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81 bêtes inscrites au registre sur les chiens potentiellement dangereux

Avec ses six aires d'exercice canin pour ses 80 000 habitants, Le Sud-Ouest est l'arrondissement montréalais qui compte le plus d'AEC par résident. Photo: Archives Métro Média

Pas moins de 81 chiens ont été inscrits au registre public des chiens potentiellement dangereux de la Ville de Montréal, qui a été mis en ligne jeudi en fin de journée.

Vingt-deux des chiens enregistrés sont de type pitbull, ce qui représente près du quart des bêtes inscrites. Il y a également 14 bergers allemands, 10 labradors, 6 huskys, 4 rottweillers, 2 goldendoodles et 1 danois.

Parmi les chiens de plus petite taille, se trouvent un bichon maltais, un chihuahua et un chow-chow.

Alors que 115 000 chiens environ ont été recensés dans la métropole, le nombre de bêtes inscrites au registre peut paraître faible, reconnaît Caroline Kilsdonk, la présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), dont plusieurs membres ont réalisé l’évaluation de ces chiens. 

«Il y a probablement beaucoup de morsures qui ne sont pas rapportées, pour différentes raisons. Quand les morsures ont lieu dans la maison, il y a bien des chances que le cas ne soit pas rapporté», a-t-elle soulevé.

Parmi les bêtes inscrites dans le registre, 10 ont été ajoutées depuis l’adoption du règlement sur le contrôle animalier par l’administration de Valérie Plante, en août dernier. Celui-ci met l’accent sur le comportement des chiens plutôt que sur leur type. Si une bête mord mortellement une personne ou un autre animal domestique, elle sera euthanasiée, selon le nouveau règlement. Si elle attaque ou tente de mordre, elle sera considérée comme étant «potentiellement dangereuse».

Ce ne sont d’ailleurs pas tous les chiens qui font l’objet d’une plainte pour morsure qui sont ensuite inscrits dans ce registre, a précisé la présidente de l’OMVQ.

«L’agressivité d’un chien est très contextuelle. Dans certains contextes, [la morsure] peut être une réaction normale», a noté Mme Kilsdonk. 

Plusieurs restrictions
Les autres chiens inscrits dans le registre de la Ville de Montréal l’ont été en raison des données que colligeaient auparavant les arrondissements. Tous les propriétaires de ces bêtes ont été avisés de l’inscription de leur animal dans le registre. Ils ont été informés des nouvelles conditions: avoir un casier judiciaire vierge, en plus de stériliser, micropucer et vacciner leur chien, qui devra aussi arborer une médaille rouge. La bête devra par ailleurs porter une muselière à l’extérieur et ne pas s’approcher d’un jeune âgé de moins de 16 ans. Enfin, le propriétaire devra obtenir un permis spécial au coût de 175$ par année et apposer sur son domicile une affichette bien en vue annonçant la présence d’un chien potentiellement dangereux.

Si une plainte est déposée contre un chien ayant eu un comportement menaçant, un inspecteur de la Ville ira rencontrer le plaignant et le propriétaire de la bête dans les 48 heures. S’il juge que la plainte est fondée, un examen devra être réalisé par un vétérinaire. Le coût de cet examen, qui s’élève en moyenne à 465$, sera assumé par le propriétaire du chien.

«Tous les témoignages sont documentés avant d’être remis au médecin-vétérinaire. On a des photos des blessures et des plaies, que ce soit sur un humain ou un animal», a détaillé Mme Kilsdonk, qui précise que la rédaction de l’évaluation de dangerosité du chien peut «prendre une journée de travail» pour le vétérinaire. 

«Décision irréversible»
La Société pour la prévention de la cruauté envers la animaux (SPCA) de Montréal, bien qu’elle salue la création de ce registre, s’inquiète toutefois de «l’absence d’une procédure de contestation dans le cas où une ordonnance d’euthanasie serait émise par la Ville», alors qu’une telle décision est «extrêmement éprouvante» pour le propriétaire de l’animal. 

«Cette décision irréversible nécessite des précautions procédurales importantes, notamment un processus de révision équitable et accessible dont pourrait se prévaloir un gardien dont le chien fait l’objet d’une ordonnance», a affirmé à Métro la directrice des communications de la SPCA, Anita Kapuscinska. 

C’est l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Ensemble Montréal, qui a demandé la création d’un registre des chiens potentiellement dangereux pendant les débats au conseil municipal en août dernier, demande à laquelle l’administration de Valérie Plante a accédé en prévision du nouveau règlement sur le contrôle animalier. Elle a aussi accepté de produire un rapport annuel sur l’application du règlement, à la demande des élus de l’opposition.

En 2016, l’administration de Denis Coderre avait ciblé les chiens de type pitbull dans son nouveau règlement sur la gestion animalière, ce qui obligeait les propriétaires à obtenir un permis spécial pour conserver son animal, démontrer qu’ils n’avaient pas d’antécédents judiciaires et stériliser leur chien. L’arrivée de nouveaux chiens de type pitbull sur le territoire montréalais était par ailleurs proscrite. Cette réglementation avait été mise en place après la mort de la résidente de Rivière-des-Prairies, Christiane Vadnais, qui a été attaquée en juin 2016 par un chien apparemment de type pitbull.

La Cour supérieure avait suspendu en octobre le règlement sur le contrôle animalier de l’administration Coderre en soulignant notamment que la définition de «pitbull» était floue et que la Ville outrepassait ses compétences. La Cour d’appel a renversé le jugement en décembre.

Métro a demandé mercredi à parler au responsable du dossier de la gestion animalière de l’administration de Valérie Plante, Craig Sauvé, mais cela n’a pas été possible.

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