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Toxicomanie: une maison pour un nouveau départ

Photo: Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic
Amine Esseghir - Courrier Ahuntsic/Bordeaux-Cartierville

Deux maisons de la fondation David-Chiasson ont été ouvertes récemment à Ahuntsic-Cartierville. Ces résidences pour des anciens toxicomanes sont les premières à Montréal et au Québec. Ce sont de véritables havres de paix pour des personnes qui ont besoin de se reconstruire. Des points de départ pour une nouvelle vie.

Le principe de ces maisons a été importé des États-Unis. Les Oxford halfway houses existent depuis 1975. Elles regroupent des anciens toxicomanes qui ont arrêté leur consommation d’alcool et de drogues et qui ont la ferme volonté de ne pas rechuter.

Aujourd’hui, il existe un réseau de près de 2287 maisons qui a accueilli uniquement en 2017, plus de 18 000 résidents aux États-Unis.

Les deux premières maisons David-Chiasson permettent d’accueillir un total de 16 personnes.

«Il y a encore deux places dans chacune des maisons, souligne Pierre Audette, directeur général de la fondation, lui-même abstinent depuis 30 ans.

Aucune drogue et pas la moindre bouteille d’alcool sont tolérées dans les lieux. Les maisons sont gérées par les résidents eux-mêmes, sans surveillant ou intervenant.

«Les maisons reçoivent des gens qui ont eu des problèmes de consommation importants et qui sont dans une démarche de rétablissement. L’objectif étant que la personne qui sortirait dans la rue pour prendre son autobus par exemple, ne serait pas confrontée à un vendeur de drogue», souligne M. Audette.

Qui est David Chiasson?

C’était un jeune homme plein d’avenir qui s’est ôté la vie en 2000, à l’âge de 25 ans. Cet ultime épisode est intervenu après trois cures de désintoxications et des tentatives difficiles pour se sortir de la dépendance.
Ses proches ont mis sur pied la fondation qui porte son nom pour venir en aide aux personnes qui tentent d’en finir avec leurs dépendances et reprendre leur vie en main.

Une fois admise, la personne peut rester aussi longtemps qu’elle le désire, tant qu’elle peut payer le loyer de sa chambre et tant qu’elle demeure abstinente. «Quelqu’un qui serait attrapé à consommer aurait une demi-heure pour quitter les lieux», relève M. Audette.

Michel
Michel est un des premiers à avoir mis les pieds dans une des deux maisons de Cartierville. En voyant l’homme de 57 ans, on perçoit un solide gaillard, bien dans ses bottes. Pourtant, au fil de la discussion se dessine sa propre fragilité qui rend la maison où il a pris ses marques, indispensable pour lui.

Il est abstinent depuis cinq ans, mais un événement de la vie lui a fait craindre une rechute.

«Je me suis séparé avec ma conjointe après deux ans de vie commune. Elle ne supportait plus que je la rabaisse et moi je m’enfonçais dans des attitudes dangereuses pour moi. Je retrouvais mon comportement égoïste. C’était me, myself and I.»

Sa séparation l’oblige à se chercher un nouveau logement. Il loue alors une chambre. «Je trouvais cela horrible d’être ainsi isolé et me retrouver seul face à mes démons.»  Cette situation a déclenché une alarme et il a décidé de se trouver autre chose.

«C’est mon ex-conjointe qui m’a parlé de la maison David-Chiasson et j’ai tout de suite pris contact avec eux.»  Il assure avoir trouvé en plus d’une chambre mieux équipée, des gens qui se soutiennent mutuellement.

«La maison crée une communauté. On se préoccupe les uns des autres. C’est un groupe de personnes qui vivent dans la même maison et qui s’organisent pour que cela se passe bien entre eux.»

Michel et Sébastien on fait de la maison David-Chiasson leur demeure et leur port d’attache.

Sébastien
Au moment de l’entretien, Sébastien venait de compléter son deuxième jour à la maison.  C’est au bout de beaucoup d’efforts qu’il a pu devenir abstinent, mais il reconnaît que le danger de rechute le guette toujours.

Au sortir d’une troisième thérapie de 90 jours, l’homme de 36 ans avait pris une chambre chez une de ses connaissances, ancien toxicomane, en voie d’abstinence.

«On avait suivi la même thérapie, mais au bout de six semaines, mon coloc a rechuté. Il fallait absolument que je quitte cet endroit.»

Pour Sébastien, ce n’est pas seulement une question de consommation néfaste pour la santé physique ou mentale, mais une question de survie.

«J’ai connu tous les bas-fonds: spirituel, physique, mental et financier, mais j’avais surtout le désir sincère de mourir. Heureusement, j’ai eu la vivacité d’esprit d’appeler quelqu’un et de rentrer en thérapie à ce moment-là.»

Pour lui, la maison répond à tous ses besoins aujourd’hui. «J’ai un toit au-dessus de ma tête, tout est meublé. Des choses que j’avais perdues à cause de la consommation. Il y a aussi des gens qui m’entourent qui sont dans le même bateau que moi. On a un système dans lequel on s’encadre nous-mêmes et moi je réponds très bien dans un cadre organisé.»

Avec ces deux premières maisons, la fondation veut faire connaître son initiative auprès des cliniques de thérapies et aussi auprès des fraternités: Alcooliques anonymes (AA), Cocaïnomanes anonymes(CA) et Narcotiques anonymes (NA) qui aident les toxicomanes à arrêter leur consommation.

Une prochaine devrait ouvrir près de la rivière et la fondation réfléchie à ouvrir une maison pour femmes très rapidement.

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