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Le pire cas de profilage racial par des policiers serait à Repentigny

Photo: Mathias Marchal

Le dossier de plainte de Stanley Jossirain contre 15 policiers de Repentigny serait tellement volumineux que l’organisme qui le soutient, le Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR), a décidé pour une première fois de viser aussi la chef de police.

Avalanche de contraventions (1500$ en 6 mois) pour des motifs parfois futiles. Vérifications de papiers d’identité plusieurs fois par semaine. Arrestations musclées avec menottage laissant des traces plusieurs jours. Le quotidien de Stanley Jossirain n’est pas rose depuis qu’il est en conflit larvé avec la police de Repentigny.

Cette escalade des mots et des gestes a culminé lorsqu’un policier a pointé son arme sur le jeune noir de 22 ans et l’a insulté, sans avoir été provoqué. «Depuis quatre ans, je suis harcelé, intimidé. J’ai peur pour moi et ma famille. J’ai arrêté mes études d’ambulancier. Je prends des médicaments. Je dors mal et je n’ose plus sortir», a confié le jeune homme, qui dresse un parallèle avec le Mississippi des années 1950.

Bien décidé à faire face à la situation plutôt que de déménager, Stanley Jossirain a fait appel au CRARR pour porter plainte en déontologie policière dans les prochains jours. «Je n’ai jamais vu de cas aussi flagrant, récurrent, systématique et impliquant des gestes aussi provocateurs et peu professionnels d’autant de policiers à la fois», a lancé Fo Niémi, directeur du CRARR.

Il demande aux habitants de Repentigny, vivant la même chose, de porter plainte à leur tour. Il va aussi demander au comité de déontologie policière qui se penchera sur le dossier dans les prochains mois de statuer sur la responsabilité de la directrice de la police de Repentigny, Helen Dion, en sa qualité de gestionnaire.

Selon Alain Babineau, conseiller au CRARR et ancien policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pendant 27 ans, l’ampleur des gestes commis «pourrait être révélatrice de l’existence de profilage racial systémique au sein du service de police de cette ville».

M. Babineau a souligné que M. Jossirain n’est pas impliqué de près ou de loin dans les gangs de rue. Il a en outre rappelé qu’un professeur noir d’une cinquantaine d’années, François Ducas, a lui aussi goûté à la médecine des policiers de Repentigny récemment.

Au moment de mettre en ligne, il n’avait pas encore été possible d’obtenir des explications du Service de police de la ville de Repentigny. La Ville, de son côté, a indiqué que ses policiers devaient suivre une formation sur la discrimination et que ce genre de pratique n’était pas accepté.

À la lecture des commentaires de lecteurs suivant l’article du média local haitien Intexto, on peut toutefois se poser quelques questions. Plusieurs lecteurs mentionnent notamment s’être fait intercepter par des policiers de Repentigny parce qu’ils semblaient conduire un véhicule trop luxueux. «Des que je passe par repentigny la nuite, j’allume ma camera video sur mon tableau de bord j’ose meme pu aller la nuite a legardeur», écrit l’un d’eux, qui déclare pourtant travailler comme civil dans un autre corps de police.

Parmi les 121 policiers travaillant à Repentigny, trois sont issus des minorités visibles. Il en faudrait 4 fois plus pour que cela soit proportionnel à la part des minorités visibles dans cette ville de 84 000 habitants.

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