaine. Par exemple, 95% des incendies en Europe sont déclenchés à cause d’une activité humaine,» explique à Métro, Andrey Krasovskiy, chercheur à l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués en Autriche.

L’incendie qui fait ravage au Lac-Saint-Jean en est un bon exemple. Un feu de camp mal éteint serait à l’origine du brasier. Mais les feux «naturels», comme ceux causés par la foudre, ont aussi une origine humaine.

«La source naturelle de départ de feu est la foudre, qui est une source plus commune en Afrique, comme dans les forêts boréales. Mais de récentes études montrent l’augmentation des feux de forêt causés par la foudre en Europe centrale, par exemple en Autriche. Cela a été prouvé qu’un des principaux facteurs des feux de forêt – le changement climatique – est d’origine anthropologique.»

Certaines tendances globales qui apparaissent sur les cartes d’incendies de l’observatoire terrestre de la NASA à travers le temps sont le résultat de cycles naturels de précipitations, de sécheresses et d’éclairs.

«Les incendies d’origine naturelle sont fréquents dans les forêts boréales du Canada en été. Dans d’autres parties du monde, les modèles sont le résultat de l’activité humaine. Par exemple, les brûlures intenses au cœur de l’Amérique du Sud d’août à octobre sont le résultat d’incendies provoqués par l’homme, à la fois de manière intentionnelle et accidentelle, dans la forêt amazonienne et dans le Cerrado (un écosystème de prairie/savane) au sud.

En Afrique, une bande de brûlis agricoles balaie le continent du nord au sud à mesure que la saison sèche progresse chaque année. Le brûlage agricole a lieu chaque année à la fin de l’hiver et au début du printemps dans toute l’Asie du Sud-est, selon la NASA. 


Questions et réponses avec Andrey Krasovskiy

Chercheur à l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués en Autriche

Q: Quel serait l’impact de la pandémie sur la saison des feux de forêt ?

– Il est certain qu’en raison du confinement, les efforts de lutte sont plus difficiles à organiser en particulier, dans les situations d’urgence. L’accumulation de combustible, c’est-à-dire de biomasse sur le sol disponible pour la combustion, pourrait également se produire dans certains endroits. Ce sont les conséquences négatives de la COVID-19. Dans le même temps quand des gens sont en confinement, il y a moins d’activités humaines, ce qui veut dire un taux de départ de feu plus faible. Cependant quand la quarantaine sera terminée, je crains que l’activité humaine, par exemple la saison des campings dans les régions méditerranéennes, va conduire à une augmentation des feux.

Q: Parlez-nous des méthodes de prévention.

– Le problème est très complexe, et il nécessite une solution intégrée. Nous devons développer davantage une communauté qui réunirait des chercheurs, des gestionnaires forestiers, des pompiers et des politiciens. Les activités de boisement et de restauration semblent être une solution raisonnable pour faire face aux feux de forêt. Cependant, ces activités requièrent une approche systémique qui inclut de nombreuses actions économique et politique. Plus important encore, le public en général doit être inclus dans les activités et les mesures éducatives dès le plus jeune âge. Les médias peuvent jouer un rôle très particulier dans le renforcement des capacités, la diffusion de l’information et l’explication de la responsabilité de chacun.

Q: Quelles sont les régions qui risquent le plus d’être affectées par les feux de forêt ?

– Je crains que la forêt amazonienne ne soit encore une zone sensible cette année. Comme déjà mentionné, je prévois des risques de feux importants à cause des activités humaines post-pandémie dans plusieurs parties du monde, qui sont vulnérables à ces feux de forêt. Même si, grâce aux modèles d’incendies de forêt, nous améliorons constamment notre capacité à mieux prévoir et à projeter le moment et les lieux possibles de feux de forêt, leurs types et la zone brûlée, le risque croissant dû au changement climatique nous permettra d’être encore plus vigilants et préparés pour des feux sur tous les continents et les régions. Une attention particulière doit être accordée aux zones densément peuplées en Europe, aux États-Unis et en Asie. Les zones les plus incendiées apparaîtront toujours dans les forêts boréales de l’hémisphère nord et dans le sud tropical.

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