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L’hôpital Notre-Dame doit recruter 700 employés sur fond de pénurie

Photo: Mario Beauregard/Métro

À trois mois du début de sa nouvelle vocation, l’hôpital Notre-Dame doit encore combler 30% de ses postes. Les syndicats doutent que cela soit faisable et craignent pour la qualité des soins.

Quand le nouveau Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) ouvrira ses portes au centre-ville, l’hôpital Notre-Dame, proche du parc LaFontaine sera transformé en hôpital communautaire.

Le changement de vocation est toujours prévu pour le 26 novembre. Mais pour arriver à offrir 250 lits tels que prévu, la direction doit compter sur un bassin de 2000 employés. Compte tenu des effectifs actuels qui seront gardés, cela implique d’embaucher près de 700 personnes en trois mois.

C’est au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud de l’île de Montréal qu’incombe désormais l’embauche, car l’hôpital Notre-Dame relèvera bientôt de cet organisme public qui chapeaute aussi notamment des CLSC et des CHSLD, l’hôpital de Verdun et la Direction régionale de santé publique.

«Habituellement, on recrute environ 2000 employés par an. Là, le rythme demandé est presque trois fois plus élevé, mais on est confiants», indique Vincent Lehouillier, directeur des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques du CIUSSS Centre-Sud de Montréal.

L’hôpital cherche notamment 15 inhalothérapeutes, près de 200 infirmières, 60 préposés aux bénéficiaires et 75 agents administratifs. Or, dans ces métiers, le taux de chômage est plutôt faible, ce qui signifie qu’il faut généralement convaincre les recrues de quitter leur emploi actuel, attirer les finissants, ou convaincre ceux qui ont abandonné la profession d’y retourner.

Pour les attirer, l’hôpital Notre-Dame avance plusieurs arguments. «Ce qui est intéressant chez nous, c’est qu’on propose des quarts de travail qui sont habituellement réservés à des employés ayant une certaine ancienneté et dans des secteurs recherchés tels que les cliniques externes, les blocs opératoires ou le service des soins intensifs», lance M. Lehouillier, qui invite les personnes intéressées à utiliser la ligne téléphonique et le site internet www.plusfortavecvous.ca, prévus à cet effet.

Autre défi, le nouveau CHUM est lui aussi en période de recrutement intensif, alors que les trois hôpitaux montréalais (St-Luc, Hôtel Dieu et Notre-Dame) sont en voie de s’installer dans le nouvel hôpital flambant neuf de la rue Saint-Denis. La directrice des ressources humaines du Nouveau CHUM, Natasha Antaya, précise avoir ajouté une campagne de recrutement en plein été pour recruter des infirmières supplémentaires.

«Ce n’est pas parce qu’on craint de manquer nos cibles de recrutement, c’est plutôt pour donner plus de souffle à nos équipes», dit-elle en précisant que selon la littérature, dans un contexte de transformation, le taux de roulement du personnel peut augmenter de 50% tous secteurs d’activité confondus. «On n’a pas atteint ce taux-là, ajoute-t-elle en précisant que le taux de roulement chez les infirmières avaient été de 15.82% dans la dernière année financière se terminant en mai 2017.

Du côté syndical, on reste sceptique. «Il va manquer du monde des deux côtés [au CHUM et au CIUSSS]», prévoit Guy Brochu, Syndicat des professionnels en soins de santé du CHUM. Un avis partagé par son homologue syndical Claude Talbot, qui dirige le président du Syndicat des employés du CHUM. «Le gouvernement a trop coupé en santé et maintenant, en terme de recrutement, il faut déshabiller un hôpital pour pouvoir combler les besoins en personnel d’un autre hôpital», ajoute-t-il. M. Talbot craint qu’au final, «les critères d’embauche ne soient abaissés et que ce soit le patient qui écope».

Les pénuries d’employés empêchant un hôpital de fonctionner à plein régime, c’est ce qu’a connu le Centre hospitalier universitaire anglophone de Montréal. Selon Radio-Canada, trois mois après le déménagement du CUSM, 150 postes d’infirmières n’avaient pas été pourvus, soit environ 7% des postes.

Malgré tout, les directeurs des ressources humaines du CIUSSS Centre-Sud de Montréal et du Nouveau CHUM assurent que les critères d’embauche et la qualité des soins ne sont pas remis en cause . «Dans le domaine de la santé, le personnel a déjà une certaine expérience du terrain par l’intermédiaire des stages et une période de formation est au menu pour chacun des postes», répond M. Lehouillier qui souligne que le CHUM et le CIUSSS «collaborent à la poursuite de leurs missions respectives».

 

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