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Les voix de Montréal: Côte Saint-Luc

Photo: Fonds Conrad-Poirier/ Bibliothèque et archives nationales du Québec
Sherry Simon, Jean-Philippe Warren et Gene Morrow - Université Concordia

Dans le cadre du 375e anniversaire de la Ville de Montréal, Métro s’est associé avec l’Université Concordia pour vous faire découvrir des quartiers fascinants par leur passé et leur présent. Ce mois-ci: Côte Saint-Luc.

Géographie
Située presque au centre de l’île, la ville de Côte Saint-Luc a pour voisins Ville Saint-Laurent au nord, Lachine à l’ouest, Montréal-Ouest et Notre-Dame-de-Grâce au sud et Hampstead à l’est.

Hier

• Le nom de Côte Saint-Luc remonte aux environs de 1660. « Côte » ou « coteau » désignait la montée qui permettait d’accéder par le nord-ouest au Coteau Saint-Pierre. Quant au nom Saint-Luc, il honore fort probablement l’évangéliste, puisqu’il était alors courant de donner aux lieux de la Nouvelle-France des noms
de patrons catholiques.

• Côte Saint-Luc s’ouvre à la colonisation à la fin du XVIIe siècle. La première concession de terre fut faite à Pierre Hurtubise en 1687. En 1818, une communauté de plus de 200 personnes vit sur des fermes. Mais la forêt et la prairie continuent de dominer le paysage. Plusieurs habitants chassent dans les environs.

• La localité reste agricole jusqu’au début des années 1940, avec une population d’environ 500 personnes. Côte Saint-Luc obtient le statut de municipalité en 1951, et de ville en 1958. Entre-temps, en 1914, Hampstead s’en était détaché pour faire l’objet d’un projet urbain de cité-jardin.

• La chapelle Côte Saint-Luc fut érigée dans la première moitié du XIXe siècle, le long du chemin de la Côte-Saint-Luc. Son emplacement correspond aujourd’hui à celui du Saint Patrick Square, situé à l’angle nord-est du chemin de la Côte-Saint-Luc et de l’avenue King-Edward. La façade de la chapelle était en pierre de taille, tandis que ses autres murs étaient revêtus de moellon. Une flèche à un lanterneau coiffait originellement l’édifice. Au fil des ans, l’immeuble a été converti en maison, en école, en station d’essence, en magasin général et même en entreprise de plomberie. Elle fut démolie en 1963.

• Les premiers maires de Côte Saint-Luc sont des francophones, comme Luc Prud’homme, Pierre Lemieux, François Xavier Décarie.

• Côte Saint-Luc devient une destination de choix pour les juifs qui quittent les anciens quartiers et migrent vers l’ouest de l’île après la Deuxième Guerre mondiale. Plusieurs d’entre eux s’établiront à Snowdon, mais d’autres, à la recherche de logements plus grands et d’un style de vie plus moderne, choisiront de s’établir à Côte Saint-Luc.

• Côte Saint-Luc sera ainsi associé dès ce moment à la communauté juive. Le quartier finit par abriter la plus importante population juive – en particulier la plus importante communauté sépharade – de la région montréalaise. Bon nombre d’entre eux sont des survivants de l’Holocauste.

• En 1964, une institution de grande importance pour la communauté juive voit le jour à Côte Saint-Luc : l’hôpital Maimonides pour aînés. L’hôpital innove dans le domaine des soins gériatriques. Il est aujourd’hui connu sous le nom de Centre gériatrique Donald Berman Maimonides.

• Côte Saint-Luc s’est forgé une forte réputation en matière de défense des droits de la personne. En 2000, la Ville inaugure le Human Rights Walkway, le Passage des droits de la personne, dans le parc Pierre-Elliott Trudeau, afin de rendre hommage à des personnages ayant contribué à l’histoire des droits humains : Nelson Mandela, Jackie Robinson, Aung San Suu Kyi et John P. Humphreys. Le dernier nom ajouté à la liste des personnes honorées est celui d’Irwin Cotler, un célèbre avocat et un ardent militant canadien des droits humains qui a habité Côte Saint-Luc.

Aujourd’hui

• Côte Saint-Luc est physiquement enclavé. Il n’y a aucun métro ou arrêt de train pour relier au territoire montréalais. Étant situé en bordure d’une importante gare de triage et entourée de voies ferrées, Côte-Saint-Luc a dû construire des passages souterrains et des viaducs afin de garder contact avec l’extérieur. Plusieurs plaident pour l’extension de la rue Cavendish jusqu’à l’autoroute 40, ce qui permettrait le raccord de la ville par une artère importante. Après avoir été bloqué par le maire Bernard Lang, le projet a finalement été approuvé par le conseil municipal, en 2016. La Ville vient d’accorder un montant important pour la mise à l’étude du projet.

• Fait cocasse : Côte Saint-Luc comprend deux morceaux de terrain, des «exclaves», en quelque sorte, qui se retrouvent dans le périmètre de la ville de Hampstead. Ces bouts de terrain (une partie de l’Hippodrome et un bout de la rue Macdonald) sont restés la propriété de Côte Saint-Luc quand la ville d’Hampstead a été formée. Ils devaient éventuellement être intégrés à Hampstead, mais plusieurs tergiversations ont retardé la régularisation de cette anomalie et les «exclaves» continuent d’exister.

• Côte Saint-Luc est essentiellement un quartier résidentiel. Il cultive une réputation de quiétude et de propreté. Il est notamment l’une des premières municipalités au Québec à avoir interdit l’usage de pesticides et avoir rendu obligatoire le port du casque à vélo.

• Côte Saint-Luc est la seule municipalité sur l’île de Montréal à disposer de son propre service de premiers répondants, distinct de celui de la Ville de Montréal. Les Services médicaux d’urgence (SMU) sont un service bénévole qui dessert la communauté depuis 1980. Chaque année, les SMU répondent à plus de 3 000 appels d’urgence médicale, arrivant sur les lieux d’un incident en moins de quatre minutes. Provenant de tous les milieux et parlant plus d’une douzaine de langues, les bénévoles des SMU participent à divers événements publics.

• La bibliothèque publique Eleanor London, est une institution importante du quartier. Elle a d’abord ouvert ses portes en 1966 dans le centre d’achats Côte Saint-Luc, avant d’intégrer ses locaux actuels, en 1986. Son nom honore la première bibliothécaire, qui y a travaillé durant 36 ans. Durant la crise du verglas, en 1998, la bibliothèque a servi de refuge aux personnes en détresse.

• Beaucoup de noms de rue soulignent la contribution d’artistes et de scientifiques qui ont habité la ville. Par exemple, la rue Irving Layton rend hommage au poète, né en 1912 en Roumanie, et mort en 2006. Layton (de son vrai nom Israel Pincu Lazarovitch) a vécu de longues périodes de sa vie dans le quartier avec sa femme, la peintre Betty Sutherland. Layton est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages. Il était aussi un professeur très apprécié.

• Les admirateurs de Star Trek seront sans doute heureux d’apprendre que le célèbre acteur William Shatner a passé son enfance à Côte Saint-Luc.

• Bien qu’une forte proportion de la population soit juive (40 %), la composition de Côte Saint-Luc change avec les années. Parmi les immigrants ayant obtenu le statut d’immigrant de 2006 à 2011, on trouve entre autres des gens venus de la république de Moldavie (12 %), des Philippines (9 %) et de la Chine (4 %). Le secteur reste par ailleurs très anglophone, 62 % des habitants parlant anglais dans leur quotidien, alors que seulement 16 % parlent français et 22 %, une autre langue.

 

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