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La conversion de l’ancien couvent du 1420 Mont-Royal en condos de luxe va bon train

Photo: Collaboration spéciale

Après 15 années de tergiversations, les travaux de transformation de l’ancien couvent du 1420, Mont-Royal vont bon train en vue d’une transformation terminée en 2020. Métro a visité le chantier.

Travaux
«On a chaque jour 200 ouvriers sur le chantier», indique la directrice des ventes, Sabine Karsenti. Une partie travaille aux étages à démanteler planchers et cloisons sur quelque 247 000 pieds carrés de superficie. D’énormes marteaux-piqueurs se chargent de creuser le roc pour le futur stationnement. «L’édifice aurait été assez robuste pour du dynamitage, mais pas le réseau de canalisations relié à l’énorme réservoir d’eau potable [équivalent de 52 piscines olympiques] de la Ville situé sous le terrain de rugby et de soccer des Carabins de l’Université de Montréal», mentionne Mme Karsenti.

Elle souligne aussi que près de 1000 portes et fenêtres, de même que les planchers de l’édifice presque centenaire, ont été déconstruits plutôt que démolis afin d’être offerts à la revente dans un réseau de récupérateurs et d’antiquaires. «On a demandé que 25% de leurs profits soient reversés à l’organisme Habitat pour l’humanité», ajoute-t-elle. Néanmoins une enquête de La Presse a démontré que les sols excavés sur le site ont été déposés dans les Laurentides, près de terres agricoles, et ce, sans être traités, alors qu’ils étaient faiblement contaminés.

Condos de luxe
Contrairement au controversé entrepreneur Paolo Catania, le nouveau repreneur, Corev Immobilier, a compris que la clientèle préférait des unités plus grandes, ce qui a ramené la taille du projet de 200 à 150 unités. Les plus petites, de 650 pieds carrés, sont vendues à 609 000$ (taxes, garage et électros inclus) et la plus grande (7000 pieds carrés) dépasse les 10M$.

Actuellement, 40% des unités prévues pour 2020 sont vendues et on ne compte aucun acheteur étranger. «La clientèle a de 26 ans à 70 ans, apprécie le côté patrimonial unique, la proximité avec la nature, tout en étant à 5 minutes du centre-ville et à 15 minutes de l’aéroport avec la future station du Réseau express métropolitain», ajoute Mme Karsenti.

Le luxe sera au rendez-vous, que ce soit au niveau de la finition en marbre, mais aussi des nombreux services: voiturier, piscine,  sauna et le restaurant cinq étoiles qui offrira trois repas. «Il sera géré par un grand chef montréalais qu’on annoncera sous peu et qui s’approvisionnera en fruits et légumes grâce à un immense potager vertical intérieur de 2 000 pieds carrés de surface qui sera installé au sous-sol. Il fournira autant que trois acres de terres.

Patrimoine
L’ancien couvent construit en 1925 est un édifice patrimonial situé sur le mont Royal, secteur historique classé. Le promoteur doit donc obtenir l’approbation du ministère de la Culture et des Communications (MCC) pour tout changement apporté à l’édifice et à ses pourtours. Josée Boulet, relationniste au MCC, indique, mais sans en dire plus, que le promoteur a vu certaines de ses demandes repoussées. Il aurait toutefois obtenu certaines dérogations pour les fenêtres côté cour et côté forêt, sous réserve de validation des matériaux utilisés.

Il doit aussi notamment conserver le grand escalier central, de même que la chapelle, réplique de l’une des quatre basiliques majeures de Rome qui a été désacralisée pour devenir un futur salon de type lounge. L’ajout d’une piscine extérieure et d’un court de tennis sera évalué ultérieurement par le ministère dans le cadre de l’étude du plan paysager, qui prévoit la plantation de 50 arbres.

Critiques
Pour l’architecte, urbaniste et professeur émérite Jean-Claude Marsan, qui fait partie du groupe citoyen opposé à la transformation de l’ancien couvent, ce dossier symbolise le manque de respect pour la culture et le patrimoine de l’Université de Montréal. Les opposants affirment que les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie ont été trahies par l’Université de Montréal.

Celle-ci avait acquis l’édifice à bas prix (15M$, soit 10M$ de moins que sa valeur) sous la promesse (non écrite toutefois) de lui garder sa vocation éducative. Elle a toutefois jeté l’éponge devant l’ampleur des travaux et elle a décidé de revendre l’édifice de 29,5M$ à un promoteur privé. La vente avait été contestée sans succès devant les tribunaux. Selon les calculs de M. Marsan, «l’université a dilapidé le patrimoine, quelque 20M$ de et des millions de dollars de manque à gagner, alors qu’elle aurait pu rentabiliser l’édifice en y créant une résidence pour étudiants, comme l’a fait l’Université Concordia avec le couvent des Sœurs grises».

L’université maintient que la vente du pavillon s’est faite à coût nul. Qu’adviendra-t-il en outre de la somptueuse chapelle? Même si le promoteur en a promis son accès, les opposants craignent le contraire, étant donné que les modalités de cet accès futur varient selon les entrevues médiatiques de l’entrepreneur.

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