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Montréal exerce son droit de préemption dans Bridge-Bonaventure pour s’assurer d’un «développement mixte»

Le secteur Bridge-Bonaventure
Le secteur Bridge-Bonaventure est appelé à subir des transformations majeures au cours des prochaines années. Photo: Archives | Métro

Montréal exerce son droit de préemption sur quatre nouveaux immeubles dans le secteur Bridge Bonaventure, dont la mise en valeur fait actuellement l’objet d’une consultation publique. Cela signifie que la Ville pourra égaler toute offre d’achat sur ces terrains et les acquérir pour le même prix qu’un investisseur privé.

«Il y a beaucoup d’intérêt sur ces terrains névralgiques pour de très bonnes raisons, parce que c’est près du centre-ville, près du fleuve et que c’est dans un quartier en pleine ébullition», a souligné la mairesse Valérie Plante lors d’une séance du comité exécutif, en matinée.

Le secteur est très convoité par l’investisseur Stephen Bronfman et le promoteur Devimco. Le Groupe de Montréal y projette la construction d’un nouveau stade de baseball en vue du retour des Expos. Si l’administration Plante se dit «très heureuse de cet engouement pour ces terrains», elle souhaite d’abord «y faire valoir les intérêts des Montréalais». «Moi, j’entends même d’autres projets à travers les branches, a confié la mairesse en mêlée de presse. C’est très important pour nous d’avoir notre mot à dire.»

La chef de Projet Montréal ne s’en cache pas: l’objectif est de «reproduire le même bon coup» que la semaine dernière, quand la Ville a annoncé «une entente historique» avec le consortium de promoteurs qui a acquis le site de la brasserie Molson-Coors, afin d’y aménager des espaces verts, des logements sociaux et une école d’ici 2035. Un projet qui «doit faire école» pour tous les futurs développements dans la métropole, d’après l’élue.

«On veut réfléchir à tout un quartier qui se développe, le penser en amont en ayant des bons échanges fructueux avec les promoteurs pour trouver le meilleur projet […]. Il y a un souhait dans Pointe-Saint-Charles d’en faire un pôle de développement économique.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Mme Plante estime que la population «se réjouit» de cette nouvelle façon de faire en matière d’acquisition de terrains. «On se donne les moyens d’être ambitieux, de penser une ville à échelle humaine en amont. Cet outil juridique nous permet de faire valoir nos intérêts pour un développement urbain mixte, en mettant autant l’emphase sur le volet résidentiel qu’économique et même du divertissement», a avancé Valérie Plante.

En marge de la consultation de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) sur le secteur Bridge-Bonaventure, dont un séance d’information doit se tenir le 15 juin, la Ville souhaite «assurer l’accès public aux rives du bassin Peel» et affirme que pour y arriver, la désignation d’immeubles au droit de préemption «est requise».

«Aujourd’hui, on ne fait que placer d’autres droits de préemption, a précisé à Métro la porte-parole du cabinet de la mairesse, Laurence Houde-Roy. Ça a déjà été fait un peu partout dans nos secteurs prioritaires de développement.» Elle assure que la Ville n’a pas eu à utiliser son privilège d’achat pour le moment, même si dans le cas de Molson, «cela avait fait l’objet de négociations», reconnait-elle.

«100% des logements sociaux»
Jointe par Métro, la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, dit voir «d’un bon œil» le fait que la Ville «utilise son pouvoir de préemption» dans un secteur-clé de développement.

La responsable communautaire amène toutefois son lot de préoccupations.

«On est derrière la Ville, en autant que les terrains et les bâtiments ainsi acquis soient utilisés pour des projets d’utilité collective et que les logements qui y sont développés soient 100% des logements sociaux.» -Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

Mme Laflamme déplore que dans le cas de Molson-Coors, on ignore encore «dans quelle proportion» la Ville construira des logements sociaux sur les terrains qu’elle a acquis. «Sur les terrains publics qui appartiennent à des municipalités, on ne devrait toujours viser que des logements abordables», tranche-t-elle.

«Ce n’est pas la même logique d’inclusion qui s’applique aux projets privés», a aussi fait remarquer la porte-parole.

En novembre, le conseil municipal adoptait un projet de règlement lui permettant d’exercer son droit de préemption dans plusieurs secteurs, dont le Havre (dans Bridge-Bonaventure), mais aussi Lachine-Est, Rosemont, Assomption–Longue-Pointe, Anjou–Langelier, le Plateau-Est, le Quartier latin ou encore la portion nord de l’Île-des-Sœurs. Peu après, trois premiers immeubles avaient été assujettis au droit de préemption, dont un grand terrain à proximité du bassin Peel détenu par la Société immobilière du Canada.

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