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La famille de Pierre Coriolan réclame 163 000$ à la Ville de Montréal

La nièce de Pierre Coriolan Photo: Mario Beauregard/Métro

La famille de Pierre Coriolan, un homme noir tué par des agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en juin 2017, a déposé mercredi une poursuite contre la Ville de Montréal.

Deux sœurs de M. Coriolan réclament 163 000$ en dommages à la Ville. Leur avocate, Virginie Dufresne-Lemire, a plaidé que les cinq policiers ont utilisé une «force abusive et disproportionnée» et ont failli à réévaluer la situation.

«Un policier a l’obligation de n’utiliser que la force nécessaire. On soutient qu’ils ont fait tout le contraire. Ils ont crié, n’ont pas essayé d’abaisser la tension», a affirmé Me Dufresne-Lemire.

C’est le 27 juin 2017 que Pierre Coriolan est mort, dans son logement situé dans l’arrondissement de Ville-Marie. Les policiers avaient reçu un appel pour un homme en crise, mais l’intervention a dégénéré. Selon le rapport préliminaire du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), on sait que des pistolets électriques ont été utilisés, ainsi que des balles de plastique et de vraies balles, mais on ignore combien. «On ne le sait pas parce qu’on n’a pas le rapport d’autopsie du BEI, mais on se doute que ses blessures à l’abdomen ont été causées par de vraies balles», a expliqué Alain Arsenault, avocat-conseil dans ce dossier.

«Pierre Coriolan avait trois prises contre lui dans notre système. La première chose, il était noir. Quand on est noir, on a deux fois plus de chance de se faire tuer par le SPVM. L’autre facteur est qu’il avait des moyens modestes et la troisième chose est qu’il avait une problématique de santé mentale» –Will Prosper, militant et ancien policier

Dans une vidéo publiée mercredi par la famille, on peut voir les policiers tirer à plusieurs reprises sur l’homme, dans le corridor menant à son appartement. Après avoir reçu deux charges de pistolet électrique, Pierre Coriolan a crié de douleur et a dit : «pas capable». «Si la personne est à genoux, à dix pieds, quelle est la menace?» s’est questionné le documentariste Will Prosper, qui a présenté la vidéo aux médias.

À la vue de ces images violentes, la nièce de la victime, Johanne Coriolan, a quitté la salle où se tenait la conférence de presse. Dans une déclaration lue par la militante Maguy Métellus, Mme Coriolan a relaté avoir toujours considéré Pierre «comme [s]on père». «Nous avons vu la vidéo. Nous ne pouvons croire que les policiers traitent des gens de la sorte», a-t-elle déclaré.

Dans la vidéo, on entend également un policier ordonner à un collègue de prendre «un autre shot». Plusieurs tirs sont entendus en un temps très rapproché. Puis, un policier frappe l’homme au sol avec son bâton télescopique.

«C’est un peloton d’exécution. Je n’ai jamais vu un geste barbare de la sorte, a souligné M. Prosper, qui est un ancien policier. Un policier a enjambé [M. Coriolan]. Donc, s’il juge qu’il n’y a plus de menace, quelle est la nécessité des coups de bâton?»

À Québec, le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a affirmé que «des images comme celles-là, c’est sûr que ça vient nous chercher». Toutefois, il a dit qu’il fallait «laisser les enquêteurs du BEI faire leur travail.»

Pourtant, Me Arsenault a rapporté que la famille Coriolan s’est heurtée à «l’opacité» du BEI, qui enquête sur l’intervention. «On leur a dit : “attendez” et “on fait enquête”», a-t-il mentionné Le rapport d’autopsie n’a d’ailleurs pas été transmis à la famille et leurs avocats, ce qui explique le flou sur le nombre de balles reçues et la nature de celles-ci – réelles ou de plastique. C’est grâce au propriétaire de l’immeuble que la vidéo a été obtenue par la famille, qui a également lancé une campagne de sociofinancement pour l’aider à payer ses frais juridiques.

«Il y a un problème fondamental de formation des policiers. On leur donne des instruments qu’on ne contrôle pas et dont ils ne connaissent pas la dangerosité, a soutenu Me Arsenault, rappelant plusieurs autres cas des dernières années. Souvent, l’origine de l’événement est mineure. Ça dégénère et on se retrouve avec un décès, souvent de personnes issues de minorités, qui sont pauvres, qui sont itinérantes.»

Will Propser a jugé que cette intervention soulevait le problème plus général des armes dites «intermédiaires». Il a interpelé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, pour qu’«elle prenne ces enjeux de santé mentale en main et qu’elle dise à la police de Montréal d’arrêter d’utiliser ces armes qui dangereuses pour la population».

La cause était devant les tribunaux, le cabinet de la mairesse n’a pas voulu réagir.

 

Voici la vidéo de l’intervention policière. Le journal Métro tient à mettre en garde ses lecteurs puisqu’elle contient des images violentes. Pour la visionner, il faut être connecté à un compte YouTube et avoir plus de 18 ans.

 

Plus de détails suivront.

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