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REM: la Caisse conteste les conclusions du BAPE

Représentation d’une station du nouveau réseau (Groupe CNW/CDPQ Infra) Photo: Collaboration spéciale/CDPQ Infra

Méconnaissance du projet, incompréhension de ses détails et informations oubliées: la Caisse de dépôt et placement du Québec rejette les conclusions du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE ) sur son projet de Réseau électrique métropolitain (REM).

La filiale de la Caisse responsable des projets d’infrastructure, CDPQ Infra, a jugé «inexplicable» que plus de 1200 pages de document, dont la plupart touche des enjeux environnementaux, n’ont pas été considérées par la BAPE. Elle a indiqué, par voie de communiqué, lundi, qu’elle a développé son projet «en toute transparence» et en consultant «les municipalités, les gouvernements, le public et les parties prenantes».

Pour ce qui est du projet en tant que tel, CDPQ Infra a déploré que le BAPE remette en question son choix de mode de transport, soit un métro léger automatisé. Les commissaires lui ont reproché de ne pas avoir étudié d’autres modes de transport en commun, particulièrement pour la future desserte qui remplacera les autobus express sur le pont Champlain.

La Caisse a répondu en vantant les mérites de son projet de REM qui offrira «un service vastement amélioré, fiable et à haute fréquence, 20 heures par jour, sept jours sur sept». Elle a précisé que le tramway a été considéré, mais il a été éliminé entre autres parce qu’il augmenterait la congestion routière en occupant une voie de circulation.

Pour répondre aux craintes de réduction de service sur la ligne Deux-Montagnes manifestées par le BAPE, la Caisse a indiqué qu’il y aura trente départs en direction de Montréal en heure de pointe, plutôt que cinq. «Le REM permettra de multiplier par six la fréquence de la ligne Deux-Montagnes», a-t-elle fait savoir.

«La commission fait plusieurs omissions et erreurs concernant le REM, un projet structurant pour le Grand Montréal, et elle déforme la réalité du modèle innovant de CDPQ Infra» -Extrait de la réponde de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Le choix du tracé a été remis en question par le BAPE, notamment le tronçon qui se trouvera le long de l’autoroute 40. CDPQ Infra a expliqué avoir mis de côté le tracé qui aurait longé l’autoroute 20 en raison des coûts qui auraient explosé, de l’échéancier qui aurait dû être rallongé et des difficultés technologiques en raison de la présence de voies ferroviaires du Canadien Pacifique et du Canadien National à proximité.

Quant à la gare qui se trouvera en bout de ligne sur la Rive-Sud, CDPQ Infra a justifié son emplacement sur une terre agricole par le fait que celle-ci «n’est pas cultivée depuis plus de 10 ans et est enclavée par le centre commercial Dix30, un poste d’Hydro-Québec et deux autoroutes». Ce site présente «le moins d’impacts physiques, géotechniques et financiers», a ajouté la filiale de la Caisse de dépôt et placement, qui entend proposer un plan de compensation.

Aux inquiétudes du BAPE voulant que le REM ne soit pas intégré aux réseaux existants de transport en commun, CDPQ Infra a affirmé que le projet sera soumis à la Lois sur les transports, qui impose l’existence d’une coordination avec les services de transport en commun déjà en place. La filiale de la Caisse de dépôt et placement participe également aux discussions portant sur l’arrivée prochaine de la nouvelle gouvernance de transport en commun dans la région métropolitaine.

CDPQ Infra ne s’est pas prononcé, dans son communiqué, sur l’impact de son projet sur les autres sociétés de transport – ce qu’a réclamé le BAPE –, ni sur les données financières qui lui ont été réclamées ou sur l’exclusivité du tunnel du mont-Royal, qui a été questionnée. Son porte-parole, Jean-Vincent Lacroix, a indiqué qu’aucune demande d’entrevue n’était accordée lundi.

Le BAPE a répliqué, par voie de communiqué, lundi en fin de journée, que CDPQ Infra a présenté des documents importants seulement à la mi-decembre, lorsque le rapport final a été complété, ce qui fait que des «des éléments essentiels du projet n’ont pu être analysées.»

Il a réitéré que l’étude du projet de REM dans une perspective de développement durable comprend les dimensions écologiques, scociales et aussi économique.

Le projet de REM, dont le coût de construction s’élèvera à 5,9G$, s’étendra sur 67 kilomètres. Les trains se déplaceront de la Rive-Sud jusqu’à la Deux-Montagnes, en passant par la Gare centrale, et ils desserviront aussi l’aéroport Montréal-Trudeau et l’Ouest-de-Montréal jusqu’à Saint-Anne-de-Bellevue. CDPQ Infra prévoit construire 27 stations.

«Un moment donné, il faut être visionnaire. Il faut arrêter de toujours se replier sur soi et de toujours trouver des bibittes pour ne pas que ça fonctionne. Je pense que le Montréal qui se transforme, qui est une métropole extraordinaire sur la scène internationale, a besoin du REM.» – Denis Coderre, maire de Montréal, qui n’est pas d’accord avec les conclusions du rapport du BAPE. Il dit ne pas comprendre pourquoi celui-ci a escamoté près de 1200 pages de documents.

«On nous vend ce projet comme étant LE projet de transport en commun du XXIe siècle à Montréal.  Je ne comprends pas l’attitude du maire qui devrait vouloir tellement un bon projet qu’il va écouter les experts, qu’ils va écouter ce que le BAPE a à dire. Il y a tellement de drapeaux rouges.» – Valérie Plante, chef de Projet Montréal

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