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Food trucks: des entrepreneurs dénoncent la «publicité négative» dont ils s’estiment victimes

Environ 21 food trucks opéraient à Montréal l’an dernier contre 35 en 2015, selon des données de l’Association des restaurateurs de rue du Québec (ARRQ). Photo: L'Express d'Outremont/Mont-Royal – Patrick Sicotte

Des représentants de l’industrie des camions de cuisine de rue dénoncent que plusieurs «éléments d’informations biaisés» circulent à leur endroit depuis que la Ville de Montréal a choisi en mars d’associer les food trucks à des «happenings gourmands» plutôt qu’à une présence quotidienne sur des sites fixes.

«Tout le monde est arrivé avec un message et de la publicité négative. On entendait que les camions de rue, c’était terminé, qu’on n’avait plus de sorties récurrentes, alors que c’est faux, explique à Métro la copropriétaire de Dasfoodtruck, Annie Clavette. On sort encore nos camions très régulièrement, trois fois par semaine minimum même.»

Cette «très mauvaise presse» a lourdement affecté la saison des camions de rue à Montréal, plaide celle qui est propriétaire de trois food trucks à l’année longue.

«Ça nous a fait très mal, c’est certain. Il y a encore beaucoup de citoyens qui pensent qu’on n’est plus présents dans la ville. Le message a vraiment été mal véhiculé.» -Annie Clavette, copropriétaire de Dasfoodtruck

La situation est d’autant plus déplorable, selon elle, que, quand les gens sont mis au courant de l’état actuel du marché, «ils reviennent nous voir, ils sont au rendez-vous et ça va super bien». «On existe encore, on est là. C’est ça le message», martèle l’entrepreneure.

Même son de cloche pour la chargée de projets à l’Association des restaurateurs de rue du Québec (ARRQ), Gwen Beudez, qui soutient que même si l’intention de changer de modèle était bonne, la livraison du message n’a pas été bien orchestrée.

«J’ai l’impression que la conférence de presse en mars a véhiculé une mauvaise information, dit-elle. Le terme événementiel a un peu déformé la nature de la cuisine de rue. Oui, on créé des happenings pour couvrir tout le territoire, mais notre industrie fait beaucoup plus et elle se porte bien.»

De toute évidence, dit Mme Beudez, les Montréalais ont encore et toujours envie de fréquenter les food trucks ; il faut seulement leur en donner les moyens. «C’est pour ça que justement on a changé la formule des dernières années, en multipliant les sites et les emplacements pour avoir plus de diversité», plaide-t-elle.

«Les chiffres sont toujours bons. Mon téléphone ne dérougit pas. Les demandes sont encore là, l’enthousiasme aussi. Clairement, l’information a été biaisée quelque part.» -Gwen Beudez, chargée de projets à l’ARRQ

Montréal veut «maximiser les chances de réussite»
Appelée à réagir, la porte-parole à la Ville, Audrey Gauthier, affirme que Montréal travaille depuis 2012 «à maximiser les chances de réussite de la cuisine de rue».

«La gestion par site a donné de la visibilité à l’industrie de la cuisine de rue. Mais fil du temps, [on] a constaté que les propriétaires des camions de cuisine de rue se tournaient plutôt vers des événements et des rassemblements qui génèrent plus d’achalandage», insiste-t-elle, soulignant que «l’offre quotidienne» n’est pas toujours autant performante que les «rassemblements de camions».

«Le modèle développé il y a cinq ans devait être adapté à la demande et à la réalité d’aujourd’hui. La compétence centrale de la cuisine de rue a été redonnée aux arrondissements pour leur offrir plus de flexibilité.» -Audrey Gauthier, porte-parole de la Ville

Du Square Dochester au parc éphémère Hydro-Québec en passant par le cégep du Vieux-Montréal, les camions de cuisine de rue pourront pratiquer leurs activités sur une dizaine de sites autorisés dans Ville-Marie, a annoncé la Ville mardi.

L’entrée de ville Bonaventure pourra accueillir «jusqu’à huit camions les derniers vendredis du mois». La Place du Canada, le Square Victoria, la Place d’Armes les Tam-Tams du Mont-Royal pourront eux aussi accueillir les camions de rue. Nouveauté cette année: la Place des Montréalaises, le parc de Dieppe ainsi que les rues Fullum, Ontario Est et Ottawa hébergeront aussi des food trucks.

«Sur un même territoire, ça fait beaucoup d’emplacements. On est très satisfaits. On va couvrir les sept jours de la semaine», estime à ce sujet Gwen Beudez.

Ces choix «reflètent précisément la popularité de Ville-Marie pour les exploitants de camions-cuisine», dit Audrey Gauthier, qui soutient que l’arrondissement «considère cette présence sur son territoire comme une forte contribution à l’expérience urbaine».

La liste des lieux autorisés est effectivement «stratégique», reconnaît l’ARRP, qui souligne avoir ciblé ces sites de vente «en fonction de leur positionnement». «On s’est basés sur le nombre de bureaux aux alentours et les expériences du passé sur chaque site», avance Gwen Beudez.

Ailleurs sur l’île, des camions de rue seront aussi présents dans Rosemont–La-Petite-Patrie, Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et Montréal-Est.

Selon les données de la Ville, six arrondissements avaient réservé des sites à la cuisine de rue en 2017, en comparaison avec trois l’an dernier. Entre 2015 et 2018, le nombre de food trucks à Montréal serait passé de 35 à 21.

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