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Incertitudes pour la création du centre animalier de Montréal

Photo: Josie Desmarais/Métro

Pour la deuxième fois en moins d’un an, aucune entreprise ne s’est manifestée pour l’obtention du contrat de construction du centre animalier de Montréal, dont l’inauguration pourrait être encore retardée.

La Ville de Montréal a annulé cette semaine l’appel d’offres lancé près d’un mois plus tôt visant à trouver une entreprise qui serait en mesure de démarrer les travaux afin de construire, à terme, le bâtiment de la future fourrière municipale. En mars dernier, l’administration avait déjà été contrainte à la même conclusion, quatre mois après avoir lancé un premier appel d’offres resté sans réponse.

Cet appel d’offres visait entre autres à déménager le clos des parcs, un endroit où sont entreposés différents équipements municipaux, situé sur le site du futur Centre de services animaliers (CSAM), aux abords du boulevard Pie-IX et de la 47e Rue. Une première étape nécessaire «pour permettre les travaux de réhabilitation environnementale des sols contaminés», tel qu’indiqué dans le cahier des charges.

Ces travaux, préalables à la construction du bâtiment du centre animalier, qui étaient prévus au départ pour la mi-mars, devaient finalement débuter le 4 septembre, pour une durée d’environ deux mois. Ils incluaient notamment l’excavation des remblais et des matières organiques, la gestion des sols, le pompage des eaux contaminées et le raccordement de roulottes municipales, présentes actuellement sur les lieux, dans un nouvel espace.

«Nous croyons que la période estivale, à l’approche des vacances de la construction, n’était pas propice pour recevoir une attention optimale», justifie par écrit Jules Chamberland, porte-parole de la Ville. Celle-ci compte relancer pour la troisième fois cet appel d’offres le 7 août.

«Ce centre est un beau projet, un besoin exprimé par les citoyens et l’administration est déterminée à le mettre en œuvre.» – Frantz Benjamin, président du conseil municipal

Coûts incertains
Censé remplacer les services actuellement offerts actuellement par le Berger Blanc et la SPCA, ce refuge a vu l’estimation de ses coûts augmenter année après année. Après avoir mis en avant le chiffre de 23M$, l’administration Coderre a mentionné une somme nette de 34,75M$ dans son dernier Programme triennal d’immobilisations (PTI) pour la période 2017-2019. Celle-ci comporte néanmoins «une marge d’erreur de 20% à 100%» et comprend «des honoraires professionnels externes, les coûts de construction, les coûts de décontamination estimés du terrain», est-il écrit dans ce PTI.

«Le site d’implantation du centre animalier est localisé sur un ancien site d’enfouissement et comme pour tous les projets de la Ville, nous réalisons une étude des sols. Avant de procéder aux travaux, une décontamination est donc requise», précise la Ville, qui évoque un volume de 58 000 m3 à décontaminer.

Ce dernier point inquiète Projet Montréal, l’opposition officielle à l’hôtel de ville. «Les entreprises sont frileuses pour creuser sur des sols contaminés, les coûts peuvent augmenter considérablement. C’est trop risqué», avance le conseiller Sterling Downey, qui ne voit pas une telle construction voir le jour «avant 2020» en raison de ces multiples délais.

Conseiller de Saint-Michel, Frantz Benjamin préfère quant à lui rester optimiste. «Il est préférable qu’on prenne le temps d’avoir un fournisseur qui livre [ce centre] à temps, juge le président du conseil municipal, qui écarte de futures «mauvaises surprises». «Je ne crois pas que la décontamination soit un problème, avance-t-il. On connaît la situation de ce sol. Ce qui est frustrant, c’est de réaliser un projet plein d’inconnues.»

La Ville indique d’ailleurs, par courriel, garder espoir pour «une mise en opération du centre pour la fin 2019».

Évoqué dès 2011
Initialement, ce refuge, d’une capacité d’accueil annuelle de 12 000 animaux, était attendu pour la fin de l’année 2018. Mais de multiples retards ont repoussé ce projet évoqué depuis 2011 par l’ancien maire, Gérald Tremblay, avant d’être repris par Denis Coderre.

L’ex-député libéral avait pris la décision, en 2014, de déménager ce centre du parc Angrignon, comme envisagé par le passé, vers un site situé dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Ce dernier, à l’instar de plusieurs arrondissements, a déjà pris les devants en signant des contrats avec le Berger Blanc jusqu’en octobre 2019 avec une option de renouvellement pour six mois, renouvelable, afin que les services animaliers soient assurés en cas de délais supplémentaires.

Relocalisation demandée par lopposition
Pour éviter d’autres retards, Projet Montréal, qui se montre cependant «très favorable» à ce projet, demande la relocalisation de ce refuge. Un problème d’accessibilité est également mis en avant.

«C’est un lieu isolé, dans un parc industriel, reprend Sterling Downey. C’est stupide de le placer là-bas. Il y a trop de contraintes. Il faut repenser ce lieu, le déménager et le mettre plus proche des gens et des bénévoles qui viendront y travailler.»

«Le bilan de l’administration Coderre en matière de gestion animalière est vraiment un échec.» – Sterling Downey, conseiller de Projet Montréal

La mairesse de VSMPE, Anie Samson, responsable de ce dossier au sein de l’administration Coderre, n’a quant à elle pas retourné les appels de Métro.

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