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Tennis Canada sommé d’abandonner son projet de toit rétractable au parc Jarry

Le stade IGA au parc Jarry, où l'idée d'un toit rétractable est projetée. Photo: Josie Desmarais/Métro

Un groupe citoyen fait entendre son opposition au projet de construction d’un toit ouvrant sur le court central du stade IGA, évalué à 70 M$ par Tennis Canada. Si ce dernier estime que l’investissement améliorera les «retombées pour la ville et la province», des résidents s’inquiètent des effets néfastes du chantier, dont la dégradation du parc, le surachalandage de transit et l’augmentation de nuisances sonores.

«Le parc Jarry, c’est le cœur et le poumon de notre quartier qui est densément peuplé avec beaucoup de locataires et des gens en condos qui n’ont accès à aucune cour, explique à Métro le président de la Coalition des amis du parc Jarry (CAPJ), Michel Lafleur. Si on se met à y recevoir des événements, on vient carrément voler sa nature. C’est incompatible.»

Son organisme a amassé près d’un millier de signatures sur une pétition en ligne déposée en juin. S’en prenant à la volonté annoncée de Tennis Canada de «multiplier et diversifier les activités dans un amphithéâtre rendu unique», le groupe déplore qu’une augmentation des événements non-tennistiques contribuerait à privatiser un espace public qui est l’un des rares îlots de fraîcheur dans les environs.

«Ça amène une foule de transit important, une circulation qui n’a pas d’allure et en plus, le toit va être plus haut et venir obstruer les dernières vues qu’on a sur le mont Royal.» -Michel Lafleur, président de la CAPJ

La CAPJ se dit «excessivement déçue» de l’attitude de Projet Montréal dans ce dossier. En 2010, alors que le parti agissait comme opposition, il s’était dit «fortement interpellé par ce projet, qui crée un précédent en permettant de nouvelles hauteurs de construction qui n’ont pas leur place dans un grand parc urbain», dans un mémoire déposé devant l’OCPM. La formation politique aujourd’hui dirigée par Valérie Plante plaidait pour un «cadre réglementaire restrictif».

«Maintenant qu’ils sont au pouvoir, ils font même pire avec la construction du deuxième étage du stade Uniprix qui a changé le panorama du parc, observe le président de la coalition. On est très déçus de leur changement de vision. C’est une trahison.»

Appelée à réagir, la porte-parole au cabinet de la mairesse et du comité exécutif, Laurence Houde-Roy, a indiqué que la Ville «travaille de concert avec Tennis Canada et les groupes locaux dans ce dossier». Des rencontres avec des citoyens et des discussions ont déjà eu lieu avec l’administration municipale.

Une résidente de l’arrondissement souhaitant conserver l’anonymat abonde dans le même sens que la CAPJ. «Ça irait à l’encontre de tout respect de la population voisine déjà victime d’iniquité environnementale», explique-t-elle à Métro. Le projet ferait de notre parc Jarry un nouveau parc Jean Drapeau.»

Le risque est grand, dit-elle, de «doter Montréal d’un nouvel éléphant blanc» si on se fie à la baisse des joueurs de tennis occasionnels observable partout au pays, de 5,3 millions en 2014 à 4,5 millions l’an dernier. La coalition argue aussi que le projet de toit rétractable irait «à l’encontre» des résultats du sondage Mon parc de rêve, initié par l’administration Plante en 2018. Près de 3700 répondants avaient alors tranché pour un parc Jarry «dédié au contact avec la nature».

Il faut innover, dit Tennis Canada
Les discussions entourant la construction d’un toit rétractable au stade du parc Jarry durent depuis quelques années. Le 18 janvier dernier, Tennis Canada a renouvelé en ce sens un avis au Registre des lobbyistes datant de 2016.

«Bien que le projet touche un événement professionnel, sa raison d’être est essentiellement la promotion du sport auprès des jeunes», écrit l’organisation sportive, ajoutant que l’amphithéâtre bonifié donnerait à Montréal «une image de ville innovante».

La seule et unique «raison d’être» des tournois de la Coupe Rogers à Montréal et à Toronto «est de financer ces activités de développement du sport amateur et de la relève à l’année longue», défend Tennis Canada. L’organisme estime que «la pression est constante pour maintenir ces deux événements au sommet de la hiérarchie internationale face à l’essor du tennis dans le monde», d’où la nécessité d’innover au niveau des infrastructures.

En 2010, l’OCPM avait aussi recommandé de «garantir clairement le statut public du parc [Jarry]» pour maintenir l’équilibre entre «aires paysagères et zones de jeux». «Tennis Canada doit se montrer sensible à la valeur accordée par les citoyens utilisateurs du parc Jarry à leur relation avec le mont Royal», écrivait à l’époque Louise Roy, ancienne présidente de l’OCPM.

Une rencontre entre les citoyens et Tennis Canada a eu lieu en avril.

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