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La NASA lance la chasse aux exoplanètes

This image made available by NASA shows an illustration of the Transiting Exoplanet Survey Satellite (TESS). Scheduled for an April 2018 launch, the spacecraft will prowl for planets around the closest, brightest stars. These newfound worlds eventually will become prime targets for future telescopes looking to tease out any signs of life. (NASA via AP) Photo: The Associated Press

CAP CANAVERAL, Fla. — Regardez le ciel étoilé ce soir. Chacun de ces points lumineux — en plus de milliers, voire de millions d’autres — se retrouvera bientôt dans la mire d’un nouveau satellite de l’agence spatiale américaine.

Le satellite Transiting Exoplanet Survey (Tess) devrait s’envoler lundi à 18 h 32, heure de la Floride, pour aller traquer les planètes en orbite autour des étoiles les plus lumineuses et les plus rapprochées de la Terre. Ces nouveaux mondes seront des cibles de choix pour d’éventuels télescopes qui y rechercheront des signes de vie.

Il s’agira du plus vaste recensement du genre jamais mené en orbite, et Tess scrutera en profondeur notre voisinage cosmique.

«Nous allons examiner chacune de ces étoiles», a dit le responsable de la mission, George Ricker du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Les chercheurs croient que Tess trouvera des milliers d’exoplanètes, le terme par lequel on désigne les planètes situées à l’extérieur du système solaire.

«Tous les astronomes des prochains siècles vont vraiment se concentrer sur ces objets, a ajouté M. Ricker. C’est vraiment une mission pour l’histoire.»

Le responsable de l’astrophysique à la NASA, Paul Hertz, a dit que des missions comme Tess aideront à savoir si nous sommes seuls — ou simplement vraiment chanceux d’avoir hérité «du meilleur terrain dans toute la galaxie».

Tess est le dauphin apparent du télescope spatial Kepler, qui a multiplié les succès et qui fait figure de pionnier au chapitre du recensement planétaire. Kepler commence vraiment à manquer de carburant après neuf ans dans l’espace, et la NASA s’attend à ce qu’il s’éteigne d’ici quelques mois.

Kepler a découvert plus de 2600 exoplanètes dont l’existence a été confirmée. D’autres candidatures attendent d’être validées.

Environ 3700 exoplanètes ont été découvertes au cours des deux dernières décennies, que ce soit depuis la Terre ou depuis l’espace. Quelque 4500 autres sont dans la salle d’attente.

Une cinquantaine d’entre elles représentent des habitats potentiels. Elles ont la bonne taille et la bonne orbite autour de leur étoile pour avoir de l’eau en surface et, du moins en théorie, accueillir la vie.

La plupart des planètes trouvées par Kepler sont tellement éloignées de nous qu’on aurait besoin de télescopes monstrueux pour les examiner plus attentivement. Les astronomes veulent donc se concentrer sur les étoiles, plus brillantes, qui sont plus proches de la Terre — suffisamment rapprochées pour que le télescope spatial James Webb que la NASA lancera bientôt puisse examiner l’atmosphère des planètes qui tournent autour d’elles.

De puissants télescopes terrestres seront aussi mis à contribution, en plus de nouveaux observatoires qui sont toujours sur les planches à dessin.

Sara Seager, une astrophysicienne du MIT qui a consacré sa vie à la recherche d’une nouvelle Terre, imagine des mondes aquatiques qui attendent simplement d’être découverts. Peut-être même des Terres surchauffées couvertes de lacs de lave. Ou encore de petites boules de roc ou de glace enveloppées d’une mince atmosphère semblables à la nôtre.

«Ce n’est pas ‘Interstellar’ ou ‘Arrival’, du moins pas encore», a-t-elle dit en référence à deux films de science-fiction populaires.

La facture totale de la mission Tess s’élève à 337 millions $ US.

Relativement de petite taille à 362 kilos et 1,2 mètre sur 1,5 mètre, Tess s’envolera vers les étoiles depuis Cap Canaveral à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX. Son orbite éventuelle autour de la Terre l’amènera tout près de la Lune.

«Il est très puissant et c’est ce qui nous excite vraiment», a confié M. Ricker.

Tess pointera ses quatre caméras en direction de naines rouges près de nous — en moyenne dix fois plus proches que les étoiles scrutées par Kepler. La majorité des étoiles examinées par Tess se trouveront à entre 300 et 500 années-lumière, selon M. Ricker. (Une année-lumière correspond à environ 9000 milliards de kilomètres.)

Les naines rouges sont les étoiles plus courantes et, comme leur nom le laisse entendre, relativement petites. Leur taille correspond à environ la moitié de celle du Soleil. Elles sont aussi relativement froides. L’étoile bien connue Trappist-1, autour de laquelle on retrouve au moins sept planètes de la taille de la Terre, est une naine rouge ultrafroide qui est à peine plus grosse que Jupiter.

Comment fait-on pour repérer une planète qui tourne autour d’une étoile si peu lumineuse et si petite d’aussi loin? La planète devrait provoquer un bref fléchissement de la luminosité de son étoile quand elle passe devant, et c’est ce phénomène que Tess détectera.

Le satellite fouillera pratiquement la totalité du ciel, à commencer par l’hémisphère Sud pendant un an, puis l’hémisphère Nord pendant une autre année. D’autres années de fouilles pourraient suivre.

Les chercheurs pensent que la zone habitable autour d’une étoile — à l’intérieur de laquelle la vie peut exister, où il ne fait ni trop chaud ni trop froid, et où on peut retrouver de l’eau liquide — devrait être beaucoup plus rapprochée des naines rouges que c’est le cas dans notre système solaire. L’orbite des planètes dans ces systèmes devrait être relativement courte.

La NASA et d’autres font valoir que Tess n’a pas été conçu pour détecter des signes de vie dans l’atmosphère et ailleurs. Cette tâche cruciale reviendra à Webb — le successeur de prochaine génération du télescope spatial Hubble, mais qui ne sera pas lancé avant 2020 — et à d’autres observatoires qui seront construits.

Si on y détecte de la vie — qu’elle soit microscopique ou autre —, les chercheurs croient que la prochaine étape serait d’y dépêcher des sondes robotisées pour voir ce qui se passe.

Jeff Volosin, de la NASA, rappelle toutefois que la technologie nécessaire pour se rendre jusqu’à ces mondes éloignés n’a pas encore été inventée.

«Pour moi, le simple fait de savoir qu’ils sont là me suffit, a-t-il dit. Le simple fait de savoir que nous ne sommes pas seuls.»

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