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Londres et Bruxelles s’opposent sur l’après-Brexit

Boris Johnson faisait son allocution d'après-Brexit, lundi
Boris Johnson faisait son allocution d'après-Brexit, lundi. Photo: Frank Augstein - WPA Pool/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Trois jours ont passé depuis le Brexit et la bataille de l’après a commencé entre Londres et Bruxelles lundi, Boris Johnson rejetant l’alignement réclamé par Bruxelles sur les règles de l’UE en tant que «prix» à payer pour un accord de libre-échange.

À distance, le ton s’est durci entre le premier ministre britannique et le négociateur européen Michel Barnier. Ils ont chacun présenté leurs objectifs et leurs lignes rouges, pour la nouvelle ère qui s’est ouverte vendredi avec la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Les deux parties disposent d’une période de transition de 11 mois pour négocier un accord. Sinon, leurs échanges pourraient se retrouver très perturbés. Cela inquiète déjà les marchés financiers où le bras de fer engagé a fait chuter la livre lundi.

Michel Barnier a fait miroiter un accord commercial «très ambitieux», pour éliminer tous les droits de douane et tous les quotas sur les biens échangés avec le continent. Mais a également prévenu que l’UE n’accepterait pas de voir émerger une économie dérégulée à sa porte, qui profiterait d’«avantages concurrentiels déloyaux». «Nous ne serons pas naïfs», a-t-il lancé.

«Plus le Royaume-Uni veut être proche [des règles], plus l’accès au marché unique sera facile […] c’est une question d’équité», a renchéri la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le premier ministre britannique s’est voulu rassurant : son pays ne prévoit ni de faire une «concurrence déloyale» à l’UE ni «course vers le bas» sur les normes. Il a toutefois martelé que le Royaume-Uni ne serait pas forcé de s’aligner sur les règles de l’UE «sur la concurrence, les subventions, la protection sociale, l’environnement» pour espérer un accord de libre-échange.

«Allons-nous empêcher les voitures italiennes ou du vin allemand d’entrer dans ce pays sans droits de douane faute d’alignement de l’UE sur nos règles britanniques sur les touillettes à café en plastique ou sur les congés maternité ? […] Bien sûr que non», a-t-il assuré.

Comparant son pays à Clark Kent prêt à devenir le Superman du libre-échange face aux protectionnistes qui gagnent du terrain, l’artisan du Brexit a de nouveau exprimé les ambitions commerciales mondiales de son gouvernement en rappelant qu’il comptait négocier simultanément avec plusieurs pays hors de l’UE, des États-Unis à la Nouvelle-Zélande.

Son chef de la diplomatie Dominic Raab se rendra dans les deux semaines à venir en Australie, au Japon, à Singapour et en Malaisie pour discuter commerce.

«Le plus important pour 2020, c’est qu’après avoir quitté l’UE en début d’année, nous aurons regagné une indépendance économique et politique totale à la fin», a déclaré M. Raab devant les députés. «C’est à ce moment-là que s’achèvera la période de transition et elle ne sera pas prolongée.»

Priorités

Les négociations entre Londres et Bruxelles ne s’ouvriront que début mars et devront être menées tambour battant, puisque Boris Johnson refuse de prolonger au-delà du 31 décembre la période de transition pendant laquelle les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes.

L’accès au marché unique du continent, fort de ses quelque 440 millions de consommateurs, est crucial pour le Royaume-Uni puisque l’UE reste son premier partenaire commercial.

Sans accord, il faudra en revenir au cadre de l’Organisation mondiale du commerce, ce qui serait bien plus pénalisant.

La pêche, sur laquelle les deux parties ont promis de s’entendre avant le 1er juillet, sera l’un des sujets sur lesquels «existe le risque de rupture le plus grave», a rappelé Michel Barnier, pour qui le futur accord devra garantir «un accès réciproque continu aux marchés et aux eaux avec des quotas stables».

Les pêcheurs de plusieurs États membres, comme la France et le Danemark, sont dépendants des eaux britanniques. Ces dernières représentent 30% du chiffre d’affaires des pêcheurs français.

De son côté, Boris Johnson a souligné que «reprendre le contrôle» de ces eaux poissonneuses était de première importance et qu’elles devraient être accessibles d’abord aux «bateaux britanniques».

La pêche pourrait constituer une monnaie d’échange dans ces discussions, par exemple pour l’accès au continent des services financiers britanniques, cruciaux pour la City de Londres.

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