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Profilage racial: la Ligue des Noirs réclame 4M$ au SPVM

Archives Métro Photo: Josie Desmarais/Métro

La Ligue des Noirs déposera une demande de recours collectif contre le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour profilage racial en raison des arrestations injustifiées, voire illégales.

Les 500 personnes inscrites à ce recours collectif ont demandé mardi des actions immédiates, en marge de la présentation du plan stratégique 2018-2021 du SPVM devant la commission de la sécurité publique, afin que les policiers soient informés sur le profilage racial et social.

Chaque participant à ce recours collectif réclame 8000$. La facture pourrait ainsi atteindre 4M$, selon l’avocat Jacky-Eric Salvant. D’autres personnes pourraient s’ajouter au mouvement, a-t-il avancé en mêlée de presse.

«On demeure très ouvert. On va voir ce que les autorités vont dire. On pense qu’ils sont de bonne foi. S’il y a possibilité de voir des améliorations, du concret, on va s’asseoir et on va discuter.» -Me Jacky-Eric Salvant

Un juge devra se prononcer sur cette demande de recours collectif.

La Ligue des Noirs dit avoir eu «beaucoup de belles paroles, de belles promesses» dans les dernières années en matière de profilage racial. «Et pourtant, rien n’a changé. Il y a encore des gens qui viennent se plaindre de profilage», a martelé l’avocat.

Selon l’organisme, il est clair que la situation perdure, et ce, même si la Ville de Montréal reconnaît l’existence du problème. «On veut voir des vraies solutions aujourd’hui. Déjà, qu’on fasse un plan, on apprécie, mais encore faut-il voir ce qui s’y trouve», a ajouté Jacky-Eric Salvant, qui dit souhaiter une reddition de comptes.

Dans son plan stratégique, le SPVM dit vouloir renouveler les connaissances de ses policiers en matière de profilage racial pour changer la donne. Le service de police a aussi l’intention d’imposer une norme à l’interne pour identifier des «comportements associés au profilage racial et social».

Une présentation «trop théorique»
Les nombreux citoyens et organismes s’étant présenté à la Commission sur la sécurité publique pour poser leurs questions au SPVM semblaient unanimes : dans les quinze dernières années, malgré plusieurs plans directeurs et comités de travail, rien n’a été fait selon eux pour diminuer les impacts du profilage racial.

L’ancien candidat de Projet Montréal, Balarama Holness, dit n’avoir vu aucun élément concret dans la présentation du SPVM.

«C’est un plan Power Point que n’importe quel étudiant aurait pu produire. Ce n’est pas le niveau de professionnalisme que le SPVM devrait avoir. Il n’y avait pas de données, ni de statistiques.» -Balarama Holness

Il s’en est pris à «un manque de volonté politique» pour faire avancer les enjeux de profilage racial.

Le président du Conseil interculturel de Montréal, Moussa Sène, s’est interrogé sur la perception des policiers par rapport au profilage racial, un élément qui devrait aussi être considéré dans le plan selon lui. «De former 1000 policiers à la sensibilité sur cet enjeu-là, oui ça permet de développer une ouverture, lui a répondu l’inspecteur-chef du SPVM, Josée Blais. Si nos policiers appliquent la loi avec une sensibilité humaine, on a déjà une façon de contrer le profilage racial.»

Cette année, deux chercheurs indépendants ont été mandatés par le SPVM pour collecter les statistiques disponibles sur le profilage racial et de fournir une analyse des mesures mises en place ailleurs au Canada. «Il n’est pas prévu que les données brutes de leurs études soient rendues publiques», a insisté le chef par intérim du SPVM, Sylvain Caron, malgré plusieurs demandes en ce sens dans la salle.

M. Holness a condamné une «paranoïa schizophrénique» du SPVM envers les personnes racisées. «Ça va prendre beaucoup plus que des journées de formation», a-t-il souligné. Il s’est interrogé à savoir si le SPVM était ouvert à changer le cursus de formation en entier, depuis le cégep.

«Au collège, on donne des formations dès la première année sur le profilage racial, a soutenu Mme Blais. À l’École nationale de police aussi. Et quand nos recrues arrivent au SPVM, on leur explique la réalité montréalaise.»

Pour Sylvain Caron, il faut garder en tête que «la ligne est mince entre la perception d’un profilage et l’application d’un règlement quelconque». La démarche du SPVM vise, selon lui, à outiller ses effectifs pour éviter que cette confusion continue de régner. Le chef par intérim du SPVM s’est engagé, en 2019, à une révision complète des règlements disciplinaires de l’organisation.

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