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Logements sociaux et abordables: pas que du neuf

Magda Popeanu et la mairesse Valérie Plante Photo: Josie Desmarais/Métro

Les 12 000 logements sociaux et abordables promis par l’administration Plante ne seront pas tous neufs, a expliqué jeudi la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Celle-ci a détaillé sa stratégie pour atteindre sa promesse de «développer» 6000 logements sociaux et 6000 logements abordables d’ici la fin de son mandat, en 2021. «On est très confiants d’y arriver», a assuré la mairesse, qui a toutefois tempéré les attentes en disant que les 6000 logements abordables ne seraient pas toutes des constructions neuves.

«Il ne faut pas juste construire du neuf. Il faut aussi s’occuper de préserver les logements sociaux existants et les logements privés abordables», a indiqué Mme Plante.

Pourtant, dans les annonces faites en campagne électorale l’an dernier, Projet Montréal parlait de «la construction d’un minimum de 12 000 logements sociaux et abordables en 4 ans». En théorie, si elle voulait respecter cette promesse, la construction de 3000 logement aurait été nécessaire cette année. Or, selon les chiffres dévoilés jeudi, ce sont 320 nouveaux logements sociaux et 395 logements abordables qui ont été mis en chantier depuis l’arrivée au pouvoir de son administration.

«La grande majorité des 12 000 unités seront des unités neuves. Lorsqu’on réussit à préserver des logements locatif abordables qui risquaient de ne plus l’être, nous allons les comptabiliser», a précisé pour la première fois la mairesse jeudi. Depuis quelques semaines, dans ses discours, Valérie Plante employait déjà plutôt le terme «développer» que «construire».

Qui plus est, une partie des bénéficiaires de la subvention à l’acquisition d’une propriété, bonifiée depuis mai, seront comptabilisés dans le calcul du 6000. «Le plafond le plus haut est une propriété de 640 000$. On va se garder une petite gêne pour les catégories les plus élevées, on ne va pas les comptabiliser. Mais plusieurs des forfaits sont faits pour garder des familles avec des revenus assez modestes», a-t-elle détaillé.

Céline Magontier, organisatrice communautaire au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), croit que cette subvention ne vise pas les «populations les plus démunies». «On s’entend que quand on reçoit 6000$ par année, on ne va pas accéder à la propriété. Ça ne concerne pas les 24 000 personnes à Montréal qui attendent un logement social», a-t-elle déploré.

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a quant à elle justement salué le programme bonifié de rénovation du parc locatif existant. «Souvent, on va avoir l’idée de faire quelque chose de neuf quand on a entre les mains un patrimoine bâti assez intéressant», a souligné le vice-président des relations gouvernementales de l’APCHQ, François Vincent.

Du côté du logement social, la Ville dit avoir des dossiers totalisant 3000 logements dans le collimateur et compte sur un financement «bonifié» de Québec pour réaliser ces constructions. «On veut atteindre, voire dépasser, la construction de 1250 unités par année, d’ici 2021. Tout gouvernement qui arrive en place doit prendre la mesure des besoins», a lancé Valérie Plante à l’endroit du gouvernement provincial. Au printemps, Québec avait versé une subvention de 22M$ à Montréal pour le programme AccèsLogis.

«On voit qu’il y a 5000 logements qui sont à peu près livrés, c’est la démonstration de l’efficacité des mesures incitatives. Tout le monde s’en réjouit.» –  André Boisclair, président-directeur général de l’institut de développement urbain du Québec.

Des réactions positives
Malgré que les 12 000 logements ne seront pas tous neufs, plusieurs organismes ont bien accueilli la stratégie de la Ville. «On se réjouit de la réitération de rester sur son engagement, mais on se demande vraiment comment ça va être possible sans le financement des gouvernements Trudeau et Legault, a exposé Mme Magontier. La Coalition avenir Québec (CAQ), avant les élections, s’est engagée à seulement livrer les 12 000 logements sociaux qui sont coincés dans la machine.»

L’organisatrice communautaire a salué une nouvelle approche mise de l’avant par l’administration Plante, celle d’acquérir des terrains et de les réserver pour du logement social. Jusqu’à maintenant, 8 sites ont déjà été acquis et 3 autres s’ajouteront d’ici la fin de l’année pour un potentiel de 720 logements sociaux.

Le président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec, André Boisclair, croit qu’en ce sens, la Ville fait face à de nombreux défis. «La Ville est confrontée aux mêmes problèmes que les promoteurs privés: la hausse du coût des terrains, la hausse du coût de construction et la hausse des taux d’intérêts, a-t-il estimé. Il faut de la mixité, personne ne veut que le centre-ville de Montréal devienne une sorte de Manhattan où seul les très riches pourraient y habiter.»

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