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Propos jugés racistes et islamophobes: une conseillère d’Anjou sème la controverse

Lynne Shand siègera dorénavant comme conseillère indépendante. Photo: Courtoisie

La conseillère municipale dans l’arrondissement d’Anjou, Lynne Shand, a semé la controverse dimanche sur les réseaux sociaux après avoir mis en ligne la veille une publication jugée raciste et islamophobe par plusieurs internautes.

«Hier, j’ai dû subir un examen ophtalmique d’urgence. Qui était l’ophtalmologue? Une femme voilée… grrrrr… si ce n’était pas de l’urgence, j’aurais refusé de me faire traiter par elle», écrit-elle sur sa page Facebook personnelle. Elle ajoute : «je rage car c’est vraiment de l’islamisation de notre pays». «On doit tout accepter, leur faire des accommodements raisonnables, enlever notre crucifix (et je ne suis pas croyante)», lance-t-elle également.

Dans son message, la conseillère estime que «les frères musulmans […] veulent convertir la planète à l’islam, par l’immigration massive et par les naissances multiples». «As-tu remarqué qu’à chaque fois que tu vois une femme voilée, elle pousse un carrosse avec un bébé?», demande-t-elle. Assurant qu’elle n’est «pas raciste, juste réaliste», l’élue dit vouloir se battre «pour que le crucifix de nos ancêtres ne soit pas déplacé».

Ses propos ont rapidement été condamnés par plusieurs Montréalais et membres du monde municipal. La mairesse Valérie Plante a elle-même déploré des commentaires «absolument inappropriés et indignes d’un.e élu.e» sur Twitter.

«Les élus ont le devoir de s’élever au-dessus de la mêlée et de faire preuve de retenue dans un débat aussi sensible.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal, assurant que la métropole «est une ville ouverte, inclusive et diversifiée».

D’après le blogueur indépendant Xavier Camus – qui fournit des captures d’écran de ce qu’il avance – Mme Shand serait aussi membre de La Meute sur les réseaux sociaux, et ce depuis le 4 juillet 2017.

Onde de chocs
L’ex-candidat de Projet Montréal et instigateur de l’initiative entourant la consultation publique sur le racisme systémique, Balarama Holness, juge que «l’absence de loi sur la neutralité religieuse» du gouvernement Legault, «le peu de mouvement sur la table ronde sur la diversité et le leadership tiède de [Valérie Plante] créent un environnement pour des personnes telles que Lynne Shand». Il a invité l’administration à prendre des actions concrètes pour corriger le tir.

Le conseiller municipal d’Ensemble Montréal dans le district de Marie-Clarac, Abdelhaq Sari, a dit être choqué par la situation. «Nous sommes outrés, moi et plusieurs élus municipaux, par ces propos inacceptables et xénophobes, a-t-il fait savoir dans une déclaration écrite envoyée à Métro. Il est inacceptable, voire déplorable, de lire ce genre de propos islamophobes venant d’une élue qui représente un arrondissement avec une forte population de confession musulmane.»

Il s’en est aussi pris «au résultat des politiciens et chroniqueurs sans scrupule qui instrumentalisent la peur de l’autre et qui nourrissent l’islamophobie pour tenter d’avoir des clics ou des buzz».

Le chef de l’opposition officielle, Lionel Perez, a également pointé du doigt les propos «incompréhensibles et inacceptables» de Mme Shand.

«Comment est-ce possible qu’une personne puisse tenir de tels propos dans une société ouverte et tolérante comme la nôtre?» -Lionel Perez, chef de l’opposition, sommant la conseillère de «s’excuser sans équivoque».

Des excuses
Dimanche, sur les ondes de LCN, la conseillère municipale a dit vouloir s’excuser pour avoir tenu des propos qui ont choqué certaines personnes.

«Ça m’a offusquée parce que je ne pouvais pas refuser, a-t-elle insisté. C’était une spécialiste et il n’y avait pas personne d’autre.» «On me met la religion en plein visage alors oui, ça m’a dérangée un peu. Je suis contre les signes ostentatoires dans les lieux publics, c’est vraiment ce que j’ai voulu dire», a-t-elle renchéri.

Elle a dit avoir probablement «mal réagi», refusant toutefois de se définir comme quelqu’un de raciste, et s’est positionnée contre le port de signes ostentatoires dans les lieux publics et auprès de fonctions publiques, telles que des juges, des policiers ou des avocats.

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