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Halte au gaspillage alimentaire mondial

Halte au gaspillage alimentaire mondial
Selon des experts, un niveau de gaspillage alimentaire élevé est un marqueur des inefficacités et des inégalités qui en sont venues à définir les systèmes alimentaires modernes. Photo: John W. Vizcaino/VIEWpress/Corbis via Getty Images
Miguel Velásquez - Métro World News

Métro examine l’état de ce problème mondial et découvre comment y remédier.

Un rapport des Nations unies a récemment révélé une réalité dévastatrice : 17% de la nourriture disponible dans le monde va aux poubelles. À l’échelle mondiale, on gaspille 121 kg de nourriture par personne chaque année. De ce nombre, 74 kg sont gaspillés par les ménages.

Selon une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement, on estime que 931 millions de tonnes métriques de nourriture ont pris le chemin des ordures en 2019. La majeure partie, 11% provenait des ménages, alors que les services alimentaires et les points de vente au détail représentaient respectivement 5% et 2% du gaspillage total.

L’une des découvertes les plus frappantes est qu’il n’existe pas de différences majeures entre les pays riches et ceux en voie de développement. Par exemple, le Nigéria est un des pays où on jette le plus de nourriture dans les ménages, à raison de 189 kg par personne annuellement, à comparer à 59 kg aux États-Unis. Au Mexique, on jette 94 kg, en Espagne, 77 kg et 70 kg en Colombie.

«Il y a une myriade de raisons pour lesquelles et comment la nourriture est jetée, a expliqué à Métro la professeure associée à la Faculté des arts et design de l’Université de Canberra, en Australie, Bethaney Turner. Ça peut aller de la détérioration durant le stockage ou le transport [un problème qui affecte particulièrement les pays en voie de développement] au rejet par ceux qui fournissent aux épiceries à la porte de la ferme pour des raisons esthétiques et le fait que les consommateurs n’utilisent pas toute la nourriture qu’ils ont acheté lors de leur visite hebdomadaire au supermarché.»

Elle ajoute que «certains consommateurs peuvent également suracheter notamment avec des offres deux pour un où lorsqu’ils ont accès seulement à de la nourriture emballée (comme les fruits et légumes), ce qui les force à acheter plus que ce dont ils ont besoin. Nombre d’études indiquent que les gens ne veulent pas gaspiller la nourriture et tentent d’éviter de le faire, mais les complexités de la vie de tous les jours en plus de la façon dont on emballe la nourriture et comment on y a accès font en sorte que ça peut quand même arriver.»

De 8 à 10% des émissions mondiales de GES sont associées à des aliments qui ne sont pas consommés.

«Les déchets organiques constituent un problème environnemental important. Lorsque les déchets alimentaires sont enfouis dans des décharges, ils produisent du méthane, un puissant GES. Cela peut également conduire à la production de lixiviat qui peut contaminer le sol et l’eau environnants. De plus, la nourriture gaspillée représente également un gaspillage de plusieurs ressources comme l’eau, le phosphore et le travail humain nécessaires à sa croissance.» – Bethaney Turner, professeure associée à la Faculté des arts et design de l’Université de Canberra


Trois questions à…

Kristen Lyons, professeure de l’école des sciences sociales de l’Université de Queensland, en Australie

Récemment, un rapport émanant des Nations unies suggérait qu’à l’échelle du monde entier, 17% de la nourriture est gaspillée.

C’est une statistique choquante, mais pas surprenante. Ce très haut niveau de gaspillage alimentaire est un marqueur des inefficacités et des inégalités qui en sont venues à définir les systèmes alimentaires modernes. Que presque un cinquième de toute la nourriture des ménages, détaillants, restaurants et autres services alimentaires soit jetée fait partie de notre société du jetable et de la consommation et une économie déformée nous dit qu’il est plus abordable de gaspiller de la nourriture que de la distribuer équitablement.

Comment résoudre ce problème ?

Le contrôle du système alimentaire par les entreprises est l’un des principaux moteurs du gaspillage alimentaire, alors que les fabricants et détaillants alimentaires – incluant les grands supermarchés – exercent une telle influence sur notre système alimentaire. Cela conduit à une distribution inégale de la nourriture à travers le monde – alors que l’écart entre les personnes sous-alimentées et suralimentées – continue de croître. Un système alimentaire décentralisé et démocratisé sera vital pour régler le problème de justice et gaspillage alimentaire.

Comment est-ce que cela bénéficierait à l’environnement ?

L’alimentation et l’agriculture contribuent de manière significative aux GES mondiaux et à la crise climatique actuelle. Il y a une énergie incarnée massive dans la nourriture; de la façon dont elle est cultivée, traitée, emballée et transportée. En conséquence, jusqu’à de 8 à 10% des émissions mondiales de GES sont liées à la nourriture gaspillée. La réduction du gaspillage alimentaire doit faire partie d’une série de stratégies visant à garantir que les systèmes alimentaires et agricoles sont alignés sur les réalités d’un climat en crise.

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