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La consommation de cannabis permise sur les trottoirs et dans les parcs à Montréal

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Photo: Pablo Ortiz/Métro

La Ville de Montréal ne restreindra pas davantage la consommation de cannabis sur son territoire que ce qui est prévu dans la loi provinciale, a confirmé mercredi la mairesse Valérie Plante.

Contrairement à la position adoptée par la Ville de Québec, des municipalités de l’île de Montréal, et même le gouvernement élu de la Coalition avenir Québec, l’administration de Mme Plante n’interdira pas de fumer du cannabis dans les lieux publics, autres que ceux identifiés dans la Loi sur le tabac, ainsi que les terrain des établissements scolaires et les abribus.

Il sera donc permis de fumer sur le trottoir et dans les parcs, à plus de neuf mètres des aires de jeux. «Les restrictions prévues dans la loi sont suffisantes pour assurer la santé et la sécurité du public, a jugé Valérie Plante. Si le gouvernement nouvellement élu souhaite apporter des modifications à la loi, nous l’entendrons.» La mairesse n’a toutefois pas exclu de demander une «exemption» pour la métropole si la CAQ en venait à resserrer la loi.

La directrice de santé publique de Montréal, Dre Mylène Drouin, a expliqué que laisser des lieux publics ouverts à la consommation a pour but de ne pas contraindre les consommateurs à fumer dans des espaces fermés, «où la concentration de fumée secondaire pourrait avoir des effets néfastes sur la santé des occupants». «On sait que si on interdit de fumer dans les lieux extérieurs, les jeunes et certains groupes vont se trouver dans des situations d’illégalité», a-t-elle dit, rappelant que cela pourrait causer la stigmatisation de certains groupes.

La Ville dit avoir considéré le haut pourcentage de locataires dans la métropole pour rédiger son règlement. «[Près de] 60% de la population est locataire et le nombre de personnes vivant en condos est plus élevé qu’ailleurs», a rappelé Mme Plante, qui souhaite une réglementation «équitable pour tous».

Dre Drouin a expliqué que l’approche basée sur le tabac est meilleure qu’une restriction basée sur l’alcool. «Les effet psychotropes ne sont pas du tout les mêmes. L’alcool a des conséquences en terme de comportements qui peuvent être violents et peuvent déranger l’ordre public. Par contre, la recherche n’indique pas la même chose sur le cannabis. On est plus dans des comportements d’apaisement, de paix et de plus grande sociabilité», a-t-elle avancé.

Variable d’un secteur à l’autre de l’île

En se collant sur la loi québécoise sur le cannabis, Montréal s’inscrit en porte-à-faux avec plusieurs autres municipalités dont Hampstead, Côte-Saint-Luc, Westmount, Ville de Mont-Royal et Montréal-Ouest, qui sont aussi sur le territoire du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). «L’autonomie des villes est un principe auquel j’adhère, donc je respecte les décisions des autres villes», a soutenu Valérie Plante, citant Gatineau et Trois-Rivières, qui ont une approche semblable à la sienne.

Cinq arrondissements dirigés par l’opposition, Ensemble Montréal, soit Pierrefonds-Roxboro, Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Montréal-Nord, Saint-Léonard et Saint-Laurent, songent aussi à interdire la consommation de pot dans les lieux publics. À Saint-Laurent, un règlement a été approuvé mardi soir.

Si elle estime qu’un règlement uniforme «serait beaucoup plus facile pour les Montréalais», Valérie Plante reconnaît que «les arrondissements ont le choix d’adopter une approche plus prohibitionniste».

Le SPVM ne se formalise pas de ce possible patchwork règlementaire. «On va appliquer la règlementation municipale là où il y en a», a simplement répondu le commandant André Durocher. Celui-ci ne souhaitait pas commenter une «situation hypothétique» dans laquelle une personne fumerait un joint en traversant la limite d’un arrondissement. «Si les gens voient une situation qu’ils veulent dénoncer, ils vont probablement être référés aux inspecteurs provinciaux, ça ne veut pas dire que la police ne va pas s’en mêler, a-t-il affirmé. En ce moment, il est interdit de fumer à moins de neuf mètres d’un édifice. Les policiers ont un pouvoir discrétionnaire, ils peuvent intervenir ou non.»

L’opposition s’est dite déçue de l’approche de l’administration. «Ce que nous on entend de la part de la population c’est que c’est une préoccupation, a souligné mercredi le chef de l’opposition, Lionel Perez. Un minimum serait d’interdire la consommation du cannabis dans les parcs. À neuf mètres des aires de jeu, ce n’est pas suffisant.»

Le conseiller de Snowdon et seul élu de Coalition Montréal, Marvin Rotrand, pense la même chose. «La loi québécoise est inadéquate et faible, et ne protège pas les gens», a-t-il jugé en entrevue avec Métro. «Le timing est excellent pour relancer le débat sur le droit de fumer dans les parcs, et fumer n’importe quoi: cannabis, tabac ou autre. On est très en arrière sur la majorité des grandes villes nord-américaines», a-t-il plaidé, donnant en exemple New York, Los Angeles et Vancouver, où il est banni de fumer dans des parcs.

Un règlement en ce sens devait d’ailleurs être présenté mardi soir au conseil d’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG), mais l’administration, dirigée majoritairement par Projet Montréal, a décidé de le retirer à la toute dernière minute, a appris Métro.

Selon nos informations, la mairesse de CDN-NDG, Sue Montgomery, s’était entendue avec M. Rotrand pour discuter d’une interdiction de fumer dans les parcs, mais les services juridiques ont préparé si rapidement le projet de règlement que les élus ont décidé de le retirer par soucis de cohérence avec les lignes directrices qui ont été confirmées aujourd’hui.

«Il n’y a pas eu de commande de l’administration Plante pour enlever de tels règlements», a assuré l’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy.

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