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«Propos racistes»: la démission de la conseillère Lynne Shand réclamée

Lynne Shand siègera dorénavant comme conseillère indépendante. Photo: Courtoisie

La présidente de l’association arabo-musulmane Al Arabya-Québec, Souad Bounakhla, dénonce la «grave déclaration» de la conseillère Lynne Shand, qui a semé la controverse dimanche après la mise en ligne d’une publication jugée raciste et islamophobe par plusieurs internautes.

Ses paroles reflètent selon Mme Bounakhla une «ignorance absolue». «Ça va créer encore plus de stigmatisation et de racisme; des gens comme ça ne peuvent pas représenter les citoyens», insiste-t-elle.

Les propos sont d’autant plus choquants qu’ils ont été écrits une semaine après l’attentat dans une mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande, affirme-t-elle. «Il est du devoir de chacun d’ouvrir son esprit, d’aiguiser sa curiosité et de se rapprocher de l’autre avec civisme et respect».

À l’instar de Mme Bounakhla, le Forum Musulman Canadien a condamné les propos polémiques et demandé la démission de la conseillère. Selon des statistiques publiées par la Ville de Montréal en 2011, 10% de la population d’Anjou était de confession musulmane, soit 4 400 personnes. Al-Arabya-Québec est un organisme communautaire d’aide aux immigrants arabo-musulmans et des autres communautés qui œuvre pour un rapprochement interculturel depuis 2005.

Fortes réactions à l’hôtel de ville
Le monde municipal a lui aussi fortement réagi lundi aux propos de la conseillère lundi.

«Toute personne dans la société doit faire attention à ce qu’elle dit. On a tous une responsabilité individuelle, mais quand on est élus, on représente toute la population montréalaise. Ça, ce n’est pas acceptable», a condamné la mairesse Valérie Plante avant le début du conseil municipal.

La chef de Projet Montréal a invité la conseillère Lynne Shand à «faire un examen de conscience» au plus vite. «Ses propos sont basés sur des préjugés […] et propagent de fausses idées», a-t-elle convenu. Le chef d’Équipe Anjou, Luis Miranda, doit selon elle demander des «excuses formelles» de sa conseillère. «Si un membre de mon équipe tenait de tels propos qui incitent à la haine, qui font preuve de racisme, c’est ce que je ferais», a ajouté la mairesse.

«Il faut y aller par gradation je pense», a-t-elle répondu lorsqu’appelée à se prononcer pour ou contre une démission. Mme Plante a plus tard affirmé lundi, pendant la période des questions de la séance du conseil municipal, qu’elle a l’intention de demander au conseiller à l’éthique et à la déontologie Marc Lalonde de se pencher sur les propos tenus par Lynne Shand «pour savoir jusqu’où on peut aller dans cette affaire». 

Le chef de l’opposition officielle, Lionel Perez, a pour sa part affirmé que Lynne Shand «ne comprend pas les principes de vivre-ensemble». «Juger le monde pour ses habits, c’est inexcusable», a-t-il dit, soulignant que les excuses qu’a formulées la conseillère hier sur LCN «n’ont été aucunement suffisantes». «Elle n’a même pas retiré ses propos, au contraire elle a renchéri pour étendre cette perspective sur la place publique», a noté le chef d’Ensemble Montréal.

«L’enjeu est très chaud en ce moment au Québec. Il ne faut pas faire d’amalgame. Il faut démontrer qu’on est ouverts à accueillir des personnes aux origines diverses», a-t-il ajouté, demandant au maire Miranda de «s’expliquer sur les raisons qui le poussent à vouloir garder la conseillère à l’intérieur de son parti».

«Il n’y a pas assez de leviers sur cet enjeu-là. On ne peut pas faire de plaintes à un guide de déontologie ou d’éthique. […] Pourtant, moi je pense que ce sont des propos qu’elle conserve à l’intérieur depuis un certain temps.» -Lionel Perez, en parlant de la conseillère Lynne Shand

Miranda se dissocie
Le maire d’Anjou, Luis Miranda, s’est quant à lui dissocié des propos que sa conseillère a publiés sur Facebook.

«Nous n’endossons pas du tout ce qui a été dit, a mentionné M. Miranda au Flambeau. Je pense que les paroles de Madame Shand ont devancé ses pensées.»

Luis Miranda a mentionné qu’il n’avait pas «l’autorité d’en faire plus » que de se dissocier des paroles de sa conseillère, ajoutant que «ses paroles représentent sa pensée à elle seule». Un communiqué a d’ailleurs été publié sur le site de l’arrondissement en ce sens.

«Mon directeur général est musulman, c’est moi qui l’ai choisi», a-t-il affirmé, en parlant de M. Cherif Farah.

De son côté, Souad Bounakhla ne s’émeut guère du fait que le maire Miranda se dissocie des propos islamophobes de sa conseillère puisqu’il «aura toujours dans son équipe une personne qui l’exprime fort».

Lundi midi, la conseillère a publié une lettre d’excuses sur son compte Facebook. «Je tiens à profondément m’excuser auprès de tous mes concitoyens et spécialement auprès de mes concitoyens musulmans si certain de mes propos écrits sur Facebook auraient pu blesser.» Elle soutient ne faire partie «d’aucun groupe extrémiste» et qu’elle est «contre toutes formes de religions ou de groupes intégristes qui propagent la haine.»

-Avec la collaboration de Zacharie Goudreault, Métro

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