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Un projet de navette autonome sur rue à Montréal pourrait faire des petits

Des navettes automatisées circuleront du marché Maisonneuve au Parc olympique. Ce projet pilote est d'une durée de 6 semaines. Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors qu’une navette autonome circule depuis quelques jours dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve dans le cadre d’un projet pilote de six semaines, la Ville de Montréal ne ferme pas la porte à la possibilité de répéter cette expérience dans d’autres arrondissements dans les prochaines années.

Depuis vendredi dernier et jusqu’au mois d’août, les citoyens peuvent monter à bord d’une navette autonome d’une capacité de 12 personnes qui réalise, de 10h00 à 18h00, un circuit de 1,3 kilomètre du Parc olympique jusqu’au Marché Maisonneuve en empruntant les avenues Pierre-De Coubertin et Letourneux, très achalandées aux heures de pointe.

En tout, la Ville a reçu un appui financier de 5M$ sur 5 ans de la part du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation pour réaliser des projets pilotes en ce sens. Selon les informations obtenues par Métro, la facture de l’initiative en cours, réalisée avec une navette de la compagnie Transdev, est évaluée à 500 000$.

«On veut que les navettes autonomes servent à un mode complémentaire de transport collectif. C’est l’orientation qu’a prise la Ville et c’est là-dessus que se basent nos projets pilotes», a évoqué jeudi en conférence de presse le responsable de la mobilité au sein du comité exécutif, Éric Alan Caldwell, notant que d’autres tests similaires pourraient avoir lieu dans les prochaines années dans la métropole.

La navette automatisée, à l’instar d’un mode de transport en commun, effectue sept arrêts pendant le circuit pour permettre à ses passagers de débarquer à des lieux spécifiques. Elle est également munie d’une rampe pour les personnes à mobilité réduite et d’un système de climatisation, qui a été très apprécié par ses passagers jeudi après-midi alors que le mercure frôlait les 30 degrés Celsius.

«Plus il y a de projets pilotes et plus on en apprendra sur cette technologie et sur les besoins auxquels elle peut répondre», a commenté la directrice de l’organisme Trajectoire Québec, Sarah Doyon, qui estime que de telles navettes pourraient éventuellement servir à faciliter l’accès au réseau de transport en commun dans certains secteurs, notamment dans les «quartiers industriels».

Il s’agit du premier essai d’une navette autonome électrique sur rue à Montréal, le précédent projet pilote ayant été réalisé à circuit fermé l’an dernier sur le site du Parc olympique. Un projet pilote similaire a d’ailleurs eu lieu à Candiac la même année.

Défis techniques
Réussir à faire circuler des navettes autonomes dans des rues résidentielles et les faire traverser de façon sécuritaire des intersections achalandées à Montréal pose certains défis techniques. Des antennes envoyant un signal radio à la navette automatisée ont notamment dû être installées sur les feux de circulation que rencontre le véhicule dans son parcours afin que celui-ci puisse savoir à quel moment traverser ou non une intersection, l’engin ne pouvant distinguer autrement un feu rouge d’un feu vert.

Des panneaux de signalisation ont par ailleurs été installés à différents endroits sur le parcours pour signaler aux automobilistes la présence d’une navette autonome qui pourrait les obliger à être patients, la limite de vitesse de cet engin automatique étant fixée à 15 km/heure.

«C’est un des éléments qu’on veut tester, la cohabitation de la navette avec le trafic», a évoqué le responsable de la mobilité au comité exécutif, Éric Alan Caldwell, tout en assurant que ce projet pilote est «très sécuritaire». 

Un opérateur de Transdev est également présent à bord en tout temps pour réagir dans des situations que la navette ne peut prévoir, comme la traversée d’un piéton à un feu rouge ou la présence d’un camion de déménagement immobilisée en double dans la voie. La présence d’un opérateur dans ces engins fait d’ailleurs partie des obligations législatives de Québec entourant de tels projets pilotes.

«À moins d’être très chanceux et d’avoir une route parfaite, notre présence est vraiment nécessaire», a déclaré Olivier Meunier, opérateur de la navette, rencontré dans celle-ci en route vers le Parc olympique jeudi après-midi.

Projet de recherche
Ce projet pilote permettra d’ailleurs à l’Institut national de recherche scientifique (INRS) de compléter d’ici décembre un projet de recherche sur les navettes autonomes et la perception des citoyens par rapport à celles-ci. Des citoyens rencontrés sur place par des étudiants de l’établissement universitaire et de Polytechnique Montréal seront ainsi appelés à répondre à des questionnaires pour évaluer leurs appréhensions par rapport à cette nouvelle technologie.

Le projet de recherche permettra également de compiler, par le biais de bandes vidéo,  des «données de sécurité routière» en lien avec la présence de cette navette sur le réseau routier montréalais, a indiqué la professeure Marie-Soleil Cloutier, de l’INRS, qui note toutefois que les risques d’incidents sont très minimes.

«Les gens pensent que les humains sont plus fiables que les ordinateurs, mais un ordinateur va toujours être mieux qu’un humain selon moi.» -Marie-Soleil Cloutier, professeure à l’INRS.

 

 

 

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