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Moins de 900 constats pour le nouveau règlement animalier

Photo: Chantal Lévesque / Métro

Si la Ville de Montréal avait sérieusement serré la vis quelques semaines avant l’adoption du nouveau règlement animalier, elle se montre désormais beaucoup moins ouverte à la distribution de constats d’infraction.

Entre le 3 octobre 2016, date d’entrée en vigueur de ce règlement animalier, qui interdit notamment l’acquisition de nouveaux pitbulls sur le territoire montréalais, et le 6 août dernier, les agents de la patrouille de contrôle animalier ont distribué 880 constats, selon des données obtenues par Métro.

Lancée en grande pompe en juillet 2016, cette patrouille temporaire avait remis, en seulement deux mois, près de 900 constats aux propriétaires d’animaux ne respectant pas la réglementation de l’époque. Un chiffre qui a à peine doublé un an plus tard, alors que ce règlement a permis de resserrer certains points.

Tous les chiens doivent désormais être tenus en laisse d’une longueur de 1,85m. Pour les pitbulls enregistrés, cette taille est réduite à 1,25m et les chiens de plus de 20kg doivent également porter un harnais ou un licou.

Pas de constats pour des laisses trop longues
Si 555 constats ont été distribués pour des chiens non enregistrés, 290 l’ont été pour des chiens sans laisse. En revanche, aucune infraction pour des laisses trop longues, rétractables notamment, n’a été signalée. Un chiffre qui donne du grain à moudre aux opposants de cette nouvelle législation.

«À quoi ça sert d’avoir fait à la hâte ce règlement si finalement on ne punit pas ce qui est dangereux pour le public, dénonce Me Julius Grey, l’un des fondateurs de la Coalition pour la promotion de la sécurité des personnes et des chiens (CPSPC). Tout ce qu’on a fait, c’est faire peur au public alors qu’il suffisait simplement de faire appliquer la législation précédente pour contrôler les véritables maux.»

«Tout ce truc, ce n’était qu’un effet d’annonce, indique pour sa part Sabrina Sabbah, cofondatrice de l’association Velvet Hearts Canada, qui œuvre pour le bien-être animal. C’était une approche émotionnelle et politique, pour mettre un pansement sur une situation que l’on ne maîtrise finalement pas.»

Ce règlement n’était qu’un show du maire Coderre pour faire croire qu’il agit, mais ce n’est pas vrai.» – Sterling Downey, conseiller de Projet Montréal

Selon l’élu de Verdun, Sterling Downey, «l’administration Coderre devrait avoir honte de ces chiffres». «C’est ridicule», reprend le responsable de ce dossier pour Projet Montréal, l’opposition officielle, qui prend en exemple le petit nombre d’inspecteurs présents pour faire appliquer ce règlement.

Une brigade de huit personnes
Composée actuellement de 8 personnes chargées de contrôler les 19 arrondissements, cette patrouille serait trop peu nombreuse. «Si on était vraiment inquiet de la sécurité publique, on aurait investi davantage et on aurait surtout fait une réelle campagne publicitaire pour rendre responsables les propriétaires d’animaux», soutient Sterling Downey.

Un gestionnaire en contrôle animalier a également confié à Métro son inquiétude. «Ça n’a aucun sens, les animaux continuent d’être mis à la rue. Depuis octobre, je n’ai vu que deux agents. Cette brigade ne règle pas les problèmes et ne punit pas les fautifs», a confié cette personne, anonymement, par crainte de perdre ses contrats avec la Ville.

La Ville mise sur «la sensibilisation»
La Ville, qui n’a par ailleurs puni aucun propriétaire de chat non enregistré, n’a pas souhaité émettre de commentaires sur ces chiffres. «La patrouille a aussi un mandat d’information et de sensibilisation auprès des citoyens», explique une porte-parole de l’administration Coderre, Gabrielle Fontaine-Giroux.

Elle souligne que «la priorité des patrouilleurs demeure le contrôle des chiens dangereux et le respect du règlement relatif au port de la laisse et de la médaille».

La Ville, qui avait décidé de changer son règlement animalier après le décès d’une résidente de Pointe-aux-Trembles en juin 2016, rappelle avoir lancé une «campagne de communication intégrée» pour demander aux propriétaires de chiens de type pitbull de faire une demande de permis spécial. Au total, près de 2000 pitbulls ont été enregistrés.

Parmi les 880 constats distribués, seulement 10 ont néanmoins concerné de tels chiens. «Est-ce vraiment eux le problème ou le manque de laisse? Tout ça prouve que ce règlement n’aura servi à rien», clame Sterling Downey.

À noter que des constats peuvent également être remis par les agents du Service de police de la Ville de Montréal. Ce dernier n’a pas été en mesure de communiquer ses propres chiffres.

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