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Les Irlandais votent vendredi sur l’avortement

In this May 17, 2018 photo, pro and anti-abortion posters are displayed on lampposts outside government buildings in Dublin, Ireland, ahead of the abortion referendum on Friday, May 25. An abortion debate that has inflamed passions in Ireland for decades will come down to a single question on Friday: yes or no? The referendum on whether to repeal the country's strict anti-abortion law is being seen by anti-abortion activists as a last-ditch stand against what they view as a European norm of abortion-on-demand, while for pro-abortion rights advocates, it is a fundamental moment for declaring an Irish woman's right to choose. (AP Photo/Peter Morrison) Photo: The Associated Press
Leo Enright et Gregory Katz - The Associated Press

DUBLIN — Un débat sur l’avortement qui a enflammé les passions en Irlande pendant des décennies se résumera à une seule question vendredi: oui ou non?

Le référendum sur l’abrogation de la loi antiavortement très stricte du pays est perçu par les activistes antiavortement comme un dernier rempart contre ce qu’ils considèrent être la norme européenne de «l’avortement sur demande», tandis que leurs adversaires y voient un moment fondamental pour déclarer le droit d’une femme irlandaise de choisir.

Si le «oui» prévaut et que l’interdiction constitutionnelle des avortements est abrogée, le gouvernement prévoit d’introduire une législation qui permettrait l’avortement dans les 12 premières semaines de la grossesse, et plus tard dans des cas spécifiques où la femme est en grand danger ou le fœtus susceptible de mourir dans l’utérus ou peu de temps après la naissance. Le Parlement débattrait alors de ce plan.

Les sondages suggèrent un changement continu d’attitude en Irlande, un pays traditionnellement catholique qui en a surpris plusieurs en votant en faveur du mariage homosexuel en 2015. Les deux camps conviennent généralement que la campagne frénétique avant le vote de vendredi n’a pas produit le changement dramatique de l’opinion publique que les militants antiavortement espéraient.

Pourtant, David Quinn de l’Institut Iona, un groupe socialement conservateur, affirme que les forces du «non» opposées aux droits à l’avortement ont toujours «une chance de se battre» et se souvient d’autres bouleversements politiques récents.

«Rappelez-vous: le Brexit n’était pas censé passer, et Donald Trump n’était pas censé être élu», a-t-il dit.

Les activistes des deux côtés ont déployé des milliers d’affiches émotives plaidant leur cause et il y a eu de petites manifestations à Dublin mercredi, à l’approche du vote.

Le scrutin de vendredi sera la quatrième fois en autant de décennies que les électeurs irlandais seront invités à se prononcer sur la question de l’avortement.

Mais cette fois le débat a été brouillé par deux facteurs auxquels les électeurs n’ont jamais été confrontés: le pouvoir extraordinaire des médias sociaux et la disponibilité accrue sur le Web de nouveaux médicaments qui permettent aux femmes de prendre des décisions graves concernant la fin de leur grossesse, chez elles.

Facebook et Google ont tous deux pris des mesures pour restreindre ou supprimer les publicités relatives au référendum dans le but de répondre aux préoccupations mondiales concernant l’influence des médias sociaux lors des campagnes politiques, de la présidentielle américaine au Brexit.

Ce vote décidera s’il faut ou non renverser le résultat d’un référendum de 1983 qui a introduit dans la Constitution irlandaise un amendement qui engageait les autorités à défendre également le droit à la vie d’une mère et celui d’un fœtus dès la conception.

La question a été réexaminée à plusieurs reprises après des «cas difficiles» et déchirants qui, selon les militants des droits à l’avortement, exposaient les femmes vulnérables à des choix impossibles — et même, parfois, à la mort.

L’avortement n’est légal en Irlande que dans de rares cas où la vie de la femme est en danger, et plusieurs milliers de femmes irlandaises voyagent chaque année pour mettre fin à des grossesses au Royaume-Uni voisin. Ce nombre a considérablement diminué au cours des dernières années, les femmes se tournant vers des sites Web pour importer illégalement des médicaments qui mettent fin aux grossesses.

Le quotidien The Irish Times a déclaré jeudi dans son éditorial que l’interdiction constitutionnelle de l’avortement doit être abrogée parce qu’elle a laissé les médecins confus quant à ce qui est légal et poussé les femmes à voyager à l’étranger «dans le secret et la honte» pour les avortements.

Le quotidien cite en exemple le «spectacle grotesque» d’une adolescente de 14 ans devenue enceinte après avoir été violée. Suicidaire, l’adolescente s’est battue jusqu’en Cour suprême quand le gouvernement l’a empêchée de voyager pour se faire avorter.

Dans un effort pour neutraliser l’argument des «cas difficiles», certains militants antiavortement ont récemment changé d’attitude, suggérant même que de nouvelles lois pourraient être adoptées pour permettre des avortements dans certains cas limités.

Mais ce compromis a été rejeté par le premier ministre irlandais, Leo Varadkar, un médecin qui est favorable à l’abrogation de l’interdiction constitutionnelle. Il a dit que ce sont les «lois dures du pays qui créent des cas difficiles».

Le vote a déjà commencé sur l’île Tory, au large de la côte nord-ouest de l’Irlande. Un hélicoptère a atterri jeudi avec une urne qui sera ramenée sur le continent pour être dépouillée après le vote des quelque 70 résidents.

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