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Burkina: quatre catholiques tués pendant une procession religieuse

Photo: Google Maps

Quatre catholiques ont été tués lundi lors d’une procession religieuse en honneur de la vierge Marie à Zintenga, dans le nord du Burkina Faso, au lendemain de l’attaque d’une église, attribuée à des jihadistes, ayant fait six morts, dont un prêtre.

Ces violences s’inscrivent dans un climat de tension où le Burkina, déstabilisé par le renversement du président Blaise Compaoré en 2014, est confronté à une multiplication des attaques de groupes islamistes qui ciblent de plus en plus fréquemment les églises, selon des experts.

Lundi, « la (statue de la) Vierge avait été sortie pour faire le tour de la paroisse (…) À l’entrée du village de Singa, un groupe de terroristes a intercepté le cortège. Ils ont tué 4 fidèles et brûlé la statue », a déclaré mardi un responsable de la communication de la cathédrale de Ouagadougou à l’AFP.

Selon l’Agence nationale de presse burkinabè, les assaillants ont stoppé la procession. « Ils ont laissé partir les mineurs, exécuté quatre adultes et détruit la statue de la Vierge », a raconté un habitant cité par l’AIB. Dimanche, six personnes, dont le prêtre célébrant la messe, avaient été tuées lors d’une attaque, attribuée à des jihadistes par les autorités, contre une église catholique à Dablo, également dans le nord du Burkina Faso.

Fin avril, six autres personnes, dont un pasteur avaient été tuées dans l’attaque d’une église protestante à Silgadji, toujours dans le nord. Il s’agissait de la première attaque jihadiste d’une église au Burkina depuis 2015. « Cela nous interpelle tous quelle que soit notre religion, notre ethnie », affirmé le président burkinabe Roch Marc Christian Kaboré appelant ses compatriotes « à être soudés parce que c’est le vivre ensemble qui est mis en cause. Il est important que chaque Burkinabé se dise que ce qui arrive aux autres peut nous arriver ».

« Le Burkina Faso est en proie à une situation difficile […] Ces terroristes ont réaménagé leur mode opératoire. D’abord en cherchant à créer des conflits intercommunautaires et aujourd’hui des conflits interreligieux puisque des chrétiens ont été tués pour leur foi, pour avoir pratiqué leurs religions sans plus », a-t-il ajouté. Le pays compte 65 % de musulmans pour 35 % de chrétiens, et ils ont toujours vécu en harmonie.

« Le Burkina a toujours été réputé comme un pays de tolérance. Nous devons travailler à maintenir cette richesse que nos ancêtres nous ont léguée », a-t-il conclu. Ouahigouya, troisième ville du pays et centre névralgique du Nord, avait subi sa première attaque qui a fait un mort attribué à des jihadistes le 7 mai. D’autres villes plus au sud ont également déjà été la cible des jihadistes.

Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’organisation État islamique au grand Sahara (EIGS). D’abord concentrées dans le Nord, ces attaques ont ensuite visé la capitale Ouagadougou et d’autres régions, notamment l’Est, et fait depuis 2015 près de 400 mors, selon un comptage de l’AFP.

Les attaques d’églises surviennent au moment où la France, qui lutte contre les groupes jihadistes au Sahel, a mené la semaine dernière une opération pour libérer quatre otages — deux Français, une Sud-Coréenne et une Américaine — aux mains de jihadistes, également dans le nord du Burkina. Les attaques jihadistes ciblent régulièrement des responsables religieux, chrétiens et musulmans, principalement dans le nord du pays.  Pour Corinne Dufka de Human Rights Watch, les attaques ciblées récentes de chrétiens ou de certains groupes ethniques sont « une des stratégies » des jihadistes « pour faire monter les tensions ethniques et déstabiliser le pays ».

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