Soutenez

La NASA envoie un géologue robotisé sur Mars

This illustration made available by NASA in 2018 shows the InSight lander drilling into Mars. InSight, short for Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport, is scheduled to launch from Vandenberg Air Force Base on Saturday, May 5, 2018, and land on Mars six months later. (NASA via AP) Photo: The Associated Press

CAP CANAVERAL, Fla. — Six ans après s’être posée sur Mars, l’agence spatiale américaine envoie un géologue robotisé creuser plus profondément que jamais pour prendre la température de la planète rouge.

La sonde Mars InSight, qui doit décoller tôt samedi matin, prendra également le pouls de la planète en mesurant pour la première fois les «tremblements de Mars». Les chercheurs étudieront aussi comment la planète vacille en tournant sur son axe, afin de mieux comprendre la taille et la composition de son noyau.

Les instruments de l’atterrisseur permettront aux scientifiques de «jeter un coup d’oeil profond dans la planète», selon le chercheur principal de la mission, Bruce Banerdt du Jet Propulsion Laboratory de la NASA.

«La beauté ne se retrouve pas seulement en surface», a-t-il expliqué.

La mission américano-européenne de 1 milliard $ US est la première à se consacrer entièrement à l’étude des entrailles de Mars. Les chercheurs espèrent que cela leur permettra de mieux comprendre comment cette planète rouge — qui est aussi rocheuse, comme la nôtre — s’est formée il y a 4,5 milliards d’années.

Mars est plus petite et moins active géologiquement que la Terre, où la tectonique des plaques et d’autres processus ont effacé les origines de la planète. Conséquemment, Mars conserve toujours les «empreintes digitales» de son évolution, a dit M. Banerdt.

Autre percée technologique, deux petits satellites se sépareront d’InSight après le décollage et suivront la sonde pendant six mois, jusqu’à Mars. Cela permettra de vérifier si les CubeSats sont en mesure de communiquer efficacement avec InSight pendant sa descente vers la surface, le 26 novembre.

Ces deux cubes ont été surnommés WALL-E et EVE en référence aux personnages du film, puisque leur système de propulsion est similaire au mécanisme qui éjecte la mousse des extincteurs d’incendie. Lors du film paru en 2008, WALL-E utilise un extincteur pour se propulser dans l’espace.

InSight doit décoller tôt samedi matin de la base aérienne de Vanderberg, dans le centre de la Californie. Ce sera la première fois que la NASA lance une mission interplanétaire ailleurs que depuis Cap Canaveral. Le décollage est prévu pour 7 h 05, heure de l’Est.

Peu importe d’où on s’élance, rejoindre Mars est compliqué.

Le taux de succès, qu’il s’agisse de missions de la NASA ou d’autres, est seulement d’environ 40 pour cent. Les États-Unis sont le seul pays à avoir réussi à poser des sondes sur Mars, en commençant avec les sondes Viking en 1976. La mission la plus récente est celle du rover Curiosity, en 2012.

InSight se posera avec la même combinaison de parachute et d’allumage de moteurs que celle utilisée par l’atterrisseur Phoenix en 2008. Pas question ici de sacs gonflables qui rebondissent, comme Spirit et Curiosity en 2004, ou de grue géante comme Curiosity.

Poser sur Mars une sonde à peine plus grosse que deux pupitres de travail est «une tâche incroyablement difficile, et chaque fois que nous la tentons, nous sommes assis sur le bout de notre chaise», a confié M. Banerdt.

La sonde ne mettra que sept minutes à entrer dans l’atmosphère de Mars, à descendre et à se poser. «On espère ne pas avoir de surprise le jour de l’atterrissage, mais on ne sait jamais», a dit Tom Hoffman, le chef du projet à la NASA.

Une fois sur la surface, InSight amènera «une toute nouvelle dimension» à l’excavation interplanétaire, selon Thomas Zurbuchen, le responsable scientifique de la mission pour l’agence américaine.

Une sonde cylindrique baptisée «la taupe» doit s’enfoncer jusqu’à cinq mètres dans le sol martien. Un bras mécanique retirera un sismomètre de l’atterrisseur et le déposera sur la surface de la planète afin de mieux enregistrer les vibrations. Dans les faits, InSight est en retard de deux ans en raison de problèmes avec ce sismomètre de fabrication française.

À 694 kilos, InSight s’inspire de l’atterrisseur Phoenix et, avant lui, des atterrisseurs Viking. Ce sont tous des atterrisseurs stationnaires sur trois pattes, qui ne vont nulle part. InSight est l’acronyme de «Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport».

Les objectifs scientifiques d’InSight, en revanche, se rapprochent plus de ceux du programme Apollo. Dans les années 1960 et 1970, les hommes qui ont marché sur la Lune ont creusé jusqu’à huit mètres sous la surface pour que les chercheurs terrestres puissent mesurer la circulation souterraine de la chaleur lunaire. On retrouve toujours sur la Lune des sismomètres laissés sur place par ces 12 randonneurs.

Les missions martiennes précédentes se concentraient sur ce qu’on pouvait trouver en surface ou presque. Phoenix, par exemple, a creusé seulement quelques centimètres pour recueillir des échantillons. L’atmosphère de Mars et son champ magnétique ont aussi été étudiés en détail au fil des décennies.

«Mais nous n’avons jamais fouillé sous la peau extérieure de la planète», a dit M. Banerdt.

Le site choisi pour l’atterrissage, Elysium Planitia, est une région équatoriale plate où on ne retrouve que quelques gros rochers qui pourraient endommager la sonde ou interférer avec son forage. M. Banerdt le qualifie avec humour de «plus grand terrain de stationnement sur Mars».

Les chercheurs envisagent deux années de travaux — soit deux années terrestres ou une année martienne.

«Mars demeure une planète très mystérieuse, a dit M. Banerdt. Même avec tout ce qu’on a appris à son sujet, elle pourrait encore nous surprendre.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.