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Une nouvelle combinaison «crochet-uppercut» pour éliminer les cellules cancéreuses de l’ovaire

Les chercheurs Francis Rodier et Anne-Marie Mes-Masson ont développé une stratégie crochet-uppercut pour attaquer le cancer de l'ovaire. Photo: La Presse canadienne

Une combinaison thérapeutique en deux étapes mise au point par des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) pourrait éventuellement permettre d’éliminer les cellules cancéreuses de l’ovaire.

«La chimiothérapie fonctionne souvent très bien, mais une bonne partie des patientes vont rechuter, explique à Métro Francis Rodier, chercheur au CRCHUM. C’est un cancer très dangereux, les femmes en meurent rapidement. On a voulu investiguer ce qui se passait avec les cellules endommagées par la chimiothérapie.»

Dans une étude publiée mardi matin par la revue Nature Communications, l’équipe de chercheurs, menée par M. Rodier et sa collègue Anne-Marie Mes-Masson, rapporte qu’elle a été en mesure de mettre au point, après trois ans de travail, la technique «crochet-uppercut», puisqu’elle comprend deux volets.

Dans un premier temps, le «crochet thérapeutique» consiste à forcer les cellules cancéreuses à entrer dans une phase appelée la sénescence cellulaire, ce qui les fait «vieillir prématurément».

«Au niveau de la tumeur, ça a un impact bénéfique, car les cellules vont arrêter de proliférer et le corps peut reprendre le dessus», illustre M. Rodier.

Ensuite, quelques jours plus tard, le «traitement uppercut» est lancé par sénolyse pour causer la mort et donc l’élimination des cellules cancéreuses.

«On se retrouve avec une thérapie combinée avec deux drogues. Les drogues ne sont pas nouvelles, c’est la combinaison qui l’est», précise le chercheur.

Hypothétiquement, M. Rodier explique que cette technique, ajoutée en second lieu, pourrait augmenter l’efficacité de la chimiothérapie.

«On pourrait, par exemple, introduire la technique crochet-uppercut dans les cycles de chimiothérapie traditionnels, pour éliminer au fur et à mesure les cellules, pour s’en débarrasser simultanément», développe-t-il.

L’étude a été faite à partir de cellules tirées de la biobanque d’échantillons «très matures» de patientes du CHUM atteintes de cancer de l’ovaire, ainsi qu’avec des modèles précliniques des cancers ovariens.

Or, dans ces modèles précliniques, le système immunitaire est absent, ce qui fait en sorte que d’autres développements devront être faits pour avoir un contexte «plus proche de la réalité biologique».

Même s’il est encore trop tôt pour dire encore si cette nouvelle technique pourra être l’objet d’essais cliniques, M. Rodier se fait optimiste.

«On a remarqué que les drogues s’attaquent aussi aux cellules dites normales, ce qui, en théorie, devrait diminuer aussi les effets secondaires. Ça risque d’être très bénéfique pour la qualité de vie des patientes», mentionne-t-il.

Selon la Société canadienne du cancer, 2800 Canadiennes ont reçu un diagnostic de cancer de l’ovaire en 2017. De ce nombre, 1800 en sont décédées. En Amérique du Nord, il représente la 5e cause de décès.

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