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Montréal, meilleure «amie des monarques» au Canada

Montréal est devenue jeudi la première ville canadienne à obtenir la certification OR du programme «Ville amie des monarques». Depuis 1992, la métropole est effectivement très «proactive» pour la conservation de cette espèce fragilisée et a adopté depuis deux ans quelque 24 mesures pour «aller encore plus loin».

«Déjà en 2017, on se qualifiait pour cette homologation. On a toujours été très reconnus, mais cette reconnaissance, c’est définitivement une motivation pour faire encore plus et surtout exiger que d’autres municipalités s’engagent», explique à Métro l’agente des programmes éducatifs à l’Insectarium de Montréal, Sonya Charest.

Parmi la vingtaine d’actions qu’a prises l’administration municipale en deux ans, l’implantation de jardins pour monarques à l’Insectarium est majeure, dit la porte-parole. «On a aussi vu naître des petits jardins pour la reproduction un peu partout ici et là, dans plusieurs endroits et parc de Montréal, avec des panneaux d’interprétation», insiste-t-elle.

La responsable d’Espace pour la vie au comité exécutif, Laurence Lavigne Lalonde, abonde dans le même sens. «[On] est conscients de l’urgence d’agir pour préserver ce papillon emblématique», soutient-elle, estimant que les Montréalais «ont maintenant la possibilité d’agir pour que le monarque puisse prospérer à nouveau au Québec et sur tout le continent».

Des politiques propres à la Ville en matière de pesticides ont aussi été modifiées pour s’adapter aux conditions de vie du monarque et d’autres espèces. «Le but était toujours de s’assurer qu’on utilisait le moins possible de produits nocifs, et qu’en même temps, on privilégiait des plantes des plantes favorisant l’augmentation des populations de monarque, comme l’asclépiade», souligne Mme Charest.

En plus de ces «engagements concrets», Montréal a aussi signé juin 2017, sous le règne de l’administration Coderre, une Déclaration pour la sauvegarde des monarques en plus de lancer le programme Mission Monarque, visant à documenter la reproduction de cette espèce à l’année longue.

Une espèce unique en danger
Si le quotidien du monarque est exceptionnel pour plusieurs – ces papillons migrateurs voyagent en moyenne 4000km chaque année en provenance ou en direction du Mexique – leur survie est en jeu depuis plusieurs années déjà. Dans les 20 dernières années, on estime que leur population a diminué de 85% à 90%.

«Dans les bonnes années, on était capable d’en voir sur 20 hectares de couverture. En 2012, on a eu moins d’un hectare. C’est vraiment dramatique, on était sur le bord de la disparition.» -Sonya Charest, agente des programmes éducatifs à l’Insectarium de Montréal

D’après le directeur d’Espace pour la vie, Charles-Mathieu Brunelle, chacun peut cependant jouer un rôle important pour «renverser cette tendance». «Les citoyens sont aussi invités à collaborer. On leur offre d’ailleurs plusieurs programmes auxquels ils peuvent facilement participer pour contribuer à la sauvegarde du monarque», argue-t-il.

Chose certaine: le monarque a une capacité impressionnante de rebondir de par la facilité qu’il a à se reproduire. «Avec des conditions environnementales plus adéquates, cette année, on vient de remonter à 6 hectares. Si on est capables d’établir cette moyenne sur le long terme, on aurait une population stable. On est vraiment pleins d’espoir», ajoute l’employée de l’Insectarium.

La certification OR permettra à Montréal, selon elle, d’augmenter le seuil d’acceptabilité sociale des prochaines mesures devant être mises en place. «Passer des gazons déserts de biodiversité à des jardins d’oasis pour les monarques dans les espaces publics, c’est la prochaine étape. Pour ça, il y a un changement de mentalités à opérer. Et cette homologation va nous aider à le faire», considère Sonya Charest.

La Fondation David Suzuki, qui est aussi impliquée dans le projet de conservation, invite à son tour les autres municipalités québécoises à imiter Montréal. «Quand il est question de faire des gestes concrets et efficaces, les municipalités sont définitivement sur la ligne de front», persiste la responsable de l’engagement citoyen, Julie Roy.

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