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L’art de se préparer à une catastrophe

Infographie Métro Photo: Infographie Métro

Alors que les événements météorologiques extrêmes se multiplient, seule une minorité de citoyens dispose d’une trousse d’urgence pour pouvoir survivre 72 heures.

«Les gens ont des assurances pour plein de choses, mais selon notre expertise, 90% d’entre eux n’ont pas de sac à dos d’urgence ou les compétences pour faire face à un danger imprévu», note le responsable du site Québec Preppers, Mathieu Montaroux, dont le groupe cherche à sensibiliser la population à une bonne préparation.

Il donne en exemple la tempête de neige survenue en mars 2017, au cours de laquelle plus de 300 automobilistes sont demeurés coincés sur l’autoroute 13 pendant 12 heures. «Les gens préparés ont dans leur voiture une couverture de survie, une lampe de poche, une réserve d’eau, quelques barres de céréales et un jeu de cartes pour passer le temps et se changer les idées au lieu de stresser», dit-il.

Une vidéo informative de la Direction de la sécurité civile de la Ville de Montréal le confirme. «Des milliers de gens vivent, travaillent et circulent sur l’île de Montréal. Peu d’entre eux sont conscients des conséquences auxquelles ils feraient face en cas de sinistre majeur», y est-il mentionné. La Ville indique toutefois ne pas avoir sondé la population pour connaître le chiffre exact des personnes préparées à crise.

Outre les tempêtes hivernales, comme la crise du verglas qui a failli priver les Montréalais d’eau potable en 1998, la métropole est exposée à plusieurs risques. Lors des crues printanières de 2017, environ 4060 habitations ont été touchées, selon un rapport de la Communauté métropolitaine de Montréal. En trente ans, les catastrophes naturelles totalisant des dégâts de plus de 25M$ ont augmenté de 50%, souligne le Bureau d’assurance du Canada.

Le Direction de la sécurité civile de Montréal rapporte aussi que la Ville est considérée comme la deuxième ville canadienne, après Vancouver ,en termes de vulnérabilité aux séismes, en raison de sa forte densité et du nombre d’édifices construits sur de l’argile.

Mis à part les quelque 1170 incendies de bâtiments enregistrés chaque année à Montréal, la métropole est exposée à des accidents industriels majeurs puisqu’elle héberge une cinquantaine d’usines où sont manipulées des substances toxiques ou inflammables. Plusieurs exercices de confinement sont d’ailleurs organisés, mais «ils le sont trop peu nombreux et réalisés à trop petite échelle», d’après Mathieu Montaroux. qui a été militaire parachutiste pendant cinq ans, ainsi que paramédic durant une décennie.

L’autre risque industriel non négligeable concerne un déversement majeur d’hydrocarbures provenant du pipeline 9B d’Enbridge ou de celui de TransNord dans la rivière des Outaouais. Le pétrole pourrait contaminer les prises d’eau potable de de Montréal et de plusieurs municipalités situées à proximité. «Pour une ville comme Montréal, sans source alternative d’eau brute de qualité, le seul plan réaliste sera, après l’épuisement des réserves (12 à 16 heures), de choisir de distribuer malgré tout une eau contaminée aux hydrocarbures et de devoir mettre en place une distribution massive d’eau embouteillée pour sa population, et ce, peu importe les conséquences (contamination) sur ses installations de production et de distribution. Sans eau, pour au moins évacuer les toilettes, la crise sanitaire serait encore plus dramatique et ingérable», écrit Guy Coderre, enseignant au Centre national de formation en traitement de l’eau, dans un échange de courriels avec Métro.

La Ville de Montréal, comme d’autres municipalités, recommande à ses citoyens d’avoir en tout temps une trousse d’urgence contenant six litres d’eau par personne, des aliments non périssables, une radio, une trousse de premiers soins, des bougies, des allumettes, une lampe de poche et des copies de papiers importants.

Mathieu Montaroux mentionne aussi l’importance d’avoir préparé un plan de ralliement avec les membres de la famille et de prévoir une zone de repli en dehors de la ville. «En cas de crise majeure, c’est quand les gens ont terminé leurs réserves que le chaos s’installe», dit-il, avant de préciser qu’il ne cherche pas à alarmer la population, mais seulement à la rendre plus autonome. «Ça peut être amusant d’apprendre à ses enfants à se repérer en forêt, allumer un feu sans allumette ou connaître les règles de construction d’un refuge, si jamais on se perd lors d’une randonnée», mentionne-t-il, tout en soulignant que ce genre d’apprentissage peut se faire en ville.

Preppers vs Survivalistes
Les «preppers» visent à être prêts à réagir à la suite d’un événement imprévu, mais limité dans le temps. Les survivalistes ont pour objectif d’être capables de vivre en complète autonomie en cas de catastrophe prolongée.

Gare aux IEM
Les survivalistes évoquent souvent les risques liés aux attaques par impulsions électromagnétiques (IEM), qui consistent à faire exploser en altitude une bombe nucléaire ou à actionner un générateur de micro-ondes de haute puissance. «Dépendamment de la puissance et de la hauteur à laquelle ça se fait, ça peut faire sauter le courant électrique et les produits électroniques, comme les ordinateurs, les cellulaires, les autos récentes ou les guichets automatiques. Bref, ça engendre le chaos», mentionnen l’ancien militaire, Mathieu Montaroux, qui souligne qu’Israël a un temps songé à utiliser cette stratégie contre l’Iran. «L’originalité des armes électromagnétiques réside dans le fait qu’ayant atteint un sous-élément conducteur de l’électricité, leur action peut être propagée à distance par les conducteurs, les câbles auxquels il se trouve relié», mentionne le site internet du Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel.

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