Soutenez

Le carnaval de Rio n’est plus la fête du luxe

In this Feb. 4, 2018 photo, people cool off in water during the "Escravos da Maua" block party, as part of pre-Carnival celebrations in Rio de Janeiro, Brazil. Block parties are filling the streets before the start of the city's over-the-top Carnival, the highlight of the year for many. "Escravos da Maua" translates as "Slaves of Maua." (AP Photo/Leo Correa) Photo: AP
Mauricio Savarese - The Associated Press

RIO DE JANEIRO — Autrefois le festival du luxe et du charme, le carnaval le plus célèbre du Brésil attire de plus en plus de touristes économes qui sont davantage intéressés par les fêtes populaires gratuites que par les défilés coûteux des écoles de samba.

Les «Cariocas», comme on appelle les résidants de Rio de Janeiro, et les touristes avaient l’habitude de délier les cordons de la bourse pour acheter billets et costumes. Mais la crise économique qui frappe le plus grand pays d’Amérique latine et l’émergence des «blocos», des fêtes locales organisées dans la rue, sont en voie de transformer l’essence même du carnaval.

L’agence touristique de Rio prévoit que le quart des visiteurs dépenseront moins de 100 $ US par jour cette année, comparativement à 12 pour cent l’an dernier.

«Nous avons des millions de gens qui sont prêts à descendre dans les rues pour des blocos gratuits et amusants, pendant que les écoles de samba sont figées dans le temps et devenues très dispendieuses, a expliqué un historien du festival, Luiz Antonio Simas. Pour les touristes qui veulent réduire leurs dépenses, le choix est évident.»

L’agence touristique de Rio attend 1,5 million de touristes entre vendredi et dimanche, soit environ 500 000 de plus que l’an dernier. Les revenus engrangés par la ville devraient toutefois demeurer stables à environ 1 milliard $ US.

La majorité des touristes éviteront probablement les défilés que les écoles de samba préparent depuis un an. Ils se joindront plutôt aux milliers d’autres personnes qui participeront aux quelque 600 fêtes populaires prévues. En 2007, quand l’économie brésilienne tournait à plein régime, on ne recensait que 300 blocos.

Les dirigeants et les entreprises de Rio accordent aussi davantage d’attention à la rue qu’au Sambadrome, où les écoles de samba s’exécutent.

Si le maire Marcelo Crivella a retranché plus de 1,5 million $ US au budget des défilés d’écoles de samba, soit environ la moitié des fonds dont disposaient certaines écoles, il a ajouté plusieurs milliers de toilettes portatives, pour un total de 32 560. Pour la première fois, plus de 3000 agents de sécurité privés encadreront le festival, principalement pour protéger les fêtes populaires.

L’attrait des blocos tient essentiellement à leur diversité. Tous sont les bienvenus, costumés ou pas, et les participants peuvent choisir la fête qui correspond le mieux à leurs goûts musicaux, ou qui est la plus proche d’eux.

Ces fêtes populaires sont gratuites, ou presque, et les fêtards n’ont qu’à se procurer aliments et boissons.

La fête au Sambadrome — où les meilleures écoles défilent jusqu’au petit matin, deux jours de suite — date de 1932. Ceux qui y assistent peuvent entendre certains des meilleurs batteurs du monde, admirer des chars époustouflants et voir des danseurs — dont certains sont peu vêtus — se déhancher au son de la samba.

Le Sambadrome essaie d’attirer les touristes qui surveillent leur porte-feuille. Environ 14 000 billets sont offerts pour 3 $ US, mais ils s’envolent rapidement et ne sont pas placés dans les meilleures sections. Les billets les plus dispendieux coûtent environ 20000 $ US.

Le responsable financier du défilé, Heron Schneider, explique qu’il serait inutile d’offrir plus de billets abordables, puisqu’ils seraient simplement achetés par des revendeurs. Il croit que les touristes qui ne veulent pas trop dépenser peuvent se dénicher un accès au Sambadrome s’ils y tiennent vraiment.

«Je ne perçois aucun conflit entre le défilé et les blocos. On peut faire les deux, a-t-il dit. Ils sont d’une nature différente: le nôtre est un spectacle et une compétition pour lesquels on doit payer. Eux, c’est du plaisir pur.»

La dirigeante de l’association des fêtes populaires de Rio, Rita Fernandes, dit que les groupes qui les organisent peinent à joindre les deux bouts, même si le public est au rendez-vous. Elle croit que les blocos ont besoin d’un financement public et de commanditaires.

«Pour que les touristes continuent à venir, les fêtes populaires ont aussi besoin d’argent, a-t-elle dit. Aujourd’hui on ne nous donne rien pour améliorer l’expérience des gens.»

L’association locale des hôteliers s’attend à ce que 85 pour cent des chambres aient été louées pendant la fête, soit un peu mieux qu’au cours des dernières années, mais encore loin du taux d’occupation maximal de jadis.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.