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La violence continue à Beyrouth après un samedi d’affrontements brutaux

La violence continue à Beyrouth après un samedi d'affrontements brutaux
La police intervient lors de la manifestation anti-gouvernement du 18 janvier 2020. Photo: Anwar Amro/AFP
Rédaction - Agence France-Presse

Les forces de sécurité ont tiré dimanche à Beyrouth des gaz lacrymogènes et utilisé un canon à eau pour disperser des manifestants antigouvernementaux, au lendemain d’affrontements d’une rare violence qui ont fait des centaines de blessés dans un Liban en crise.

Des renforts de l’armée et de la police anti-émeute ont été déployés dans le centre-ville où les manifestants se sont rassemblés à l’entrée d’une avenue menant au Parlement, près de la place des Martyrs, épicentre du mouvement de contestation déclenché le 17 octobre contre une classe politique jugée corrompue et incompétente.

Pour le deuxième soir consécutif, aux cris de «révolution, révolution», des manifestants ont jeté des pierres et des pétards sur le barrage policier bloquant l’avenue. La police a répliqué en activant un canon à eau et en tirant des gaz lacrymogènes.

En trois mois de contestation, la colère n’a fait que grandir chez les manifestants qui fustigent l’inertie des dirigeants: la crise économique s’aggrave avec licenciements en masse, restrictions bancaires drastiques et une forte dépréciation de la livre libanaise face au dollar.

«Révolutionnaires libres nous allons poursuivre la voie», ont scandé sous la pluie les contestataires, brandissant des drapeaux libanais.

«On en a marre des hommes politiques. Après trois mois de révolution, ils nous prouvent qu’ils ne changent pas, qu’ils n’écoutent pas, qu’ils n’apportent rien», s’insurge Mazen, 34 ans.

Sur Twitter, les forces de sécurité intérieure ont appelé les manifestants à préserver le caractère «pacifique» du rassemblement et à ne pas «attaquer» la police.

Samedi, la capitale libanaise a connu un niveau de violence inédit depuis le début de la contestation avec des heurts entre forces de l’ordre et manifestants qui ont fait au moins 377 blessés dans les deux camps, selon des bilans de la Croix-rouge libanaise et de la défense civile compilés par l’AFP.

Le centre-ville s’était rapidement retrouvé enveloppé par la fumée des gaz lacrymogènes et déchiré par le hurlement des sirènes d’ambulances. Les forces de l’ordre ont tiré des balles en caoutchouc et eu recours aux canons à eau.

Des manifestants, certains au visage masqué, avaient lancé des pierres et des poteaux de signalisation sur les forces de l’ordre. Quelques-uns avaient tenté de franchir des barbelés.

Brutalités à Beyrouth

Une télévision locale et des internautes ont partagé des témoignages de familles dont les enfants, parfois âgés de 18 ans, ont été touchés à l’oeil par des balles en caoutchouc.

Les échauffourées avaient eu lieu à l’entrée de la même avenue où sont rassemblés les manifestants dimanche.

«Il n’y avait aucune justification pour le recours brutal à la force par la police anti-émeute contre des manifestants largement pacifiques», a estimé Human Rights Watch (HRW).

Accusant les policiers d’avoir «tiré des balles en caoutchouc dans les yeux», Michael Page, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient, a appelé les autorités à «mettre fin à cette culture de l’impunité pour les abus policiers».

Sur les réseaux sociaux, une vidéo montre en outre des membres des forces de l’ordre dans une caserne de police de Beyrouth frapper violemment des personnes présentées comme des manifestants à leur descente d’un fourgon.

Evoquant cette vidéo, les forces de sécurité intérieure ont annoncé l’ouverture d’une enquête. «Tout agent qui a agressé des détenus sera interpellé.»

Une trentaine de personnes ont été interpellées mais le parquet a ordonné leur libération, selon l’agence officielle ANI.

Ces derniers jours, les affrontements se sont multipliés entre forces de l’ordre et contestataires qui ont attaqué les vitrines de banques, établissements cristallisant une grande partie de la colère populaire.

«Assez perdu de temps»

Les manifestants sont furieux contre les dirigeants, accusés de nullement se soucier de leurs revendications.

Ils réclament un gouvernement d’indépendants et de technocrates alors que la classe dirigeante est quasi inchangée depuis des décennies, mais aussi une amélioration des services publics quasiment absents – graves pénuries d’eau et d’électricité -, et la fin du chômage et de la corruption.

Après la démission fin octobre du premier ministre Saad Hariri, sous la pression de la rue, Hassan Diab a été désigné pour le remplacer le 19 décembre mais ce dernier n’a toujours pas formé son gouvernement.

Les partis politiques poursuivent en effet des tractations interminables pour tenter de garantir leur représentation au sein de la future équipe.

Dans ce contexte, M. Diab a été reçu dimanche soir par le président Michel Aoun, selon l’agence ANI.

«Il y a une voie pour calmer la tempête populaire», a tweeté M. Hariri. «Assez perdu de temps, formez un gouvernement et ouvrez la porte à des solutions politiques et économiques».

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