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Transport adapté: la «rémunération non-concurrentielle» des chauffeurs dénoncée

Photo: Chantal Levesque/Métro

Une entreprise spécialisée dans le transport adapté pour les personnes à mobilité réduite déplore la «rémunération non-concurrentielle» accordée à ses chauffeurs de taxi, qui assurent les déplacements des clients de la Société de transport de Montréal (STM).

«On est sous-payé, a affirmé mardi le président de Taxi Para-Adapté, Yung Cuong. Si on continue comme cela, ça sera l’enfer dans les prochaines années.»

Les chauffeurs de taxi qui travaillent pour M. Cuong reçoivent 1,75$ pour l’embarquement d’un client à mobilité réduite et autant pour le débarquement, en plus des frais de kilométrage.

«Depuis cinq ans, les clients du transport adapté sont moins autonomes, ce qui fait que l’accompagnement que doivent faire les chauffeurs à l’embarquement et au débarquement est devenu obligatoire», a souligné le président de Taxi Para-Adapté.

L’entreprise de Yung Cuong assure aussi les déplacements de clients provenant du réseau de la santé. Ses chauffeurs gagnent alors 20$ pour la prise en charge d’un client, en plus des frais de kilométrage.

«Tout le monde veut aller travailler pour le réseau de la santé», a indiqué M. Cuong. Selon lui, la rémunération versée aux chauffeurs de taxi qui collaborent avec la STM contrevient à la grille tarifaire de la Commission des transports du Québec. En vertu de celle-ci, les chauffeurs de taxi doivent être payés 0,63$ la minute pour le temps d’attente.

Or, un chauffeur de taxi accorde environ dix minutes de son temps à un client de la STM pour l’emmener à sa voiture, le sortir et le mener à bon port, ce qui fait qu’il devrait recevoir au moins 6,30$ pour l’embarquement et le débarquement d’un client, en plus des frais de prise en charge, d’après le président de Taxi Para-Adapté. Ce dernier a ainsi évalué que ses chauffeurs ont effectué du travail non-rémunéré d’une valeur de près de 12M$ au cours de la dernière année, puisque son entreprise réalise en moyenne près de 1,5 million de déplacements annuellement pour la STM.

La faible rémunération accordée aux chauffeurs de taxi pour les déplacements en transport adapté fait en sorte que Yung Cuong a perdu près de 20% de sa main-d’œuvre l’an dernier. «Et je ne suis pas capable de recruter, a-t-il lancé. Ce n’est pas valorisant pour les chauffeurs.»

«Je veux juste qu’on soit payé à notre juste valeur», a ajouté M. Cuong. Ce dernier a fait part de ses revendications à la mairesse, Valérie Plante, dans une missive envoyée plus tôt ce mois-ci. Il souhaite par ailleurs qu’un comité de travail rassemblant la STM, la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec et l’industrie du taxi soit formé pour réfléchir à la tarification du transport adapté.

La STM a réfuté les allégations de Taxi Para-Adapté. Elle a expliqué qu’elle signe un contrat global avec l’industrie du taxi. Elle est d’ailleurs en négociation pour le renouvellement de ce contrat, évalué à 45 à 50M$, qui vient à échéance en décembre 2018.

«Le contrat que signe la STM avec l’industrie est composé d’une série de paramètres qui font l’objet de la négociation du contrat, a rapporté la porte-parole de la société de transport, Isabelle Tremblay, dans une échange de courriels. Une fois le contrat conclu, chaque entreprise de taxi prend des ententes avec ses chauffeurs quant à la prestation de service négocié, qui inclut leur rémunération. Chaque entreprise de taxi à son modèle d’affaires à partir duquel elle rémunère ses chauffeurs.»

La STM a nié l’existence d’une pénurie de chauffeurs, précisant que ceux qui sont à l’emploi des entreprises de taxi suffisent à la demande.

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