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Le chef de la police de Montréal, Philippe Pichet, suspendu

Photo: Ryan Remiorz/La Presse Canadienne

À la suite d’une longue crise traversée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), son directeur, Philippe Pichet, a été suspendu de ses fonctions mercredi, alors qu’il lui restait trois années à son mandat.

Pour justifier cette décision, le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a évoqué «l’intérêt public» après la publication d’un portrait «extrêmement préoccupant» contenu dans le rapport, dévastateur, commandé par Québec pour enquêter sur les pratiques internes au sein du corps policiers, fortement ébranlé depuis plusieurs mois.

«Ce rapport [qui a été rendu public] fait état d’un laisser-aller», a notamment souligné Martin Coiteux, qui a également mentionné des «enquêtes qui ont été bâclées», «des informations importantes […] délibérément soustraites du rapport d’enquête afin d’éviter à certains policiers d’être poursuivis devant les tribunaux», des «traitements préférentiels» ou encore «des allégations criminelles qui auraient dû être enquêtées, qui ne l’ont pas été et qui n’ont pas été signalées au ministère de la Sécurité publique».

«Ce rapport fait état de sérieux doutes sur la capacité de Philippe Pichet de redresser la situation.» – Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique

«Le SPVM est miné depuis plusieurs mois par cette crise de confiance qui a puisé ses racines avec un manque de transparence», a également déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avant d’évoquer des «fautes graves» et une situation qui exigeait «un ménage» au sein de la direction de cette institution avec «un geste sans précédent».

Ancien directeur adjoint du SPVM, Philippe Pichet avait été choisi durant l’été 2015 par l’ancien maire, Denis Coderre, pour diriger le service de police montréalais. Il sera temporairement remplacé par Martin Prud’homme, qui va provisoirement quitter la direction de la Sûreté du Québec (SQ).

«On a besoin d’une personne qui a des capacités tout à fait exceptionnelles et qui est immédiatement opérationnel. On a trouvé la meilleure personne pour ce poste», a repris Martin Coiteux, rejetant ainsi l’idée de nommer à ce poste un civil.

Martin Prud’homme, qui n’a pas l’ambition de devenir le prochain chef de police de Montréal, a précisé le ministre, sera en poste jusqu’au 31 décembre 2018 et aura pour mission de redresser et restructurer le SPVM. Yves Morency, actuel directeur adjoint de la SQ, prendra quant à lui la tête de la SQ durant cette période.

Cette suspension de Philippe Pichet, qui n’a pas réagi après cette annonce, était «la première chose à faire», a assuré le ministre Coiteux. Ce dernier a ensuite souligné qu’un congédiement définitif pourrait être annoncé, après une lecture plus détaillée des affaires minant le SPVM.

Le syndicat des policiers a réagi à cette suspension, en soulignant que «le SPVM doit être remis sur pied». «Nous allons y concourir», a déclaré Yves Francoeur, le patron de la Fraternité des policiers.

«Il était temps que le SPVM s’engage dans un processus pour regagner la confiance du public et des policiers et policières, fortement ébranlée au courant des dernières années», a-t-il ajouté, mentionnant que des agents «ont sévèrement fait les frais de l’incompétence et des irrégularités de la direction et ont été malmenés par des processus injustifiés.»

Longue crise
Depuis plusieurs mois, le SPVM, qui compte près de 4500 policiers, fait face à une grave crise de confiance. À la fin de l’année 2015, la direction du SPVM avait dû faire face aux révélations concernant l’écoute de plusieurs journalistes, dont Patrick Lagacé.

En février dernier, deux anciens enquêteurs, Jimmy Cachionne et Giovanni Di Fao, avaient également accusé le service de police montréalais de bâcler des enquêtes internes et de réaliser de faux rapports afin de cacher des cas de corruption. Une enquête est toujours en cours à ce sujet. Menée notamment par la Sûreté du Québec, celle-ci a conduit à des perquisitions dans les locaux de la police montréalaise à la fin du mois d’octobre.

Au printemps, alors qu’une commission d’enquête avait été mise sur pied pour la protection des sources journalistiques, différents témoignages ont aussi révélé une forte proximité entre l’hôtel de ville et le SPVM. L’ancien maire, Denis Coderre, avait d’ailleurs reconnu avoir appelé directement Marc Parent, l’ancien chef de police, afin de «péter une coche» lorsqu’il a appris qu’une copie d’une contravention qu’il avait reçue en 2012 avait été transmise aux médias.

Le rapport de cette commission, menée par le juge Chamberland, sera quant à lui déposé le 14 décembre.

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