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Santé mentale et pandémie: loin du psy, proche du coeur

la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Dre Christine Grou.
La présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Dre Christine Grou Photo: Graciseuseté - Martin Girard

Le contact humain des thérapies se fait bien rare pour les psychologues dans le contexte pandémique. Ces artisans de la santé mentale gardent le fort pour conserver une bonne communication avec les patients.

De la mi-mars au mois de juin, les rencontres se faisaient uniquement à distance. Ces services étant essentiels, le contenu des décrets ministériels a été précisé. Le tout dépend maintenant du jugement du professionnel.

«Par la suite, ça a toujours été clair que les entrevues pouvaient se faire soit en virtuel, soit en présence, dépendamment du choix des psychologues et des clients, de leurs préférences et des problèmes à traiter», soutient la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Dre Christine Grou.

En octobre, l’Ordre a d’ailleurs réalisé un coup de sonde auprès de plus de 8800 de ses membres des secteurs publics et privés. Une augmentation des demandes urgentes ou de situations de crises a été constatée chez près de 64% des répondants. Environ 85% des membres ont aussi remarqué une hausse de la détresse psychologique ou une aggravation des symptômes de la clientèle.

Plus de 40% des psychologues considèrent que les entretiens virtuels impliquent des enjeux significatifs comme la confidentialité, mentionne Dre Grou, ajoutant que 60% estiment que la communication n’est pas aussi optimale qu’en présentiel.

«La télé pratique, il y a de la recherche qui démontre que c’est efficace. Mais la recherche, il y en a encore à faire», précise Dre Grou. Les bienfaits ont notamment été constatés chez des groupes précis, comme les personnes anxieuses.

Du jamais vu

La situation actuelle a de loin modifié les façons de faire du psychologue Luc Blain, spécialisé dans la psychothérapie individuelle ainsi que la thérapie de couple et familiale.

«Ça fait au-dessus de 40 ans que je pratique et je n’avais jamais fait de vidéoconférence avec des clients, ce qui se fait que ça a été, au mois de mars passé, toute une adaptation autant au niveau des outils informatiques pour être en mesure d’utiliser des plateformes cryptées pour la confidentialité que pour différents instruments informatiques», raconte celui dont les bureaux sont situés sur l’avenue André-Grasset dans Ahuntsic-Cartierville.

Des exceptions demeurent pour des rencontres en personne. «Il y en a par exemple qui ne peuvent pas avoir dans leur milieu une confidentialité parce qu’ils ont des adolescents et ils ne peuvent pas faire des entrevues à distance», soutient le psychologue. Il avance également que la tâche peut s’avérer complexe pour des personnes âgées.

Un individu ayant des troubles cognitifs importants, un retard intellectuel, ou simplement un inconfort avec la technologie, «c’est sûr qu’il y aurait des impacts significatifs», ajoute Dre Grou.

En novembre, le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 100 M$ pour l’offre de services en santé mentale. Ces fonds visaient notamment à réduire les listes d’attente.

Néanmoins, l’approche des psychologues ne semble pas avoir changé pour autant. C’est du moins le cas de M. Blain. «En vidéoconférence, les visages peuvent être plus près de nous. Ce qui fait que dans le non verbal, il y a des choses qui [peuvent mener] à des interventions», souligne-t-il.

Différente profession, relativement le même constat. La médiatrice familiale et travailleuse sociale Antonella Perzia a remarqué que le virage virtuel a amené son lot de tâches supplémentaires, notamment en ce qui a trait à la signature de documents.

«Ce n’est pas évident du tout, peut-être qu’avec le temps, tout le monde va s’habituer si on continue comme ça, mais face à face, c’est la préférence que j’ai», mentionne Mme Perzia.

D’organiser des séances avec des couples peut aussi s’avérer un défi puisque les deux personnes doivent être présentes.

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