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Caucus de l’Iowa : «L’establishment peut se considérer averti»

Photo: Andrew Burton/Getty Images
Dmitry Belyaev - Metro World News

Les caucus d’Iowa ont vu le sénateur du Texas Ted Cruz coiffé à l’arrivée le milliardaire Donald Trump chez les républicains. Du côté démocrate, l’ancienne secrétaire d’État Hillary Rodham Clinton est arrivée nez à nez avec son opposant Bernie Sanders, sénateur du Vermont. Les résultats, qui ont déjoué tous les sondages, ont posé la première pierre sur la longue route qui mène au Bureau ovale. Métro a demandé à Fletcher McClellan, professeur de sciences politiques au Collège Elizabethtown, en Pennsylvanie, d’analyser l’impact de ces résultats pour la suite de la course à la Maison-Blanche.

Qui sont les grands gagnants de lundi soir?

La victoire de Ted Cruz est impressionnante, et ce, pour deux raisons. Il a non seulement surmonté les attaques lancées par Donald Trump et les bonzes du parti républicain, mais il a également réussi à rallier le vote des socio-conservateurs au détriment d’autres candidats comme Marco Rubio, le sénateur de la Floride, Ben Carson ou Mike Huckabee.

Bien que Rubio ait terminé en troisième position, il mérite de figurer parmi les gagnants de l’Iowa. Sa campagne a décollé dans la dernière semaine et il a presque réussi à se hisser devant M. Trump. Ce bon résultat donnera sans aucun doute de l’élan à sa candidature en vue des primaires du New Hampshire, qui auront lieu le 9 février.

Du côté démocrate, Bernie Sanders peut très bien revendiquer une victoire face à Hillary R. Clinton, qui est de loin la favorite de la course. Toutefois, Mme Clinton a fait ce qu’elle devait faire. En remportant par une marge, même infime, elle a empêché M. Sanders de rafler l’Iowa et le New Hampshire, où le sénateur de l’État voisin, le Vermont, est largement en avance.

Et qui sont les perdants?

Donald Trump a été le plus grand perdant, cela ne fait aucun doute. Avant les caucus de lundi, il menait dans tous les sondages. Sa campagne est bâtie sur l’estime qu’il a de lui-même et sur le fait qu’il se dépeint comme un gagnant; désormais, il doit encaisser une défaite. Il aurait pu mettre Ted Cruz hors jeu; au lieu de cela, nous avons maintenant une course à trois, avec Rubio. L’autre grand perdant, c’est Jeb Bush, qui a dépensé une fortune en Iowa pour ne récolter que 2,8 % des voix.

Que pensez-vous de la performance de Bernie Sanders?

Elle a été impressionnante, d’autant plus qu’il était un parfait inconnu il y a de cela six mois. Son message voulant que le système économique et politique américain soit là pour favoriser les fortunés au détriment de la classe moyenne résonne beaucoup auprès d’un électorat jeune et progressiste. Résultat : il a obligé Mme Clinton a adopté plusieurs mesures de sa plate-forme. M. Sanders a également amassé un montant très impressionnant d’argent, la plupart provenant de petites contributions individuelles. Ça lui permettra de mener campagne jusqu’au printemps.

Est-ce que le candidat Sanders pourra conserver le même élan dans les autres primaires?

Après le New Hampshire, le calendrier électoral se déplace au sud, où ça s’annonce difficile pour M. Sanders. Les Afro-Américains et les hispaniques forment un grand pourcentage de l’électorat démocrate, et ils ont toujours été derrière les Clinton, autant Bill qu’Hillary. M. Sanders doit trouver une façon de diffuser son message à plus grande échelle et d’élargir son bassin de partisans pour espérer l’emporter.

Autant Ted Cruz que Bernie Sanders ont dit que les Iowiens avaient envoyé un message fort à l’establishment lundi soir. Qu’en pensez-vous?

Plus de la moitié des électeurs d’Iowa ont appuyé des candidats considérés comme en dehors du système. L’establishment peut en effet se considérer averti.

Est-ce que les politiques de Bernie Sanders, qui veut augmenter le salaire minimum à 15 $ et rendre l’université plus accessible, voire gratuite dans certains cas, sont réalistes?

C’est là une des différences majeures entre les deux candidats démocrates. M. Sanders défend des positions très ambitieuses, alors que Mme Clinton préfère appuyer les objectifs de son adversaire, en privilégiant toutefois une approche graduelle pour les atteindre. Paraphrasant l’ancien slogan du président George W. Bush qui se présentait comme un «réformiste qui livre des résultats», Mme Clinton se dresse en égérie du mouvement progressif «qui accomplit les choses qu’elle promet.»

Est-ce que Mme Clinton devra apporter des changements à sa campagne pour faire face à M. Sanders?

Lundi soir, elle a salué son adversaire, qu’elle a qualifié de compétiteur de valeur et idéaliste. Je m’attends à ce qu’elle continue ainsi et qu’elle utilise le moins possible des publicités négatives contre M. Sanders. Elle aura besoin de l’appui de M. Sanders et de ses jeunes partisans pour unifier le parti, si elle obtient l’investiture démocrate.

À quoi peut-on s’attendre pour la suite?

Mrs. Trump et Sanders partent largement favori au New Hampshire. La grande question est donc : quel Républicain terminera en seconde position? Nous avons voir la champ républicain se réduire à trois ou quatre candidats après la prochaine semaine.

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