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L’avenir du complexe Bourbon en jeu

Photo: Josie Desmarais

Le projet de reconstruction du complexe Bourbon ne fait pas l’unanimité dans le Village. Décrié par plusieurs citoyens, il fera peut-être l’objet du dernier référendum sur un projet immobilier à Montréal.

Pour le moment, la date du référendum n’a pas encore été dévoilée. Le 8 novembre, les 1200 citoyens résidant dans la zone adjacente au complexe Le Bourbon seront invités à signer un registre au bureau d’arrondissement de Ville-Marie pour manifester leur désaccord au projet promoteur. Il faudra au minimum 10% de signatures pour que référendum ait lieu, le dernier à Montréal en raison de leur abolition prévue à la loi sur la reconnaissance des municipalités comme des gouvernements de proximité. S’il y a assez de signatures de contestataires, le projet pourrait aussi être retiré.

D’après les informations fournies par l’arrondissement de Ville-Marie, ce referendum n’empêchera pas le promoteur de construire un bâtiment d’une hauteur neuf étages sur le site du complexe Bourbon, poumon culturel du Village dans les années 1990 et 2000. Dans l’éventualité où il y a une référendum et que les citoyens votent en grand nombre pour renvoyer le promoteur à la table à dessin, ce dernier devra modifier l’apparence extérieur du projet et son intégration architecturale, sans avoir à baisser la hauteur pourtant controversé du bâtiment.

«Si on a un nombre suffisant de personnes qui vont voter, le projet devrait être révisé. C’est sur ce point que s’est engagé Denis Coderre, mais il peut dire ce qu’il veut, peut-être qu’il se permettra de passer outre, on n’a pas beaucoup de garanties », s’inquiète le porte-parole de la Coalition de citoyens contre ce projet, Cyrille Girard.

Pour le promoteur, Labid AllJundi, perdre ce referendum serait une défaite pour tout le monde. «On va devoir reprendre le projet depuis le début. Ce projet-là, on y travaille depuis 3 ans, alors ce sera sûrement la même durée pour un nouveau projet. Ce serait triste de laisser [le complexe Bourbon] comme ça pour encore trois ans », se désole-t-il.

Les citoyens qui s’opposent à la dernière mouture du projet exigent la diminution de la hauteur de l’immeuble, prévu initialement à 35 mètres, mais aussi l’accueil d’un organisme LGBT dans un local à loyer modique, la présence de logements sociaux et une meilleure intégration architecturale. Zoom sur ces deux enjeux de la discorde

Neuf étages ou rien
À cause de sa hauteur de 9 étages, le bâtiment qu’envisage de construire le promoteur ne respectait pas la règlementation en vigueur dans le secteur, qui limite la hauteur des immeubles à trois étages. L’arrondissement de Ville-Marie a alors fait une demande au conseil de ville pour modifier le plan d’urbanisme, contrairement à l’avis du comité Jacques Viger, un comité d’urbanistes de la ville ainsi que l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Ceux-ci ont jugé la demande de l’arrondissement injustifiée, puisqu’elle ne concernait pas seulement le secteur du Bourbon, mais aussi les terrains de TVA, situés entre Sainte-Catherine et De Maisonneuve. Malgré tout, le plan d’urbanisme a été modifié par le conseil de ville en août dernier. Si le référendum rejette le projet, le promoteur pourrait très bien présenter des plans modifiés sans pour autant changer la hauteur de 9 étages.

Le deuxième étage contesté
L’OCPM était prête à soutenir le projet auprès de la Ville, notamment à la condition que le promoteur réserve le deuxième étage à un organisme LGBTQ du quartier afin de justifier une dérogation de hauteur et de pouvoir mieux intégrer le bâtiment dans le Village. Le règlement municipal actuel oblige d’ailleurs le promoteur à réserver le deuxième étage à un organisme communautaire.
Pour le promoteur du projet, Labid AlJouni, qui a investi 5M$ dans le deuxième étage, n’y voit aucun inconvénient, tant que l’organisme est en mesure payer le loyer. Il propose d’ailleurs de baisser le loyer de 20% et de garantir le bail pour au moins 3 ans.
Aucun organisme LGBT du quartier ne s’y installera car le loyer restera trop élevé, croit le directeur du Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal, Christian Tanguay. Son organisme a été pressenti, mais il n’a pas été en mesure de s’entendre avec le promoteur sur un loyer accessible.
Pour la députée solidaire de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé, il est primordial que les nouvelles constructions du Village soient tournées vers la communauté LGBT. «Si on fait du développement à la pièce, on va dénaturer le Village, a-t-elle dénoncé. En ayant une vision globale, ça encadrerait un peu plus nos décideurs pour la suite des choses ».

«La stratégie visant à hausser [la hauteur des bâtiments] a été celle qui a été utilisée pour relancer le centre-ville dans son ensemble, et ça a magnifiquement bien fonctionné, il faut montrer aux propriétaires des terrains quel serait leur intérêt à développer la ville, à investir dans la ville». – Richard Bergeron, conseiller du district de Saint-Jacques, lors du conseil de ville du 21 aout 2017.

«Les critères de l’OCPM n’ont pas été respectés et la Ville a voulu avancer sans garanti que des groupes communautaires puissent être hébergés sur le long terme, c’est-à-dire un horizon de 20-30 ans». – Robert Beaudry, candidat de Projet Montréal dans le district de Saint-Jacques.

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