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Le brésil socialiste

Le Brésil, pays de 192 millions d’habitants, a frôlé la faillite durant les années 1990 avec ses gouvernements de droite appliquant le catéchisme néolibéral. Puis, en 2002, les Brésiliens ont élu comme président le socialiste Lula, du parti des travailleurs.

Depuis, personne ne peut nier les succès retentissants du Brésil, alors que l’Irlande et l’Islande, les «darling» des lucides, sont en banqueroute. Prenons quelques exemples. D’abord, on dit qu’au Brésil la «pauvreté est au plus bas depuis 25 ans» (La Presse, 23 septembre 2006) et, comme le rapporte un article de La Presse du 12 mai 2008 intitulé «Le miracle brésilien consacré», que «le Brésil, l’endetté chronique et plus important emprunteur des pays émergents, est devenu un créancier net vis-à-vis de l’étranger». Enfin, dans un texte de La Presse du 19 avril 2010, on mentionne que : «Le Brésil a réussi à créer une véritable classe moyenne. En 15 ans, elle est passée de 32 à 52% de la population.» Et dans Le Devoir du 2 octobre 2006, on lisait : «Le Brésil avait remboursé par anticipation la totalité de ce qu’il devait au FMI et au Club de Paris». Pas mal pour un gouvernement socialiste. 

Dans un article de La Presse du 25 septembre 2010 intitulé «La plus grande émission d’actions de Petrobras», il est dit : «La société pétrolière brésilienne Petrobras a lancé une importante émission d’actions de 70 G$US, ce qui en ferait la plus impor­tante jamais réalisée au monde». À New York, l’émission fut un succès. C’est le président Lula lui-même qui a sonné la cloche de la Bourse de São Paulo, car l’État est le principal actionnaire de Petrobras, dont la participation passera de 39,8 % à 48 % après l’émission. Au Canada, contrairement à la vaste majorité des pays producteurs d’hydrocarbures, on a privatisé complètement Petro-Canada sans aucun débat. L’illusion démocratique, c’est ça. Déjà en 2007, le Wall Street Journal titrait : «Le réveil spectaculai­re d’un géant. Petrobras profite pleinement des talents brésiliens.»

Prenons maintenant le cas de l’important constructeur aéronautique brésilien Embraer, pour lequel l’État s’est octroyé une «golden share», soit une action qui lui confère le dernier mot dans toutes les décisions majeures de la firme. Ici, on a privatisé Canadair à Bombardier, qui n’avait aucune expertise, et nos gouverne­ments n’ont plus rien à dire. Idem pour la minière brésilienne Vale do Rio Doce qui a acquis Inco en 2006, notre principal producteur de nickel. Pour la transnationale Vale, c’est le gouvernement brésilien qui a le contrôle effectif sur les grandes orientations grâce aux «golden shares» qu’il détient.

Enfin, dans l’article de La Presse du 5 octobre 2010 intitulé «Prix des médicaments génériques» on peut lire que l’industrie menace de retirer des produits de la liste des médicaments approuvés par le ministère de la Santé et tarde à réviser ses prix à la baisse». Le gouvernement du Québec prend vraiment plaisir au chantage du privé. Au Brésil, face au taxage des pharmaceutiques, Lula a cassé un brevet de Merck et copié un médicament d’Abbott. Autre pays, autres mÅ“urs.

Le Brésil nous montre comment contrer l’immobilisme, «réingénierer» l’État et créer de la richesse collective autrement.

– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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