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Montréal veut «réapprendre la peur de l’humain» aux coyotes

Photo: Archives Métro

Montréal entend utiliser des méthodes d’effarouchement et de «conditionnement négatif» pour «réapprendre la peur de l’humain» aux coyotes avant même que ceux-ci ne développent des comportements agressifs.

La Ville de Montréal a présenté lundi son plan de gestion sur les coyotes en milieu urbain, en réaction à plusieurs incidents impliquant ces animaux dans les derniers mois, particulièrement dans Ahuntsic-Cartierville et Villeray–Saint-Michel–Parc Extension. Depuis l’été 2017, la Ville de Montréal a reçu quelque 990 signalements d’animaux agressifs ou dérangeants, dont la plupart étaient des coyotes. Quelque 19 personnes ont été mordues depuis l’été 2017.

Pour repérer les espèces problématiques et les effrayer par du bruit ou des menaces, des équipes «spécialisées» sillonneront des secteurs définis comme prioritaires par la Ville, à raison de 4h par jour sur toute une semaine. Cette période pourrait être prolongée, en fonction des besoins, a prévenu la Ville. Celle-ci offrira d’ailleurs des formations aux citoyens, d’ici les prochains mois, pour les informer sur les meilleurs comportements à adopter s’ils rencontrent un animal agressif.

«On doit faire en sorte qu’à chaque fois qu’un coyote rencontre un humain, ce ne soit pas une belle expérience.» -Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville.

«Notre plan, c’est autant de travailler sur les comportements problématiques des coyotes que des citoyens, a-t-elle laissé entendre. Ce sont des animaux sauvages, ils font partie de la biodiversité. On doit surtout travailler sur les facteurs à l’origine des conflits.»

La capture pas exclue
Si l’exposition à ces stimuli négatifs répétés ne fonctionne pas, Montréal n’exclut pas non plus d’organiser des campagnes de capture pour retirer la bête de son milieu de vie. Une fois capturés, ces coyotes problématiques seront euthanasiés «puisque la relocalisation est généralement inefficace», a justifié l’administration dans son plan de gestion.

La Ville dit reconnaître que la capture est un défi «considérable», surtout dans un milieu urbain aussi concentré que celui de la métropole. Pour «réduire au maximum» le niveau de stress et le risque de blessures, Montréal a aussi mis sur pied un comité de vétérinaires et d’experts du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).

«Nous sommes conscients que le risque zéro n’existe pas. La Ville ne peut pas agir seule. Chacun d’entre nous doit demeurer vigilant et responsable, a poursuivi Mme Thuillier. Les incidents avec les coyotes demeurent isolés, et notre devoir à tous, c’est qu’il en demeure ainsi.»

L’administration Plante étudiera un projet de marquage des coyotes qui faciliterait la gestion ou la capture de l’animal, notamment «par la pose d’étiquettes de couleurs voyantes aux oreilles» de certaines espèces dans des secteurs ciblés.

Certains règlements municipaux, dont la gestion des ordures, devront être améliorés pour assurer une meilleure gestion des coyotes, d’après la Ville. L’un des facteurs à l’origine de l’arrivée des coyotes au comportement agressif serait la présence de déchets accessibles sur la voie publique, d’après le plan de gestion. Un autre comité de travail évaluera la révision du règlement d’ici les prochains mois.

Pour Émilie Thuillier, le bac brun est un outil indispensable à cette révision de règlement. «C’est l’outil de collecte le plus imperméable, le plus fermé, que presque aucun animal est capable d’ouvrir. On est en train de finaliser l’implantation de ces bacs pour les huit logements et moins. Ça va donner un grand coup de pouce», a-t-elle envisagé.

Mise en place en avril, la ligne Info-Coyotes a reçu 608 appels de signalement, en date du 23 octobre dernier.

Un plan «loufoque», dit l’opposition
Le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a qualifié le plan de gestion de la Ville de «loufoque». «L’administration nous ressort les mêmes stratégies inefficaces qu’elle utilise depuis un an. Il est temps de jeter un regard nouveau sur le problème des coyotes», a-t-il expliqué. Les bridages d’effarouchement, selon lui, ne fonctionnent pas.

«La cohabitation, c’est bien beau, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la sécurité des citoyens. Les Montréalais ont besoin de mesures plus vigoureuses.» -Lionel Perez, chef de l’opposition.

Le candidat au poste de conseiller dans le district de Saint-Michel, Josué Corvil, a estimé qu’on ne peut pas prendre au sérieux une administration «qui considère le coyote non pas comme un animal sauvage potentiellement dangereux […] mais comme un symbole évocateur d’une biodiversité urbaine riche». «C’est ce qui écrit dans le plan, et franchement, je suis abasourdi. Demandez aux familles de Saint-Michel, qui ne fréquentent plus les parcs de peur de se faire mordre par un coyote, ce qu’elles pensent de ces soi-disant ambassadeurs», a-t-il lancé.

Le candidat dit considérer ce plan comme «une déclaration d’amour au coyote urbain montréalais» et comme une preuve de la déconnexion de Projet Montréal par rapport à la réalité.

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