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La Catalogne déclare son indépendance

People react as they celebrate the unilateral declaration of independence of Catalonia outside the Catalan Parliament, in Barcelona, Spain, Friday, Oct. 27, 2017. Catalonias' regional Parliament passed a motion Friday to establish an independent Catalan Republic. (AP Photo/ Emilio Morenatti) Photo: The Associated Press
Aritz Parra et Ciaran Giles - The Associated Press

BARCELONE, Espagne — Le Parlement de la Catalogne a voté en faveur de la déclaration unilatérale d’indépendance de la région, vendredi, poussant le gouvernement espagnol à réagir promptement en congédiant les dirigeants politiques catalans, en dissolvant le Parlement régional et en déclenchant des élections anticipées dans la région.

Quelques heures après le vote catalan, le Sénat espagnol a accordé des pouvoirs constitutionnels exceptionnels au gouvernement conservateur du premier ministre Mariano Rajoy afin de mettre un frein à la marche de la riche région du nord-est de l’Espagne vers l’indépendance.

M. Rajoy a ensuite convoqué son cabinet pour une rencontre extraordinaire dont il a plus tard émergé pour annoncer des mesures d’urgence afin d’empêcher la Catalogne de quitter l’Espagne, incluant de nouvelles élections régionales prévues pour le 21 décembre.

À Barcelone, la capitale catalane, ces mesures ont été huées par la foule rassemblée devant la grille du parlement afin de célébrer la déclaration d’indépendance.

Dans un discours télévisé diffusé vendredi, Mariano Rajoy a affirmé que l’objectif n’était pas d’interférer avec l’autonomie de la Catalogne, mais d’y rétablir l’ordre et la légalité le plus rapidement possible.

Le gouvernement espagnol et la Cour constitutionnelle du pays ont décrété que la déclaration d’indépendance était illégale.

M. Rajoy a également révélé qu’il renvoyait le chef de la police catalane, fermait le ministère des Affaires étrangères de la région et licenciait les représentants de la Catalogne à Madrid et à Bruxelles, où siège le Parlement de l’Union européenne.

Il a ajouté que le vote du Parlement catalan avait été largement perçu non seulement comme étant illégal, mais aussi comme étant un acte criminel.

La décision du Sénat espagnol d’octroyer des pouvoirs constitutionnels exceptionnels au premier ministre a plus de poids que le vote catalan, qui était condamné d’avance puisque la Cour constitutionnelle de l’Espagne s’était déjà prononcée contre toute démarche visant l’indépendance de la Catalogne.

Mariano Rajoy a reçu l’appui des socialistes catalans, qui forment le principal parti d’opposition de la région, ainsi que de la formation centriste catalane Ciudadanos («Citoyens»). À l’extérieur de l’Espagne, de nombreux pays européens, dont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont aussi rejeté la déclaration d’indépendance du Parlement catalan.

L’Union européenne et le gouvernement américain ont également accordé leur soutien à Madrid.

«Pour l’Union européenne, rien ne change. L’Espagne demeure notre seul interlocuteur. J’espère que le gouvernement espagnol favorisera la force des arguments, et non l’argument de la force», a écrit le président du Conseil européen, Donald Tusk, sur Twitter.

«La Catalogne est une partie intégrante de l’Espagne et les États-Unis appuient les mesures constitutionnelles adoptées par le gouvernement espagnol dans le but de maintenir l’unité du pays», a pour sa part déclaré Heather Nauert, une porte-parole du département d’État américain, dans un communiqué.

La lutte concernant l’avenir de la Catalogne est toutefois loin d’être terminée.

La décision de Madrid de prendre le contrôle de la région sera sans doute perçue comme une humiliation et une provocation de la part des Catalans. Des manifestations sont déjà prévues en Catalogne au cours des prochains jours et les employés du gouvernement régional pourraient opter pour la désobéissance ou la non-collaboration.

De plus, le scrutin du 21 décembre pourrait aussi remettre au pouvoir les indépendantistes, et ce, même si de récents sondages montrent qu’environ la moitié des quelque 7,5 millions d’habitants de la région sont opposés à l’indépendance.

Un rassemblement contre l’indépendance de la Catalogne organisé par un groupe se désignant comme «unioniste» doit avoir lieu à Barcelone, dimanche.

Par ailleurs, un représentant du bureau du procureur en chef de l’Espagne a indiqué que des accusations de rébellion pourraient être déposées contre les responsables du vote sur l’indépendance au Parlement catalan.

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