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Éducation sexuelle: projets-pilotes prometteurs

Le logo de la CSDM
Environ 2400 élèves seraient attendus dans les prochaines années dans le secteur, sans même tenir compte des besoins supplémentaires du futur quartier Namur-Hippodrome. Photo: Pablo Ortiz/Métro
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les craintes entourant l’implantation du nouveau cours d’éducation à la sexualité cette année, qu’elles viennent des parents ou des enseignants, sont compréhensibles, mais l’expérience démontre qu’elles peuvent être apaisées par une mise en oeuvre réfléchie.

Trois des plus grandes commissions scolaires de la province — les commissions scolaires de Montréal (CSDM), de Laval (CSDL) et de la Pointe-de-l’Île (CSPI) — ont présenté mardi des résultats de projets-pilotes qui en rassureront plusieurs.

Le plus important des constats, toutefois, ne provient pas des adultes, mais bien des jeunes eux-mêmes.

Selon les représentants des commissions scolaires, le matériel adapté selon l’âge a été très bien accueilli par les élèves du primaire, dont la curiosité n’est plus à démontrer, et qui ont trouvé réponses à leurs nombreux questionnements en la matière.

Pas avec les parents

Plus encore, les adolescents de niveau secondaire ont manifesté un net soulagement de pouvoir traiter de ces questions dans un environnement neutre, a raconté la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, dont les propos ne font qu’illustrer une des caractéristiques de l’adolescence: la distance que l’on cherche à établir avec ses parents.

«Les étudiants nous ont dit — et moi je suis maman de trois enfants et ça m’a un petit peu surprise — que ce n’était pas le genre de sujet qu’ils allaient aborder avec leurs parents et qu’ils étaient très contents qu’il y ait une base à l’école.»

Elle précise qu’à cet âge tumultueux, ce qui les intéresse «c’est vraiment la notion de relation amoureuse, de consentement, d’estime de soi; ce n’est pas la mécanique biologique dont ils veulent entendre parler. Ils ont beaucoup de questions par rapport à la relation amoureuse dans l’ensemble.»

Les parents, quant à eux, ont été rassurés par des rencontres organisées par les écoles où avaient lieu les projets-pilotes. Bien que certaines inquiétudes portaient sur la nature des enseignements, plusieurs ont confié être tout aussi soulagés que les jeunes, mais pour une autre raison, soit l’ouverture d’une source d’information plus fiable que celle à laquelle leurs enfants se réfèrent constamment, c’est-à-dire le web.

Internet «sauvage»

«La partie utile, c’est de savoir qu’ils vont pouvoir poser leurs questions aussi et que, dans ce cadre-là, ils vont avoir des réponses. Peut-être que ça va contrebalancer ce qui est disponible de façon sauvage sur internet», a expliqué Marc-Étienne Deslauriers, du comité de parents de la CSDM, lui-même père de trois enfants.

M. Deslauriers est toutefois bien conscient des limites de cette intervention à une époque où la vie des jeunes, comme tant d’autres, est habitée d’écrans: «De là à dire qu’on qu’on peut avoir une influence sur le poids de ce qui est déjà disponible de façon gratuite (sur le web) partout, je pense que c’est nous en tant que parents qui avons un rôle à jouer.»

Il faut préciser que les écoles où ont eu lieu des projets-pilotes s’étaient préparées.

«Oui, il y a eu des inquiétudes de la part des parents; les directions d’école, le personnel ont accompagné ces parents dans leurs inquiétudes et on est prêts pour ça», a raconté Louise Lortie, présidente de la CSDL. Mme Lortie, tout comme ses vis-à-vis de la CSDM et de la CSPI, ont indiqué n’avoir reçu jusqu’ici aucune demande d’exemption de parents qui seraient réticents à voir leurs enfants suivre ce cours.

Enseignants: des questions embarrassantes

Quant aux enseignants, leurs appréhensions étaient nombreuses. Du côté professionnel, ils craignaient de ne pas disposer des outils nécessaires et d’une formation suffisante. Cependant, l’implantation s’est faite de manière graduelle et les outils tels que des documents et capsules vidéo ont été mis à leur disposition.

Les dirigeants des trois commissions scolaires participant à la présentation ont d’ailleurs indiqué qu’ils prévoyaient commencer à donner les cours seulement durant la session d’hiver, après avoir procédé à la formation durant la session d’automne, soulignant, sourire en coin, qu’il y avait une journée pédagogique additionnelle pour tout le monde le 1er octobre en raison des élections.

L’autre source d’inquiétude des enseignants était plus personnelle, explique Christian Urbain, qui était directeur de l’école primaire Jules-Verne, à Montréal-Nord, durant les deux dernières années du projet-pilote dans son école: «On parle davantage de malaise que certains enseignants avaient, pas par rapport au contenu comme tel, mais plutôt par rapport à la posture qu’ils devaient prendre. Jusqu’où je dois aller? Est-ce que je vais être pris de court par des questions un peu délicates? Est-ce que, par exemple, l’enfant va me poser des questions sur ma vie personnelle, comment va ma sexualité?»

Les élèves recevront cinq heures de cours d’éducation à la sexualité par année durant le primaire et 15 heures par année au niveau secondaire, qui sont obligatoires à compter de cette année.

Au primaire, les thématiques tournent davantage autour de l’estime de soi, du respect et de l’empathie. Des sujets tels que les stéréotypes sexuels et les agressions sexuelles y sont abordés.

Au secondaire, la notion de consentement devient plus centrale et les questions de relations amoureuses, des comportements, de la violence sexuelle, des maladies transmises sexuellement et des grossesses précoces figurent au cursus.

Dans un courriel envoyé à La Presse canadienne, la Fédération autonome de l’enseignement réitère les réserves qu’elle émet depuis l’annonce de l’introduction de l’éducation à la sexualité, affirmant que «les échos du terrain que nous avons jusqu’ici dans ce dossier depuis la rentrée scolaire se résument à un mot : confusion».

Le syndicat, qui représente plus de 35 000 enseignants de la grande région de Montréal, à Laval, en Montérégie, dans les Laurentides et dans l’Outaouais, dénonce le manque d’information et les conditions de formation dans certains secteurs.

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