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Des tours qui bloquent la vue

Les préoccupations du PPU de la Pointe-Nord.
Photo: Josie Desmarais/Métro

Des citoyens interpellent les candidats à la mairie d’arrondissement de Verdun afin que ceux-ci régissent la hauteur maximale des tours d’habitation qui sont érigées à L’Île-des-Sœurs.

La présidente du comité pour la protection du patrimoine de L’Île-des-Sœurs, Nina Gould, profite de la campagne électorale pour faire un énième appel à fixer à 10 étages la hauteur maximale d’un édifice, et ce, pour protéger la vue depuis le mont Royal. «Il y a déjà 10 tours et on prévoit en construire 8 nouvelles sur la pointe sud, dit-elle. Ça change pour toujours la vue depuis le chalet.»

Si dans le secteur du projet Marin, la hauteur maximale est fixée à 65 m, le règlement de zonage ne prévoit aucune hauteur maximale dans les secteurs où cinq tours doivent être construites, dont Symphonia Pop, projet de luxe relancé la semaine dernière par le promoteur Westcliff. «Le contrôle est davantage volumétrique, avec un coefficient d’occupation au sol (COS) maximal de 2,25», répond l’arrondissement. Le COS est le «rapport établi entre la superficie de plancher hors-sol des bâtiments et le terrain qu’ils occupent». Par exemple, pour la tour de 32 étages  Symphonia Pop, cela signifierait qu’il faut avoir un terrain d’une aire supérieure d’environ 14,2 fois à la superficie d’un étage pour respecter la norme.

«Le terrain devient un stationnement, une piscine, un court de tennis, il n’y a rien qui pousse, ça ne préserve pas le milieu naturel», déplore Mme Gould, qui juge que trois maires consécutifs de Verdun se sont mis à genoux devant les promoteurs.

«On a fait des dérogations et on ouvre toujours la porte à des constructions de plus en plus hautes», dit-elle.

«Jacques Cartier a dit que le fleuve était “le plus impétueux qu’il est possible de voir” en parlant de la vue depuis le mont Royal. Des projets de condos sont en train de ruiner notre patrimoine.» –Ariane Santerre, résidante de Verdun

Un nouveau règlement, adopté début octobre et destiné à protéger la vue du fleuve depuis le mont Royal, forcera les responsables de toute construction de plus de six étages à fournir un plan supplémentaire. Toutefois cela ne limite pas la hauteur, mais contrôle «le maintien des vues existantes sur le fleuve», indique l’arrondissement.

Selon Mme Gould, cela n’aura aucun effet concret. «On dit qu’il y aura des percées visuelles, mais votre vue ne va pas contourner les immeubles», juge-t-elle, décriant le fait qu’aucune «véritable consultation publique» n’ait eu lieu sur ce règlement.

Bien au courant de l’enjeu, le maire sortant, Jean-François Parenteau, explique devoir composer avec des ententes signées de longue date avec des promoteurs. «Je pourrais empêcher la construction par l’intermédiaire du conseil, dit-il à propos de Symphonia Pop, qui n’a pas encore obtenu son permis de construction. Mais je ne veux pas exposer l’arrondissement à des poursuites de la part des promoteurs, à cause de l’impact sur la valeur marchande des terrains.»

M. Parenteau dit «assumer» cette décision, mais assure qu’il travaillera à apporter des «corrections au plan d’urbanisme» s’il est réélu. «Au-delà de ce qui est projeté, on ne devrait pas faire d’autres tours à L’Île-des-Sœurs, soutient-il. Il faut bâtir davantage à échelle humaine.»

La candidate de Projet Montréal pour la mairie de Verdun, Michèle Chappaz, croit aussi que les règlements de zonage mis en place sont désuets. «Il y a des erreurs qui ont été faites par le passé et on ne veut pas les répéter. Mais il faut savoir si on a des leviers pour limiter la hauteur, affirme-t-elle. Je vais regarder ce que je peux faire pour protéger l’île dans son ensemble.»

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