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Irak: non aux «occupants américain et iranien» disent les anti-pouvoir

Irak: non aux «occupants américain et iranien» disent les anti-pouvoir
Manifestants anti-pouvoir à Bagdad en novembre 2019 Photo: Erin Trieb/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Les manifestants anti-pouvoir en Irak défilent dimanche en nombre pour dénoncer «les deux occupants: l’Iran et les États-Unis», alors que l’escalade entre les deux parrains de Bagdad menace de dégénérer en conflit sur leur sol et d’éclipser un peu plus leur révolte.

Au moment où le Parlement est déchiré entre pro-Iran réclamant le départ des 5200 soldats américains et partisans du maintien d’un contrepoids à l’influence des partis et groupes armés soutenus par Téhéran, les manifestants, eux, disent dans la rue refuser de choisir.

Dans le brouhaha, le Parlement a réclamé dimanche au gouvernement l’expulsion des troupes américains du pays.

Le mot d’ordre des manifestants depuis le début le 1er octobre d’une révolte inédite, parce que spontanée, est: «on veut notre pays».

Et aujourd’hui, alors que l’Irak est menacé de sombrer de nouveau dans la violence après deux années d’accalmie, l’un d’eux affirme à l’AFP que les manifestants «se dresseront contre les deux occupants, l’Iran et les États-Unis».

La frappe d’un drone américain qui a pulvérisé vendredi les deux 4X4 noirs à bord desquels se trouvaient le puissant général iranien Qassem Soleimani et le numéro deux des paramilitaires pro-Iran en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis, a ravivé le sentiment anti-Américains dans un pays occupé par Washington de 2003 à 2011.

Et les menaces des factions pro-Iran contre les soldats et diplomates américains, qui pourraient dégénérer en conflit, ont donné du grain à moudre aux manifestants. Ces derniers dénoncent depuis plus de trois mois la mainmise de Téhéran à Bagdad et l’utilisation des paramilitaires irakiens pour ses propres intérêts.

«Pas d’État en Irak»

A Bassora, immense cité pétrolière à la pointe sud côtière, et à Nassiriya, ville du sud tribal et agricole de l’Irak, des violences ont éclaté.

Dans ces deux villes, les manifestants, qui scandent depuis trois mois «Iran dehors», ont refusé le passage à un cortège funéraire symbolique pour Soleimani et Mouhandis.

À Bassora, les deux parties se sont jetés des pierres.

À Nassiriya, des participants au cortège pro-Iran ont tiré et trois manifestants ont été blessés, ont indiqué des sources médicales sur place.

En représailles, plus tard dans la journée, le siège du Hachd al-Chaabi, la coalition des paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité, a été incendié, a constaté un correspondant de l’AFP.

Raad Ismaïl, étudiant d’une vingtaine d’années, dénonce auprès de l’AFP, «une guerre par procuration sur le sol irakien».

Cette guerre, dit-il, «crée des crises qui engendrent ensuite d’autres crises». Et surtout, ajoute-t-il, «on les prévient: il ne faut pas qu’ils (la classe dirigeante dominée par les pro-Iran) ignorent nos revendications sous quelque prétexte que ce soit».

À Diwaniya, autre ville du sud à la pointe de la révolte contre le pouvoir et son parrain iranien, des hélicoptères militaires irakiens survolaient les centaines d’Irakiens, majoritairement des étudiants, qui défilaient au cri de «Non à l’Iran, non à l’Amérique».

À Najaf, des manifestants ont brûlé des pneus pour bloquer des routes, protestant contre l’Iran et les États-Unis.

Dans la ville sainte chiite de Kerbala, Ahmed Jaouad, un étudiant qui manifestait dans le centre-ville, dénonce les frappes américaines comme les ingérences iraniennes.

«On refuse que l’Irak devienne le champ de bataille des États-Unis et de l’Iran parce que ceux qui seront les victimes de ce conflit seront des Irakiens», a-t-il prévenu.

Ali Hussein, un autre étudiant, est, lui, inquiet de l’escalade dans un contexte irakien déjà précaire.

Le gouvernement démissionnaire n’a toujours pas été remplacé, les partis politiques ne s’accordent toujours pas sur une majorité parlementaire capable de le faire et les élections anticipées réclamées par la rue ne semblent pas se dessiner à l’horizon.

«Les Américains ont violé la souveraineté de l’Irak en frappant des bases du Hachd al-Chaabi» – faisant 25 morts dans les rangs de cette coalition de paramilitaires pro-Iran intégrés au sein de l’État – «et en menant un bombardement près de l’aéroport de Bagdad» qui a tué Soleimani, rappelle-t-il.

«C’est la preuve qu’il n’y a pas d’État en Irak», se lamente-t-il.

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