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Libertés économiques et médiatiques vont de pair, observe l’IEDM

Photo: Archives Métro
Henri Ouellette-Vézina - Métro

La liberté des médias est-elle intimement liée à la liberté économique d’un pays? Beaucoup plus que l’on pense à travers le monde, conclut une nouvelle étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM) parue ce vendredi, en marge de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

«Plusieurs aspects de la liberté économique tendent à fournir aux journalistes des conditions qui leur permettent de s’exprimer librement. On peut penser par exemple à la liberté d’entreprendre, et donc de faire concurrence aux autres médias», estiment les auteurs Patrick Déry et Kevin Brookes, respectivement analyste en politiques publiques et chercheur à l’IEDM.

D’après eux, ce pouvoir d’initiative permet aussi «d’éviter que l’État ou certains groupes d’intérêt ne prennent le contrôle de la presse». Ils notent que l’ouverture au commerce à l’international limite également «le contrôle» qu’un groupe ou un gouvernement peut exercer sur l’opinion publique.

Les «champions» de la liberté de presse – la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et, au 13e rang, le Canada – ont tous quelque chose en commun, disent les coauteurs: «ils garantissent un degré élevé de liberté économique». Quelque 86% des pays ayant une presse considérée comme «libre» se trouveraient parmi les pays les plus forts sur le plan commercial.

« Il y a évidemment des exceptions», nuance Patrick Déry. Selon lui, «certains pays libres économiquement n’ont pas une presse libre», comme Singapour ou le Bahreïn. «Mais dans l’ensemble, une plus grande liberté économique est généralement associée à une plus grande liberté de presse », insiste-t-il.

«Des pays d’Amérique du Sud comme la Bolivie, le Venezuela, ou l’Argentine, qui se sont enlisés dans des politiques économiques interventionnistes, ont mis en péril l’indépendance de leur presse, parfois même sciemment et par des interventions directes. Pendant ce temps, certains pays d’Afrique qui ont libéralisé leurs économies ont vu la liberté de presse y progresser, petit à petit.» -Les auteurs Kevin Brookes et Patrick Déry

Dans le rapport, M. Déry ajoute que « les institutions internationales et les organisations non gouvernementales qui déploient d’immenses efforts et ressources pour garantir la liberté de presse» devraient «prendre note» de cette réalité.

Selon l’étude, ces tendances sont une occasion de voir que la situation de la liberté de la presse «est inquiétante». Elle aurait «décliné au cours de la dernière décennie» à l’échelle du globe, alors que pas moins de «54 journalistes sont morts dans l’exercice de leurs fonctions» en 2018.

Depuis 1993 – c’est l’Organisation des Nations Unies qui l’avait décrétée – la Journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée un peu partout dans le monde le 3 mai. Au Québec, le Conseil de presse se joint chaque année aux célébrations.

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