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Des organismes communautaires dénoncent la «violente» gentrification dans Hochelaga

Des résidants du quartier sont réunis devant l'immeuble d'OSHA Condos Photo: Josie Desmarais/Métro

Des organismes se sont unis jeudi pour dénoncer les conséquences importantes de la gentrification dans Hochelaga-Maisonneuve – une réalité bien ancrée dans le quartier  –revendiquant au passage des mesures concrètes pour y remédier.

«Les conséquences de la gentrification sur le quartier sont dramatiques et violentes, a exprimé l’une des organisatrices à l’organisme Interaction Famille, Milène Chenot. Il y a énormément moins de logements locatifs, et, ceux qui restent sont vraiment chers.»

À l’approche de la date butoir du 1er juillet et en pleine pénurie de logements, la situation se fait d’autant plus sentir. Mme Chenot souligne qu’après avoir effectué une recherche rapide sur le site  Kijiji pour un 3 1/2, les résultats sont «assez parlants».

«Il y en avait trois en bas de 800$, et 14 qui étaient en haut de 1000$», a-t-elle fait savoir.

La responsable des dossiers montréalais au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Céline Magontier, soutient que Montréal a assisté à une année record de construction et développement de logements locatifs l’année dernière, mais que ceux-ci ne sont pas abordables.

«En plus de participer à la gentrification, ces développements sont inaccessibles aux ménages les plus précaires», a-t-elle illustré.

Les femmes principalement touchées
Selon la travailleuse à l’organisme La Marie Debout, Marilène Berthiaume, les femmes sont souvent les plus touchées, car les oppressions dont elles sont victimes sont «amplifiées» par la gentrification.

«Elles se font harceler ou vivent de la violence, mais n’ont aucun moyen de déménager et vivre dans un milieu sécuritaire, parce que c’est tellement cher», a-t-elle déploré.

Du même avis, la directrice générale de l’organisme Stella l’amie de Maimie, Sandra Wesley, dénonce l’ampleur «catastrophique» des conséquences de la gentrification sur les travailleuses du sexe, notamment en ce qui a trait à l’augmentation de l’incarcération. Elle estime que la construction de condos là où les travailleuses du sexe travaillent entraîne une présence policière encore plus accrue.

«On voit nos femmes de notre communauté à Hochelaga-Maisonneuve se retrouver de plus en plus en prison, plus souvent et plus longtemps. Et ça va empirer», s’est-elle attristée.

Selon les différents représentants de ces organismes, la façon la plus efficace de contrer la gentrification est que les paliers de gouvernement fédéraux et provinciaux favorisent autant que possible des projets de logements sociaux et abordables.

«C’est la seule formule qui va permettre de répondre réellement aux besoins», a martelé Céline Magontier.

Les groupes réclament aussi que l’arrondissement Mercier—Hochelaga-Maisonneuve mette en place un moratoire sur la construction de condos et que la Ville de Montréal réserve le Terrain Lantic pour en faire des projets «100% logements sociaux».

OSHA Condos
Une manifestation citoyenne se déroulait à quelques pas de la conférence de presse, directement devant les bureaux d’OSHA Condos, au coin des rues Sainte-Catherine et Nicolet.

Le projet immobilier, qui comptera 200 unités de condo de luxe, était sur toutes les lèvres, alors que plusieurs résidents s’inquiètent que celui-ci menace de transformer le quartier.

Présent pour l’occasion, un citoyen du quartier, Alfred Pagé, a lui aussi qualifié de «violente» la construction de ce projet entre deux habitations à loyer modéré (HLM).

«Ces gens ne comprennent pas qu’ils sont un des acteurs majeurs sur l’exode des citoyens de notre quartier. C’est étouffant pour les citoyens. On veut garder notre quartier pour nous», a-t-il avoué.

Le directeur de l’organisme Dopamine, Martin Pagé, dénonce pour sa part que les besoins réels des gens de la communauté ne soient pas pris en compte.

«Si on le faisait, les besoins ne seraient pas de bâtir des condos dans la communauté, mais plutôt se tourner vers des logements abordables et plus accessibles pour ceux qui vivent ici depuis de nombreuses années», a-t-il mentionné.

Une lettre collective dénonçant la gentrification et revendiquant des mesures contre celle-ci a été signée par quelque 17 organismes communautaires du quartier.

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