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Tramway dans Lachine: l’histoire se répète?

Photo du tramway électrique de Montréal en 1894. Photo: Courtoisie - Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Zacharie Goudreault - Métro

Soixante ans après avoir disparu pour donner la priorité à l’automobile et aux autobus, le tramway pourrait faire son retour à Montréal pour relier Lachine et le centre-ville. Après de multiples études et projets mis de côté au fil des années, cette fois-ci sera-t-elle la bonne?

«On peut être sceptique. On n’a pas de chèque. On n’a pas de pépines sur place. Mais le projet a de bonnes chances de se réaliser», estime le chargé de cours Pierre Barrieau, qui enseigne la planification du transport dans plusieurs universités québécoises.

Contacté par le Métro à la suite de l’annonce de la Ville et du gouvernement du Québec, l’urbaniste et ancien chef de Projet Montréal Richard Bergeron se montre persuadé que cette fois-ci serait la bonne pour le retour du tramway.

«Vous parlez à un gars qui a attendu 25 ou 30 ans que quelque chose se passe, et là, ça se passe», lance-t-il au bout du fil.

«Les gens appelaient ça les petits chars à l’époque. Maintenant, les tramways sont complètement différents. Ils sont beaucoup plus grands, ils ont des planchers bas et de l’air climatisé. Donc, ce n’est pas un retour en-arrière, c’est un bond gigantesque en avant.» -Réjean Benoit, analyste en transport 

Deux trains et un tramway
Au début du 20e siècle, deux lignes de train de banlieue traversaient Lachine, soit l’actuelle ligne Vaudreuil-Hudson d’exo ainsi qu’une autre reliant Dorval au centre-ville de la métropole. Cette dernière a toutefois disparu en 1960 dans la foulée de l’âge d’or des automobiles et des autobus qui a suivi la Seconde Guerre mondiale.

«Ce train-là a disparu parce qu’il bloquait les voitures sur les passages à niveau dans la partie est de l’arrondissement de Lachine […] Donc, on l’a retiré», souligne M. Barrieau, qui a étudié de long en large l’évolution du transport en commun dans la métropole. 

La ligne de tramway qui se rend jusqu’à Lachine dès 1897 disparaît par ailleurs en 1958 dans la foulée du démantèlement de l’ensemble du réseau de lignes de tramway de la métropole. Celui-ci, à son apogée au début des années 1900, totalise 354 kilomètres de voies desservies par 1250 véhicules.

«On est donc passé à deux trains de banlieue et un tramway à seulement un train de banlieue», note M. Barrieau.

Fait intéressant, avant même que le réseau du métro soit inauguré en 1966, le maire Jean Drapeau envisage de prolonger la ligne bleue du métro vers l’ouest à partir de la station Snowdon pour combler le manque d’offre de transport en commun à Lachine. Le projet est ensuite «relégué aux oubliettes», raconte M. Barrieau.

Collections de Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Des études
Après être tombé dans l’oubli pendant quelques décennies, le tramway revient au goût du jour au début des années 2000. Ce mode de transport, en constante évolution technologique, fait alors l’objet de plusieurs études successives et d’engagements électoraux. En 2008, le plan de transport de la Ville de Montréal met d’ailleurs de l’avant quatre projets de lignes de tramway, dont une qui aurait circulé sur le boulevard René-Lévesque et une autre sur le chemin de la Côte-des-Neiges.

La même année, Richard Bergeron, alors chef du parti d’opposition Projet Montréal, promet de réaliser un réseau de lignes de tramway d’au moins 25 kilomètres en site propre pour desservir notamment l’avenue du Mont-Royal et la rue Notre-Dame Est. Un projet que son auteur évalue alors à 1 G$.

«Regardez le pont Champlain, qui s’est fait en quatre ans. C’est beaucoup plus simple de faire un tramway. N’importe quel niaiseux est capable de faire ça.» -Richard Bergeron, urbaniste et ancien chef de Projet Montréal 

Relier l’Est et l’Ouest en transport en commun
Afin de dénouer l’impasse du financement du réseau de transport structurant de la ville de Québec, l’administration de Valérie Plante a accepté la semaine dernière de se départir d’une somme de 800 M$ du fonds fédéral pour les projets de transport en commun qui lui revenait. En échange, Québec promet des investissements de la même hauteur pour des projets de la Société de transport de Montréal (STM), en plus d’une promesse de financement pour le tramway de Lachine.

Ce tramway serait relié à celui qui doit desservir l’est de l’île suivant la rue Notre-Dame. La forme du projet vers Rivière-des-Prairies pourrait toutefois changer à la faveur d’une extension du Réseau express métropolitain, tout dépendant du résultat des études commandées récemment auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Cet axe pourrait alors représenter une alternative à la ligne orange pour plusieurs Montréalais, contribuant ainsi à désengorger celle-ci, analyse M. Barrieau.

«Une partie de ceux qui prennent la ligne verte et la ligne bleue n’auront alors plus besoin de prendre la ligne orange. Ça vient ajouter de la capacité là où on en a besoin», note l’expert.

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