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Caravane de migrants au Mexique: Trump veut envoyer l’armée

A girl lies awake as Central American migrants traveling with the annual "Stations of the Cross" caravan sleep at a sports club in Matias Romero, Oaxaca State, Mexico, Tuesday, April 3, 2018. The caravan of Central American migrants that angered U.S. President Donald Trump was sidelined at a sports field in southern Mexico with no means of reaching the border even as Trump tweeted another threat to Mexico Tuesday. (AP Photo/Felix Marquez) Photo: AP

Plus de mille migrants d’Amérique centrale poursuivaient mardi leur progression, dans le sud du Mexique, vers les États-Unis afin d’y entrer clandestinement, une perspective qui agace Donald Trump, qui a déclaré vouloir déployer l’armée à la frontière.

Femmes, enfants, personnes âgées, familles d’une vingtaine de personnes: la caravane, qui se déplace surtout en autocar, se trouvait depuis le début de la semaine à Matias Romero, au coeur d’une région montagneuse de l’État d’Oaxaca, dans le sud du Mexique.

Par grappes, ils ont passé la nuit dans des parcs et un terrain de sport, dormant sur des couvertures à même le sol, entourés de sacs en plastique et de valises. Lundi, une quarantaine d’enfants s’amusaient autour d’une piñata, figurine en carton multicolore qui libère bonbons et fruits quand on la brise.

La main sur le coeur, des centaines de ces migrants, Honduriens pour la plupart, ont entonné leur hymne national pour se donner du courage.

Leur objectif est de passer aux États-Unis, mais ils veulent d’abord atteindre Puebla (centre du Mexique), où des experts doivent les conseiller sur la meilleure façon de demander l’asile ou le statut de réfugié.

80% d’entre eux viennent du Honduras, les autres du Guatemala, du Salvador et du Nicaragua, a indiqué Rodrigo Abeja, l’un des leaders du groupe.

Un dialogue semble s’être installé entre les militants des droits de l’homme et les autorités migratoires mexicaines (INM).

«Lundi, nous avons rencontré la délégation de l’INM qui a proposé certaines mesures, comme des visas humanitaires ou des permis de libre circulation», a déclaré un membre de l’ONG Coordination des peuples sans frontières. Les visas humanitaires d’un an renouvelable sont réservés aux personnes voyageant avec des mineurs, malades ou aux femmes enceintes.

Il affirme avoir reçu des menaces depuis que les images de la caravane ont été diffusées dans les médias américains. «On nous appelle sur nos portables, on nous envoie des messages menaçants, avec des menaces de mort parfois. C’est le secteur raciste des États-Unis».

«Protéger la frontière»
Le président américain Donald Trump a assuré mardi qu’il enverrait des soldats protéger la frontière sud des États-Unis, rendue poreuse selon lui par le laxisme des autorités mexicaines et les décisions délibérées de son prédécesseur, Barack Obama.

«Jusqu’à ce que nous ayons un mur et une sécurité adéquate, nous allons protéger notre frontière avec notre armée, c’est un grand pas. Nous ne l’avons jamais fait auparavant, en tout cas pas beaucoup», a déclaré M. Trump en marge d’une rencontre avec les trois dirigeants des États baltes à la Maison Blanche.

«Nous aurons une réunion bientôt avec le général Mattis (ministre de la Défense) et tout le monde», a-t-il précisé ensuite lors d’une conférence de presse.

La Garde nationale, un corps de réserve de l’armée américaine, est intervenue en 2010 et en 2006-2008 à la frontière. Selon une loi de 1878, l’armée régulière ne peut intervenir sur le territoire américain purement dans un but de politique intérieure.

Le dirigeant républicain fait monter la pression depuis le week-end dernier sur le Mexique et le Congrès américain pour qu’ils agissent chacun afin d’empêcher l’arrivée de clandestins aux États-Unis – un regain d’intérêt déclenché par les images d’une caravane de migrants d’Amérique centrale, principalement Honduriens, déterminés à rejoindre les États-Unis et se trouvant pour l’instant dans le sud du Mexique.

Ils ne sont qu’un millier environ, mais ont déjà provoqué plusieurs tweets et diatribes du milliardaire.

M. Trump estime qu’il revient au Mexique de les arrêter car les lois mexicaines sont, selon lui, plus strictes que la législation américaine.

Il a mis la renégociation du traité de libre-échange nord-américain Aléna dans la balance, et s’est félicité que le Mexique ait apparemment agi à sa demande: «Je crois qu’ils le font, en tout cas il y a douze minutes, (la caravane) était en train d’être démantelée».

Le président a en outre accusé Barack Obama d’avoir «fait des changements ayant tout simplement conduit à une absence de frontière», sans qu’on sache à quoi il faisait allusion. Mais il a souvent accusé le président démocrate de laxisme dans l’application des lois migratoires.

Il veut aussi que le Congrès affaiblisse les droits des réfugiés et des migrants. Le républicain se plaint de la pratique consistant à relâcher les clandestins interpellés, le temps d’attendre leur comparution devant un tribunal, ce qui peut prendre des mois voire des années.

«Nous avons besoin d’un mur qui mesure 1.100/1.300 kilomètres» le long de la frontière, a conclu Trump. Actuellement, seules quelques centaines de kilomètres de la frontière de 3 200km sont sécurisées par une forme ou une autre de clôture. Mais le Congrès a jusqu’à présent refusé de dégager les crédits nécessaires.

La caravane «Viacrucis Migrante 2018» est partie le 25 mars de Tapachula, à la frontière du Guatemala.

Sur les 1 500 qui la composaient à l’origine, un peu plus de 300 personnes ont préféré prendre le train de marchandises «La Bestia» en direction du Nord.

Les autorités mexicaines n’ont pas fait obstacle à sa progression, même si la rencontre avec l’INM avait des allures de mise en garde, selon le membre de l’ONG. «Ils nous disent:  »Divisez-vous, soyez toujours moins nombreux ». C’est à cause de Trump, il y a beaucoup de pression sur le Mexique. Ils nous ont laissé entendre que si (la caravane) continuait à avoir la même taille et à être suivie par les médias, ils pourraient prendre des mesures».

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