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Vivement critiqué, le nom du «Festival du Solstice d’été» est abandonné dans le Sud-Ouest

Le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais Photo: Archives Métro

Après s’être confronté à une opposition grandissante dans l’espace public, incluant politiciens, citoyens et personnalités publiques, l’arrondissement du Sud-Ouest a reculé jeudi sur sa décision de renommer la Fête nationale de la Saint-Jean en «Festival du Solstice d’été».

«J’ai discuté avec les organisateurs […] et nous avons convenu de revenir au nom original de l’événement utilisé dans le passé : la Saint-Jean dans le Sud-Ouest», a expliqué le maire de l’arrondissement, Benoit Dorais.

Plus tôt, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait dit «exiger» des organisateurs du Solstice d’été qu’ils «refassent» leurs affiches pour mieux mettre en valeur la Fête nationale de la Saint-Jean.

«S’il y a un moment pour s’afficher, s’affirmer et non s’effacer, c’est celui-là. C’est le moment où peu importe qui on est, on est fiers d’être Québécois», a lancé la chef de Projet Montréal jeudi.

«Ça n’a pas été fait de mauvaise foi. Il n’y avait pas d’intention de froisser personne, mais disons que ça a été maladroit, a-t-elle ajouté. La Saint-Jean, c’est la fête de tous les Québécois, peu importe qui on est, d’où on vient, la langue qu’on parle, la couleur de notre peau ou ce qu’on porte. Il ne faut pas non plus commencer à vouloir créer des clivages avec cette publicité.»

La promotion de l’événement organisé par le Mouvement national des Québécois ne faisait jamais mention de la Saint-Jean, quoique le communiqué initial assurait que celle-ci sera «au cœur des célébrations» et «plus importante que jamais» avec des discours patriotiques au menu.

«Nous allons célébrer avec fierté la Fête nationale. Nous avons décidé d’étendre les festivités et de créer un festival plus large cet été. Ça ne remplace pas la Fête nationale. Au contraire, elle sera mise de l’avant pendant les activités.» -Benoît Dorais, maire du Sud-Ouest, avant de se rétracter

Dans un communiqué, l’élu ajoute que «nous voyons maintenant plus grand avec le Festival qui souligne la richesse de nos racines dans un cadre inclusif et rassembleur».

Si elle refuse de «s’immiscer dans les opérations de chaque arrondissement», la mairesse Plante a estimé que sa sortie publique «lancera toutefois un message très clair» pour tous ses collègues en matière de promotion événementielle.

Indignation et frustration
La décision a eu l’effet d’une bombe jeudi dans le monde politique. «C’est honteux de la part de l’administration Plante d’essayer d’éliminer notre fête nationale. C’est de la rectitude politique poussée à l’extrême», a indiqué à Métro le chef de l’opposition, Lionel Perez.

Le leader d’Ensemble Montréal estime que «M. Dorais et Mme Plante doivent tous deux s’excuser auprès de tous les Montréalais sur ce scandale qui n’aurait jamais du avoir lieu».

«C’est la continuation de plusieurs gestes qui montrent que l’administration ne veut pas mettre le français en avant-plan. Quand la mairesse a donné son discours exclusivement en anglais, quand elle a tardé à condamner les propos du maire d’Hampstead, ou encore le long délai que ça a pris avant de faire respecter la Loi sur le drapeau. Ça fait partie d’un tout, ce n’est pas un cas isolé.» -Lionel Perez, chef de l’opposition

Plusieurs internautes ont aussi condamné «cette honte» pour la métropole et pour tout le Québec. «Ça me dégoûte que Montréal cache et enterre les Québécois et leur Fête nationale», a notamment écrit l’un d’eux.

Vedette de la programmation musicale aux côtés de Radio Radio, le rappeur Biz – qui s’est fait connaître avec le groupe Loco Locass – a lui aussi condamné cette situation. «Je découvre en même temps que vous ce Solstice. En ce qui me concerne, il est clair qu’on va célébrer la St-Jean, fête nationale de tous les Québécois», a-t-il indiqué, ajoutant que la fierté québécoise sera «brandie bien haut».

Même son de cloche pour la députée indépendante dans Marie-Victorin, Catherine Fournier, qui a déploré une position «scandaleuse» où on envoie «le message implicite d’une Fête nationale qui ne serait pas assez inclusive et rassembleuse, alors qu’elle est précisément la fête de tous les Québécois». «En invitant les concitoyens de toutes origines à joindre un événement autre que celui de la Fête nationale, on insinue qu’ils ne devraient pas se sentir les bienvenus à participer aux festivités habituelles. Quel mauvais message à envoyer», a-t-elle estimé.

Depuis la colline parlementaire, à Québec, la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a quant à elle parlé «d’une erreur» des organisateurs. «Ils doivent revoir le positionnement, parce que l’argent a été donné par les Québécois pour fêter la fête nationale», a-t-elle insisté.

Le premier ministre François Legault a lui aussi qualifié la décision «d’une erreur de jugement». «C’est notre fête nationale! On est fiers d’être Québécois. On est fiers de notre nation. Disons-le haut et fort», a-t-il clamé.

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